• L’AUTHENTIKOS LOGOS

    (NH VI, 3)

    Traduit du copte par Jacques É. Ménard, révisé par Jean-Pierre Mahé

    Bibliothèque copte de Nag Hammadi, sous la direction de Louis Painchaud, Wolf-Peter Funk et Paul-Hubert Poirier,

    à l’université de Laval, Québec, Canada.

     

    (I. ORIGINES DIVINES ET NATURE SPIRITUELLE DE L’ÂME)

    (Le Père du Tout et le Plérôme)

    2 [Avant que rien ne fut venu à l’être] 3 [le Père du Tout était] 4 [s]eul [à exister], (lui), l’invi[sible et]  5 [le cach]é, reposan[t dans sa] 6 [gloire, (celle) qui est] au ciel incorruptible 7 [(et) qu’il contien]t en lui.  [Alors] donc 8 [que] rien n’était encore appar[u, ni] 9 les cieux cachés n[i les (cieux)] 10 visibles et a  [v]ant que ne 11 fus[se]nt révélés les mondes 12 invisibles (et) indicibles, 13 c’est d’eux que l’âme invisible 14 de la justice est 15 venue, ayant 16 mêmes membres, même 17 corps et même esprit.   18 Qu’elle soit descendue (ici-bas) 19 ou dans le Plérôme, 20 elle n’est pas séparée d’eux (les mondes).  Mais ils 21 la voient et elle élève vers eux son regard 22 par le Logos invisible.  En 23 secret, son fiancé 24 l’a apporté. Il le lui a donné dans la bouche, pour 25 qu’elle le mange à la manière d’une 26 nourriture ; et il lui a mis le Logos 27 sur les yeux comme un baume, 28 pour que son intellect acquière la vue, 29 perçoive ceux de sa race 30 et prenne connaissance de sa racine,  31 pour qu’elle se fixe à son rameau, 32 d’où elle est venue originellement, 33 pour qu’elle reçoive 34 ce qui est sien et qu’elle quitte la matière

     

    (L’âme, ses frères et leur héritage)

    23 1 [ ] 2 [ ] 3 [ ] 4 […] ma[is] comme 5 [un homm]e qui a épou[sé] 6 [une femme], ay[a]nt 7 [des] enfants. Cependant les véritables enfan[t]s 8 [de l’hom]me, ceux qui sont 9 [issus] de sa sem[ence],  10 appellent les enfants 11 de la femme : « nos frères ». 12 Il en va de même de l’âme 13 pneumatique. Après avoir été rejetée 14 dans le corps, elle est devenue 15 soeur du désir, de la 16 haine et de la jalousie, (elle est devenue) une âme 17 hylique, tant il est vrai que le 18 corps est venu du désir 19 et que le désir 20 est venu de l’être 21 matériel. C’est pourquoi l’âme 22 est devenue pour eux une soeur. Et pourtant 23 ce ne sont que des beaux-enfants. Il n’est pas possible 24 qu’ils héritent du mâle,  25 mais ils hériteront 26 seulement de leur mère. 27 Quand donc l’âme 28 veut hériter 29 avec les beaux-enfants – car les biens 30 des beaux-enfants sont les 31 passions, les vanités, les plaisirs 32 de la vie, les jalousies, les 33 haines, les vantardises, les 34 propos creux, les accusations 24 1  [(mensongères) ] 2 [ ] 3 [. . . (elle abandonne)] 4 [son (propre) hé]ritag[e.

     

    (De la sottise à l’animalité)

    Mais qua]nd 5 une (âme) [insensée] 6 se [cho]isit un [esprit de ] 7 pr[ostituti]on, il l’exclut [et la jet]  te 8 dans le lieu de prostitution. Car [elle] a [choisi] 9 le vi[ce, et elle a aban]donné 10 la pudeur. En effet, la [m]ort 11 et la vie s’offrent à 12 chacun ; et ce que l’on désire 13 de ces deux choses, on le choisira pour soi. 14 Mais cette (âme) ainsi faite s’adonnera 15 à l’ivrognerie 16 et au vice. En effet, le vice c’est 17 le vin. Aussi ne se rappelle-t-elle plus 18 ses frères ni son père, parce que 19 le plaisir et les 20 gains agréables l’abusent. Lorsqu’elle 21 a renoncé à la connaissance, elle est tombée 22 dans l’animalité. Car un insensé 23 est dans un état animal. 24 Il ne sait pas ce qu’il 25 convient de dire et ce qu’il convient de 26 ne pas dire.

