• EVANGILE DE PHILIPPE  suite


    (68) Les oeuvres de l'homme viennent de sa force naturelle (dynamis). Ce sont ses forces. Ses enfants sont ses œuvres ; ils proviennent d'un moment de repos. Sa force est dans ses œuvres tandis que ce moment de repos se manifeste dans ses enfants. Vous verrez que ceci s'applique à une image. Voici l'homme d'après l'image: il fait ses œuvres grâce à sa force, mais c'est dans un moment de repos qu'il engendre ses enfants.

    (69a) En ce monde, les esclaves travaillent (upèretein) pour les hommes libres ; dans le Royaume des cieux les hommes libres servent (diakonein) les esclaves; les fils de la chambre nuptiale servent les fils du mariage (terrestre, gamos).

    (69b)Les fils de la chambre nuptiale n'ont qu'un seul et même nom. Ensemble ils partagent le repos (anapausis)... Ils n'ont pas besoin d’avoir une forme, ils ont l’avantage de la contemplation intérieure, la vue intérieure...

    (70) Ils sont descendus dans l'eau et le Christ les a purifiés et rendus parfaits par son nom. Car il a dit : Il nous convient d'accomplir toute justice.

    (70b) Ceux qui disent qu’ils vont d'abord mourir et ensuite ressusciter se trompent. S’ils n'obtiennent pas d'abord la résurrection pendant la vie, ils n’obtiendront rien une fois morts. Ils parlent du baptême de la même façon disant: le baptême est une grande chose, ceux qui le reçoivent vivront.

    (71) L’apôtre Philippe racontait que Joseph le charpentier planta un jardin parce qu’il avait besoin de bois pour son métier. C’est lui qui fit la croix avec les arbres qu’il avait plantés, et le fruit de sa semence fut pendu à ce qu’il avait planté. Le fruit de sa semence était Jésus et la plante fut la croix. Mais l’arbre de vie est au milieu du jardin et c’est l’olivier, d’o˜ vient l’huile et de l’huile, la résurrection.

    (72) Le monde est un mangeur de cadavres, tout ce qui y est mangé meurt aussi. La vérité se nourrit de vie, aussi personne de ceux qui se nourrissent de la vérité ne mourra. De là Jésus est venu apporter de la nourriture, et à tous ceux qui le veulent il donne la vie afin qu’ils ne meurent pas.

    (73) Dieu avait planté un jardin. L'homme y avait été placé. Il y avait de nombreux arbres... Dans le lieu o˜ on me dira : mange de ceci, ou ne mange pas de cela, comme tu voudras. Dans le lieu o˜ je mangerai de tout se trouve l'arbre de la connaissance (gnôsis). C'est lui qui tua Adam, mais c'est lui qui vivifie l’homme. La loi était un arbre. Il avait le pouvoir de donner la connaissance du bien et du mal. Il n'écarta pas du mal ni n'établit dans le bien, mais il prépara la mort de ceux qui en mangèrent. Car lorsqu'il fut dit: mange de ceci, ne mange pas de cela, ce fut l'origine de la mort.

    (74) L'onction est supérieure au baptême. Car c'est par le mot chrisma (onction) que nous avons été appelés chrétiens et non par le baptême, et le nom de Christ vient de ´ chrisma ª. En effet, le Père a oint le Fils et le Fils a oint les apôtres, et les apôtres nous ont oints. Celui qui a été oint possède le Tout, il possède la résurrection, la Lumière, la Croix, l'Esprit Saint. Le Père lui a donné cela dans la chambre nuptiale et il l'a accepté. Le Père était dans le Fils et le Fils dans le Père. Tel est le Royaume des Cieux.

    (75a) Le Seigneur l’a bien dit : Quelques-uns entrèrent dans le Royaume des cieux en riant, et ils sortirent.... chrétiens.... il descendit dans l’eau et remonta, seigneur du tout....

    (75b) Celui qui méprise le corps comme un haillon le considère comme un jouet et le quitte en riant... il en est de même du pain, du calice et de l’huile alors qu’il y a quelque chose d’autre qui leur est supérieur.

    (76) Le monde est apparu à la suite d’une faute (paraptôma). En effet celui qui le créa voulait le faire incorruptible et immortel. Mais il échoua et ne réalisa pas son désir. Car le monde ne fut jamais impérissable ni, pour la même raison, celui qui fit le monde.

    (77) Les choses ne sont pas incorruptibles mais les fils le sont. Personne ne recevra l’incorruptibilité à moins de devenir d’abord un fils.