     

    (Les vrais fils et les beaux-enfants)

    Mais le fils 27 réfléchi est heureux d’être héritier 28 de son père et 29 son père se réjouit en lui 30 parce que chacun lui fait compliment 31 de lui. Il cherche aussi 32 comment doubler les biens 33 qu’il a reçus. En effet, les beaux-enfants 25 1-2 [(ne désirent que l’héritage)] 3 [(et) leur désir ne] 4 [peut]  s’unir à la 5 [modératio]n, ca[r] dès que (la seule) pensée d’un 6 [d]é[s]ir pénètre 7 d[a]ns [u]n homme vierge, il 8 est dé[jà] souillé. Et leur 9 gloutonnerie ne peut 10 s’allier à la modération.

     

    (La paille et le froment)

    11 Car si la paille se mêle 12 au froment, ce n’est pas la paille qui se 13 souille, mais c’est le froment.  14 En effet lorsqu’ils sont mêlés l’un à l’autre, 15 personne n’achètera le froment parce qu’il est souillé. 16 Mais on dira (au vendeur) avec une feinte courtoisie : 17 » Vends-nous cette paille »,  18 quand on verra le froment qui s’y trouve mêlé, 19 jusqu’à ce qu’on l’ait obtenue et 20 jetée avec toutes les autres pailles ; 21 et cette paille se 22 mêle à toutes les autres matières. 23 Au contraire,  quand une semence est pure, 24 on la conserve dans des 25 greniers, en sécurité. Mais, tout cela 26 nous l’avons dit.

     

    (II. LE COMBAT DE LA VIE CORPORELLE)

    (Le dessein du Père)

    Et avant 27 que rien ne fût, 28 le Père est seul à exister. 29 Avant que ne fussent apparus les mondes qui sont dans 30 les cieux, 31 ni le monde qui est sur 32 la terre, ni Principauté, ni 33 Domination, ni Puissance 26 1-3 [(seul existait celui qui n’est pas venu à l’être. Quand il lui plut, des êtres)] 4 […] apparurent s[ur son] 5 [com]mandement, et […] 6 [… Car] rien n’est 7 venu à l’être sans sa volont[é]. 8 Mais, parce que le Père vou[lait] 9 manifester sa riche[sse] 10 et sa majesté, il institua 11 ce grand combat en 12 ce monde, désirant 13 que les lutteurs se 14 révèlent et que tous ceux qui combattent 15 abandonnent 16 les choses qui sont venues à l’être et qu’ils 17 les méprisent grâce à une 18 connaissance supérieure (et) inaccessible, 19 et qu’ils s’empressent vers celui qui 20 est ; quant à ceux qui nous combattent, 21 étant nos adversaires, il (veut que), 22 dans ce combat qu’ils nous livrent, nous vainquions 23 leur ignorance par notre 24 connaissance, parce que nous avons déjà connaissance de 25 l’Inaccessible d’où nous sommes émanés.

     

    (Se détacher du monde)

    26 Nous ne possédons rien en 27 ce monde, de crainte 28 que la Domination 29 qui est venue à l’être dans le monde ne nous retienne 30 dans les mondes célestes, 31 ceux où demeure la mort universelle 32 entourée 33 des [morts] particulières. 27 1-4 [(Nous résistons à) t]outes [(les tentations)] de [la part des] 5 [Puissanc]es du mon[de qui nous] sont opposées, 6 afin [de] n’être pas couverts de honte.  [Ceux qui sont du] monde, 7 nous ne nous en soucions pas ; ils 8 nous cal[om]nient, et nous les i  [gn]orons ; 9 ils n[o]us jettent outrages 10 et injures au 11 visage, nous les regardons 12 sans dire mot.  Car ceux-là 13 accomplissent leur travail.  14 Mais nous, nous cheminons dans la faim, 15 dans la soif, parce que nos regards sont tournés 16 vers notre demeure, le lieu vers où tendent 17 notre manière de vivre et notre 18 conscience ; parce que 19 nous ne sommes pas attachés à ce 20 qui est venu à l’être, mais, parce que nous nous en 21 détournons et que nos coeurs 22 sont fixés sur ce qui existe, quelque 23 malades, faibles (et) affligés que nous soyons.