    (78) Mais celui qui n’a pas le pouvoir de recevoir, combien davantage sera-t-il incapable de donner.

    (79) La coupe de la bénédiction contient du vin et de l'eau, symboles du sang, à laquelle on rend grâce (eucharistein) et elle est remplie de l'Esprit Saint. Elle est celle de l'Homme parfait tout entier. Si nous en buvons, nous recevrons en nous l'Homme parfait (téléios).

    (80) L'eau vive est un corps. Il est nécessaire que nous revêtions l'homme vivant. C'est pourquoi, si quelqu'un vient et descend dans l'eau, il se dévêt afin de revêtir celui-là.

    (81) "Un cheval engendre un cheval, un homme engendre un homme, un dieu engendre un dieu. De même du fiancé et de la fiancée. Ce sont les enfants de la chambre nuptiale. Aucun juif ne descend de parents grecs depuis que la Loi existe. Et de même nous avons été juifs avant d'être chrétiens. Il y a un autre peuple, et... il a été appelé "le peuple élu de l'Esprit Saint", et l'Homme véritable et le Fils de Dieu et la semence du Fils de l'Homme. Dans le monde cette race est appelée authentique. C'est là où demeurent les enfants de la chambre nuptiale."

    (83,84,85) En ce monde, l'union est entre l’époux et l’épouse, la force complétée par la faiblesse. Dans l'Eon, la forme de l'union est tout autre bien qu'on lui donne les mêmes noms. Cependant il y a d'autres noms, supérieurs à tous les noms donnés, et supérieurs aux plus forts. Car ici (ici-bas), il y a la force (bia) et ceux qui apparaissent excellent par leur force. Mais ceux qui sont là (dans l’Eon) ne sont pas deux choses distinctes, mais une même chose. Ce qui est ici ne pourra pas s’élever au-dessus du cœur de la chair.

    (86) N'est-il pas nécessaire que ceux qui possèdent toute chose se connaissent eux-mêmes? Quelques-uns, faute de se connaître eux-mêmes, ne jouiront pas de ce qu'ils possèdent, mais ceux qui se connaîtront eux-mêmes jouiront de ce bien.

    (87 et 88) Non seulement ils ne pourront pas saisirent l'Homme parfait (teleios) mais ils ne pourront même pas le voir. Car s’ils le voyaient, ils le saisiraient. Il n'y a pas d'autre moyen d'acquérir pour soi cette grâce (charis) que de revêtir la lumière parfaite et de devenir soi-même lumière parfaite. Quiconque la revêtira entrera dans le royaume. Telle est la lumière parfaite et il convient que nous devenions des hommes spirituels parfaits avant de quitter le monde. Celui qui a tout reçu mais ne s'est pas rendu maître de ces lieux-ci ne sera pas capable d'être maître de cet endroit-là, mais il ira dans le milieu, étant imparfait. Seul Jésus connaît la fin de celui-ci.

    (89) L’homme saint est tout à fait saint, même dans son corps. Car s’il a reçu le pain, il le consacrera, de même la coupe ou quoi que ce soit d’autre, et comment ne consacrerait-il pas aussi le corps ?

    (90) En rendant parfaite l'eau du baptême, Jésus l'a vidée de la mort. Ainsi nous descendons dans l’eau mais non dans la mort afin de n’être pas jeté dans l’esprit du monde.

    (91) Quand l’esprit du monde souffle, il fait venir l’hiver, quand l’Esprit souffle, l’été vient.

    (92a) Celui qui a la connaissance de la vérité est libre. Et l’homme libre ne pèche pas car celui qui commet le péché est l’esclave du péché.

    (92b) La vérité est la mère, la connaissance est le père.

    (92c) Ceux qui ne sont pas concernés par le péché, le monde les appelle libres. Pensant connaître la vérité, ils sont orgueilleux, c’est ce que veut dire ici libre.

    (93) Mais l’amour édifie, et celui qui est devenu vraiment libre par la connaissance devient, par amour, l’esclave de ceux qui n’ont pas pu atteindre la liberté de la connaissance. La connaissance les rendra capables de devenir libres.

    (94) L’amour ne prend rien. Comment prendrait-il quelque chose, tout lui appartient. Il ne dit jamais : ceci est à moi, ni cela est à moi, mais : tout est à vous.

    (95) L'amour spirituel (agapè pneumatikos) est un vin à l’odeur suave. Tous ceux qui en sont oints en ont un grand plaisir. Lorsque ceux qui sont oints sont présents, ceux qui sont près d'eux en profitent. Mais si ceux qui sont oints de cette onction se retirent et s'en vont, alors ceux qui ne sont pas oints et se tenaient simplement près d'eux restent dans leur mauvaise odeur.

    (96) Le samaritain ne donna rien d'autre à l'homme blessé que du vin et de l'huile; ce n'était rien d'autre que l'onction et il a guéri les blessures car l'amour couvre une multitude de fautes.

    (97) C'est à celui que la femme aime que ressemblera ceux qu'elle engendrera. Quand c'est son mari, ils ressemblent au mari. Quand c'est un adultère, ils ressemblent à l'amant. Souvent quand une femme couche avec son mari par nécessité mais que son cœur est auprès de l'amant, avec lequel elle s'unit habituellement, celui qu'elle engendrera ressemblera à l'amant. Mais vous, qui êtes avec le Fils de Dieu, n'aimez pas le monde mais aimez le Seigneur afin que ceux que vous engendrerez ne ressemblent pas au monde mais ressemblent au Seigneur.

    (98) L'être humain s'unit à l'être humain, le cheval au cheval, l'âne à l'âne, les espèces s'unissent à leurs semblables. Ainsi l'Esprit s'unit à l'Esprit, le Logos au Logos et la Lumière à la Lumière. Si tu es né humain, c'est un humain qui t'aimera. Si tu deviens un esprit, c'est l'Esprit qui s'unira à toi. Si tu deviens logos, c'est le Logos qui s'unira à toi. Si tu deviens lumière, c'est la Lumière qui s'unira à toi. Si tu deviens ce qui est d'en haut, c'est ce qui est d'en haut qui demeurera en toi. Si tu deviens cheval, ou âne, taureau, chien, mouton ou tout autre animal, qui se trouve à l'extérieur et qui est inférieur, alors tu ne pourras être aimé ni d'un humain, ni de l'Esprit, ni du Logos, ni de la Lumière, ni de ce qui est d'en haut, ni de ce qui est intérieur. Ils ne pourront demeurer en toi et tu ne fais pas partie d'eux.

    (99) Celui qui est esclave contre sa volonté, pourra devenir libre. Celui qui est devenu libre par la grâce de son Seigneur et se rend lui-même esclave ne pourra plus être libre.

    (100a) Dans ce monde les plantations nécessitent quatre éléments. On moissonne ce qui provient à la fois de l’eau, de la terre, du vent et de la lumière. De même les plantations de Dieu résultent de quatre éléments : la foi, l’espérance, l’amour et la gnose. Notre terre est la foi en qui nous prenons racine, l’eau est l’espérance dont nous nous nourrissons ; le vent est l’amour qui nous fait grandir et la lumière est la gnose qui nous fait mûrir.

    (100b) La grâce agit comme un paysan, et les fruits de la semence de ce paysan sont les hommes qui montent vers les hauteurs du ciel.

    (101a) Et bienheureux le serviteur qui n’a pas désespéré une ’me. Celui-ci est Jésus le Christ. Il s’est présenté partout et n’a accablé personne. Bienheureux donc celui qui est comme lui parce qu’il est un homme parfait. Il est effectivement la parole (Logos).

    (102) Parlez-nous de lui, car c’est difficile d’y réussir. Comment réussir une si grande chose ? Comment donner le repos à chacun ? Avant tout il convient de n’affliger aucune personne, soit grande, soit petite, soit croyante, soit incroyante ; ensuite de donner le repos à ceux qui font le bien.

    (103) Certains trouveraient bien de donner le repos à celui qui a une belle situation (kalos). Mais celui qui fait le bien ne peut pas le donner à de telles personnes car elles vont à l’encontre de ce qu’il voudrait. Mais comme il lui est impossible d’affliger quelqu’un, il ne els afflige pas. Il est certain que ceux qui ont une belle situation affligent des gens, non délibérément mais par leurs défauts (kakia). Celui qui possède la nature (du bien) donne la joie à ceux qui sont bons, ce qui affligent certains vilainement.