     

    (S’empresser vers le Logos)

    24 Mais il y a une grande force cachée 25 en nous. Notre âme 26 est, certes, malade, parce qu’elle est 27 dans une maison de pauvreté, où 28 la matière lui blesse les yeux, 29 voulant l’aveugler. 30 C’est pourquoi, elle s’empresse vers 31 le Logos et se le met sur les yeux 32 comme un baume, qui les ouv<re> 33 rejetant 28 1-3 [la cécité (car de même que…) ] 4 afin de lui jeter 5 [un peu de] céci[té] sur  [la] 6 v[u]e et ensuite, quand 7 celui-là est da[ns] 8 l’ignorance, il est [t]out entier ténèbres 9 et hyliqu  [e] 10 ainsi, l’âme [reçoit] à chaque fois 11 un logos, pour se le poser 12 sur les yeux comme un baume, 13 afin qu’elle voie 14 et que sa lumière engloutisse 15 les enne<m>is qui la combattent : 16 qu’elle les aveugle par 17 son éclat et qu’elle les capture 18 lors de son avènement, 19 qu’elle les abatte par (sa) vigilance, 20 et qu’elle se manifeste ouvertement 21 par sa puissance et sa 22 couronne royale. Tandis que ses ennemis, 23 couverts de honte, la suivent des yeux, elle monte 24 là-haut,  dans son trésor, 25 là où est son Noûs, 26 et son sûr 27 dépôt, afin qu’aucun 28 de ceux qui sont venus à l’être ne se saisisse 29 d’elle, et sans avoir reçu 30 d’étrangers dans sa maison ; 31 en effet,  nombreux sont ceux, 32 nés dans la maison, qui la combattent, 33 jour et nuit, 34 sans prendre de repos 29 1 le jo[u]r n[i] la nuit, 2 puisque c’est le désir qui 3 les tourmente. C’est pourquoi [aus]si 4 nous ne dormons ni n[e] sommeillons : [car les] 5 filets déployés en 6 cachette, tendent leurs embûches pour nous prendre.

     

    (Déjouer les pièges des pêcheurs)

    7 En effet, si nous nous laissons saisir 8 dans u[n] seul filet, il nous engloutira 9 da[ns] son ouverture, tandis que l’eau 10 nous su[b]mergera en nous frappant. Et 11 nous serons entraînés au fond du filet, et 12 nous ne pourrons pas remonter pour en sortir, 13 à cause de la hauteur des eaux au dessus de nous. 14 Se déversant de haut en 15 bas, elles plongeront notre coeur 16 dans la fange boueuse, et nous 17 ne pourrons pas leur échapper. 18 Car, ce sont des mangeurs d’hommes, ceux qui nous saisiront 19 et qui nous engloutiront avec joie.  20 C’est ainsi qu’un pêcheur, jetant 21 l’hameçon à l’eau, jette 22 à l’eau plusieurs sortes d’appâts.  23 En effet, chaque 24 poisson a son appât 25 bien à lui ; quand il le sent, 26 il s’empresse, guidé par l’odeur, 27 et lorsqu’il l’avale, 28 l’hameçon caché dans l’appât 29 l’enferre 30 et l’entraîne 31 de force,  hors des eaux 32 profondes. Or, nul homme 33 ne peut se saisir de ce poisson-là, 34 dans les eaux 30 1 profondes, si ce n’[e]st par la ruse 2 mise en oeuvre [pa]r le pêcheur. Sous le leurre de 3 l’appât, il a attiré le poisson 4 ve[rs] l’hameçon.  Il en va ainsi 5 de nous en ce monde : 6 comme des poissons ! Et l’adversaire 7 nous surveille, nous 8 guettant comme un pêch[e]ur, 9 car il veut nous saisir et, en effet, se r[éj]ouit 10 de nous manger. Il nous m[et] 11 sous les yeux plusieurs appâts 12 qui sont les choses de ce 13 monde. Il veut que nous 14 désirions l’une d’entre elles, 15 que nous n’y goûtions qu’un peu, 16 puis il nous terrasse par 17 le venin qu’il y a caché et nous prive 18 de liberté 19 pour nous entraîner en 20 esclavage. Car, s’il nous saisit 21 par un seul appât, 22 il est fatal, en effet, que <nous> 23 désirions le reste. 24 À la fin, ce genre de choses 25 devient un appât mortel.

     

    (Les vices, appâts du diable)

    26 Et voici les appâts 27 grâce auxquels le diable nous 28 tend des embûches. D’abord il 29 te jette un chagrin dans le 30 coeur, jusqu’à ce que tu te tourmentes 31 pour une petite chose de 32 cette vie, puis il nous terrasse 33 par ses poisons ; et 34 ensuite (viennent) le désir 35 d’un vêtement, dont tu sois fier 31 1 et l’amour 2 de l’argent, la jactance, 3 l’orgueil, la jalousie 4 envieuse d’une autre jalousie, la beauté 5 du corps, la dépravatio[n]. 6 De tous ces vices, le plus grand est 7 l’ignorance, jointe à la mollesse. 8 Or, tous les pièges de cette sorte 9 sont soigneusement apprêtés par l’adversaire 10 et il les présente 11 au corps, parce qu’il 12 veut que l’instinct de l’âme 13 l’oriente vers un de ceux-ci,  14 en sorte qu’il la domine. Comme un hameçon, 15 il l’attire de force dans 16 l’ignorance et abuse d’elle 17 jusqu’à ce qu’elle soit grosse de mal, 18 qu’elle enfante des fruits de la matière 19 et qu’elle vive 20 dans la souillure en poursuivant une foule 21 de désirs et de 22 convoitises, tandis que la douceur 23 de la chair l’attire dans 24 l’ignorance.

     

    (III. ESCHATOLOGIE)

    (La remontée de l’âme)

    Mais l’âme 25 qui y a goûté 26 a reconnu que des passions 27 douces ne sont que pour un temps. 28 Elle a pris connaissance de la malice, 29 elle s’en est détachée, elle a 30 adopté une nouvelle conduite.

     

    (Elle rejoint le Bon pasteur)

    31 Désormais elle 32 méprise cette vie 33 parce qu’elle est passagère, et elle 34 recherche les nourritures qui 35 l’introduiront dans la (véritable) vie. 32 1 Elle abandonne les nourritures mensongères 2 et reçoit connaissance de sa lumière. Elle 3 marche dépouillée de ce 4 monde, drapée intérieurement 5de son véritable vêtement, 6 tandis qu’elle revêt la robe de fiancée 7 qui l’orne d’une beauté 8 du coeur et, non de vanité charnelle. 9 Elle prend conscience de sa profondeur et elle 10 se hâte vers son enclos, alors que 11 son pasteur se tient à la porte. 12 Donc, pour toutes les diffamations et (tous) les déshonneurs 13 qu’elle a subis en ce monde, 14 elle reçoit dix mille fois 15 plus de grâce et d’honneur.

     

    (Déception des marchands de corps)

    16 Elle a remis son corps à <ceux> 17 qui le lui avaient donné pour leur faire 18 honte, en sorte que les négociants 19 des corps sont assis et pleurent 20 parce qu’ils n’ont pu 21 négocier ce corps 22 et qu’ils n’ont trouvé 23 aucune (autre) marchandise à sa place.  24 Ils avaient pris beaucoup de peine à 25 façonner le corps de cette 26 âme, voulant y faire 27 déchoir l’âme invisible. 28 Or, ils ont retiré honte à présent de leur 29 ouvrage. Ils ont subi la perte de ce pour quoi 30 ils avaient peiné. Ils ne se sont pas avisés 31 qu’elle a un corps 32 spirituel invisible ;  33 ils pensaient : « Nous sommes le 34 pasteur qui la paît ». 35 Mais ils ne se sont pas avisés qu’elle connaît 33 1 un autre chemin qui leur est caché, celui 2 que son pasteur véritable 3 lui a enseigné par la connaissance.