    (104) Un maître de maison avait acquis beaucoup : fils, serviteurs, bétail, chiens, porcs, blé, orge, paille, fourrage, os, viande et glands. Comme il était avisé, il connaissait la nourriture de chacun. Il donnait aux enfants du pain, de l’huile d’olive et de la viande, aux esclaves l’huile de ricin et du blé, au bétail de l’orge, de la paille et du fourrage, aux chiens des os, aux porcs des glands et des croštes de pain. Il en est ainsi du disciple de Dieu. Si c’est un homme sage, il comprend sa qualité de disciple. Les formes corporelles ne le tromperont pas, il considérera l’état de l’âme (psyché) de chacun et parlera à chacun en conséquence. Il y a beaucoup d’animaux à forme humaine dans le monde. Quand il les identifie à des porcs, il leur jette des glands ; à des bestiaux, il leur jette de l’orge et de la paille et de l’herbe ; à des chiens, il leur jette des os ; à des esclaves, il leur donne ce qui est élémentaire ; à des enfants, ce qui est parfait.

    (l05) Il y a le fils de l'Homme, et il y a le fils du fils de l'Homme. Le Seigneur est le fils de l'Homme, et le fils du Fils de l'Homme est celui qui a été fait par le fils de l'Homme. Le fils de l'Homme a reçu de Dieu le pouvoir de créer, et aussi la possibilité d'engendrer.

    (106) Celui qui a reçu le pouvoir de créer crée une création; celui qui a reçu le pouvoir d'engendrer engendre un rejeton. Celui qui crée n'engendre pas; celui qui engendre crée. Celui qui crée engendre, dit-on, mais son produit est une création. Ses produits ne sont pas ses rejetons, mais ses images. Celui qui crée travaille au grand jour et il est lui-même visible ; celui qui engendre oeuvre dans le secret, il reste lui-même caché. L'engendré n'est pas une image. Celui qui crée crée visiblement, mais celui qui engendre engendre ses enfants dans le secret.

    (107) Personne ne peut savoir quand le mari et la femme s'unissent sauf eux-mêmes. Car c'est un mystère que le mariage (gamos) du monde pour ceux qui ont pris femme. Or si le mariage du monde, qui est impur, reste caché, combien plus le mariage immaculé est-il un vrai (aléthinos) mystère ! Il n'est pas charnel, il est pur. Il appartient non au désir mais à la volonté. Il n'appartient pas aux ténèbres ou à la nuit, mais au jour et à la lumière.

    (108) Un mariage accessible au public est de la prostitution (porneia) et la femme, non seulement si elle reçoit la semence d'un autre homme, mais même si, sortant de sa chambre, elle est vue, commet une impudicité. Elle ne doit se faire voir qu'à son père et à sa mère.

    (109) A l'ami de l’époux et aux enfants de la chambre nuptiale il est permis de pénétrer tous les jours dans la chambre nuptiale, mais les autres ne peuvent désirer qu'entendre leur voix, jouir de leur parfum et se nourrir des miettes de pain qui tombent de la table comme les chiens (Math. 15, 27). Epoux et épouses appartiennent à la chambre nuptiale. Personne ne peut voir l’époux et l’épouse à moins de le devenir soi-même.

    (110) Quand Abraham se fut réjoui d’avoir vu ce qu’il avait à voir, il circoncit la chair de son prépuce nous montrant qu’il faut détruire la chair.

    (111) Bien des choses du monde, tant que leurs racines sont cachées demeurent debout et vivent. Si les racines se voient, elles meurent, à l’exemple de l’homme visible : tant que ses entrailles restent cachées, il vit ; si ses entrailles sortent de lui, il meurt. Il en est de même de l’arbre. Tant que ses racines sont cachées, il croît et fructifie ; si sa racine apparaît, il se dessèche. Il en est ainsi de chaque chose née dans le monde, non seulement manifestée mais aussi cachée. Car tant que la racine du mal est cachée, elle est forte mais quand on la reconnaît elle est dissoute, quand elle se manifeste elle est détruite. C’est pourquoi la Parole dit : Déjà la hache est placée à la racine de l’arbre. Elle ne coupera pas car ce qui est coupé repousse, mais elle pénétrera si profondément qu’elle extirpera la racine. Jésus arrache la racine entièrement alors que d’autres ne le font qu’en partie.

    (112) Quant à nous que chacun creuse jusqu’à la racine du mal qui est en lui et qu’il l’extirpe de son cœur jusqu’à la racine. Il ne sera arraché que lorsque nous le reconnaîtrons. Si nous l’ignorons, il pousse ses racines en nous et porte ses fruits en nos cœurs. Il nous domine, nous sommes ses esclaves, il nous emprisonne au point de faire ce que nous ne voulons pas et de ne pas faire ce que nous vouons. Il est puissant, parce que nous ne le connaissons pas. Tant qu’il existe, il est à l’œuvre.