     

    (Égarement de ceux qui ne cherchent pas Dieu)

    4 Mais ceux qui sont ignorants, 5 ne cherchent pas Dieu, 6 ni ne s’inquiètent de 7 leur demeure qui est 8 dans le repos, mais 9 se conduisent d’une manière animale, ceux-là 10 sont pires que les 11 païens. D’abord parce qu’ils 12 ne recherchent pas Dieu, puisque c’est 13 la sécheresse de leur coeur qui les pousse 14 à pratiquer 15 leur dureté. 16 Et de plus, s’ils trouvent quelqu’un d’autre 17 à la recherche de son salut, 18 leur sécheresse de 19 coeur s’exerce contre 20 cet homme-là. Et s’il 21 n’arrête pas de chercher, ils 22 le tuent par 23 leur dureté, 24 pensant avoir accompli pour eux-mêmes 25 une bonne action. Pourtant 26 ils sont les enfants du diable.  27 Car même les païens font 28 l’aumône et ils savent 29 que Dieu existe dans les cieux, 30 (et) que le Père du Tout, est 31 supérieur aux idoles qu’ils 32 vénèrent. 34 1 Mais ils n’ont pas prêté l’oreille au Logos pour 2 s’enquérir de ses voies.  3 Or voici comment se comporte l’homme insensé : 4 bien qu’il entende l’invitation, 5 toutefois il est ignorant du lieu 6 où il a été invité. Et, 7 lors du prêche, il ne s’est 8 pas enquis : « Où est le temple 9 où j’irai et où 10 j’implorerai mon espérance ? » 11 Ainsi, à cause de son irréflexion, 12 il est pire qu’un païen, 13 car les païens connaissent 14 le chemin pour aller à leur temple de pierre 15 voué à la corruption, et ils vénèrent 16 leur idole en qui leur coeur 17 se repose, car elle est leur espoir.  18 Mais à cet insensé 19 on a annoncé le Logos, 20 on a (eu beau lui) enseigner : « Demande et 21 recherche les chemins que tu dois parcourir 22 car il n’y a rien 23 de meilleur que cette chose là ! : » 24 la nature même de la sécheresse 25 de coeur s’attaque à 26 son esprit, avec (l’aide de) la puissance 27 de l’ignorance et 28 du démon de l’erreur. 29 Ils ne laissent pas son esprit 30 se redresser pour que celui-ci ne fasse pas l’effort 31 de s’enquérir et de reconnaître son 32 espérance.

     

    (Repos de l’âme qui a cherché Dieu)

    Mais l’âme 35 1 qui détient le Logos, <elle>, qui a fait l’effort de s’enquérir, 2 a reçu la connaissance de Dieu. 3 Elle s’est épuisée à chercher, peinant 4 dans le corps, s’usant 5 les pieds jusqu’aux 6 porteurs d’heureuses nouvelles, 7 pour connaître l’Inaccessible. 8 Elle a trouvé son orient, 9 elle s’est reposée dans celui qui 10 se repose, elle s’est laissée choir 11 dans la chambre nuptiale. Elle a 12 mangé au banquet dont 13 elle était affamée, elle a goûté 14 à une nourriture immortelle. 1


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  • EUGNOSTE LE BIENHEUREUX (NH III, 3 ; V, 1)

    Eugnoste le Bienheureux aux siens : Réjouissez-vous ! Il m’agrée de vous apprendre que tous les humains qui furent engendrés depuis la fondation 5 du monde jusqu’à aujourd’hui sont poussière : bien qu’ils aient cherché à connaître qui est Dieu et comment il est, ils ne l’ont point trouvé. Les Sages parmi eux tout particulièrement, se fondant sur le gouvernement 10 du monde, ont produit une imitation de la vérité. Or l’imitation n’a pas atteint à la vérité. Du gouvernement en effet on donne habituellement trois définitions chez 15 tous les philosophes. Aussi sont-ils en désaccord. Car certains d’entre eux disent du monde que c’est de lui-même qu’il s’est organisé, d’autres, 20 qu’il l’est par une providence, d’autres, qu’il l’est par ce dont on escompte l’arrivée (la destinée) et que ce n’est pas l’un quelconque de ces derniers. Ainsi, de ces trois voix dont j’ai parlé précédemment, aucune 71 n’appartient à la vérité. Car ce qui se produit de soi-même n’engendre qu’une existence vide. La providence est irréflexion, celle qui est imminente (la destinée), 5 insensible. En revanche, celui qui est capable de s’intérioriser, devenu extérieur aux trois voix dont j’ai parlé précédemment, de s’intérioriser grâce à une autre voix, de révéler le 10 Dieu de la vérité et de mettre d’accord chacun à son sujet, lui est un immortel qui vit au milieu des mortels.