    (113) L’ignorance est la mère du mal, l’ignorance entraîne la mort ; ce que produit l’ignorance n’a jamais existé, n’existe pas et n’existera pas. Tandis que ceux qui sont dans la vérité seront parfaits quand toute la vérité se révèlera.

    (114) Car la vérité est comme l’ignorance : quand elle est cachée, elle se repose en elle-même, mais si elle est révélée et reconnue elle est louée pour autant qu’elle est plus forte que l’ignorance et que l’erreur. Elle donne la liberté.

    (115) La parole dit : Si vous connaissez la vérité, la vérité vous rendra libres.

    (116) L’ignorance est esclavage, la connaissance est liberté.

    (117) Si nous reconnaissons la vérité, nous récolterons ses fruits au-dedans de nous. Si nous nous unissons à elle, elle nous fera entrer dans la plénitude.

    (118a) Présentement nous voyons les manifestations de la création et nous disons : les choses fortes sont hautement estimables et les choses faibles sont cachées et méprisables. Comparez avec les manifestations de la vérité : elles sont faibles et méprisées tandis que, cachées, elles sont fortes et estimables.

    (118b) Les mystères de la vérité sont révélés sous forme de signes (tupos) et d'images.

    (119a) Quant à la chambre nuptiale, elle demeure cachée, elle est le Saint des Saints.

    (119b) En effet un voile commence par dissimuler comment Dieu gouverne la création. Mais quand le voile se déchire et que l’intérieur se manifeste, on abandonne la maison vide, et même on la détruit.

    (120) Mais la divinité inférieure ne fuira pas de ce lieu vers le Saint des Saints, car elle ne sera pas capable de s’unir à la lumière sans mélange ni à la plénitude sans faille, mais se tiendra sous les ailes de la croix et sous ses bras. Cette arche (kibotos) sera son salut lorsque le déluge des eaux la submergera.

    (121) Si quelques-uns sont dans l’ordre de la prêtrise, ils pourront pénétrer derrière le voile avec le grand prêtre.

    (122) C’est pourquoi le voile ne s’est pas déchiré seulement en haut, car il ne se serait ouvert qu’à ceux d’en haut, ni ne s’est déchiré seulement en bas, car il ne se serait manifeste qu’à ceux d’en bas. Mais il s’est déchiré de haut en bas. Le haut s’est ouvert pour nous qui sommes en bas afin que nous entrions dans le secret de la vérité. Voilà véritablement ce qui est tenu en haute estime et qui est puissant. Or nous pénétrerons là grâce à de vils symboles et à des choses faibles et basses en vérité comparés à la gloire parfaite.

    (123) Il y a une gloire qui surpasse la gloire, il y a une puissance qui surpasse la puissance. C’est pourquoi la perfection s’est ouverte à nous avec le secret de la vérité, et le Saint des Saints s’est manifesté et nous avons été conviés dans la chambre nuptiale.

    (124) Tant qu’il est caché, le mal est efficace et il n’est pas enlevé de la semence de l’Esprit, et il y a des esclaves du mal. Mais lorsqu’il se manifeste, alors la Lumière parfaite se répand sur chacun et tous ceux qui se trouvent en elle recevront l’onction. Alors les esclaves seront libérés et les prisonniers seront délivrés.

    (125) Tout plant que mon Père qui est dans les cieux n’a pas planté sera déraciné.

    (126) Ceux qui étaient séparés seront unis et comblés.

    (127) Tous ceux qui entreront dans la chambre nuptiale feront briller la lumière car ils ne sont pas comme les mariages qui se font dans la nuit, dont le feu s’allume seulement dans la nuit puis s’éteint. Mais les mystères de ce mariage s'accomplissent dans le jour et la lumière, ce jour et cette lumière qui ne s'éteignent pas.

    (128 et 129) Si quelqu'un devient un fils de la chambre nuptiale, il recevra la lumière. Si quelqu'un ne la reçoit pas tant qu'il est dans ces lieux, il ne pourra la recevoir nulle part ailleurs. Celui qui recevra cette lumière-là ne sera ni vu ni compris, et personne ne pourra l'affliger alors même qu'il séjourne dans le monde. Et quand il quittera le monde, il aura déjà reçu la Vérité en images. Et le monde est devenu pour lui l'Eon, car l'Eon est pour lui la plénitude (plèrôma). Et il l'est de cette façon: il lui est manifesté à lui seul; il n'est pas caché dans les ténèbres ni dans la nuit, mais il est caché dans un jour parfait et dans une lumière sainte.

     


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