    Celui-qui-est est indicible, nulle principauté 15 ne l’a connu, nulle autorité, nulle puissance subalterne, nulle créature depuis la fondation du monde si ce n’est lui seul. Celui-là est immortel ; il est éternel 20 parce que sans engendrement : quiconque en effet est engendré se corrompra. Il est inengendré parce que sans principe : quiconque en effet a un principe a une fin ; il n’est aucun principat supérieur 72 à lui. Il n’a pas de nom : qui a nom est en effet la création de quelqu’un d’autre ; il est innommé. Il n’a pas apparence humaine : qui a 5 apparence humaine est en effet la création de quelqu’un d’autre ; il possède une forme qui lui est spécifique, ne pouvant se comparer à la forme que nous avons reçue ou que nous avons vue, mais c’est une forme étrangère, 10 distincte de toutes choses, supérieure aux Totalités, embrassant tout de son regard, ne contemplant qu’elle-même par elle-même. Il est illimité. Il est insaisissable. 15 Il est en permanence Un, étant incorruptible. Il est Un, n’étant semblable à rien. Il est d’une bonté inaltérable. Il est indéfectible. Il est en permanence Un. Il est bienheureux. Il est inconcevable, 20 étant le seul à se concevoir. Il est incommensurable. Il est impénétrable. Il est parfait parce que sans déficience. 73 Il est bienheureux, étant incorruptible.

    On dit qu’il est le Père du Tout. Alors que ne s’était encore manifesté aucun de ceux qui sont manifestés, 5 la Grandeur et les autorités existantes demeurent en lui, car il contient les univers des univers, aussi bien nul ne le contient. Celui-là est en effet tout entier intellect, pensée 10 et délibération, réflexion, discours intérieur et puissance. Eux tous sont de puissance équivalente. Ils sont les sources des Univers, et c’est dans la première connaissance de l’inengendré 15 qu’existe leur descendance toute entière jusqu’à leur extrémité, car celle-ci n’était pas encore parvenue (au stade de) la manifestation.

    Or quelque chose différenciait ces éons incorruptibles. 20 Réfléchissons donc en ce sens : tout ce qui est né du corruptible se corrompra puisque né du corruptible. Ce qui est 74 né de l’incorruptibilité ne se corrompra pas mais, du fait même qu’il est né de l’incorruptibilité, deviendra incorruptible. Ainsi une 5 foule de gens se sont-ils égarés : pour avoir méconnu la différence que voilà, ils sont morts. Aussi bien, parvenu à ce point, c’en est assez, puisque nul n’est en mesure de contester la nature des paroles 10 que j’ai dites précédemment, celles du Dieu véritable, bienheureux et incorruptible.

    Si donc quelqu’un désire avoir confirmation des paroles exposées, qu’il examine 15 depuis ce qui est caché jusqu’à l’achèvement de ce qui est révélé, et cette réflexion lui enseignera comment on trouve la preuve des réalités non révélées dans le révélé.

    Ceci 20 est un principe de connaissance : le Seigneur du Tout, en vérité, n’est pas qualifié de Père mais de Pro-Père, le principe de ce qui est manifesté 75 étant en réalité le Père. Voici. Celui-là, le Pro-Père qui est sans principe, c’est en lui qu’il se voit lui-même, comme en un 5 miroir, car il apparut sous sa forme autogénératrice », c’est-à-dire comme « Engendreur de lui-même », et comme « Celui-qui-est-face-à-face », puisqu’il fait face au préexistant inengendré. Certes, 10 (l’Engendreur de lui-même) coexiste avec celui qui est vis-à-vis de lui, en revanche, il ne lui est pas équivalent en puissance. À sa suite, il révéla la multitude de Ceux-qui-sont-face-à-face, engendrés d’eux-mêmes, co-existants, 15 de puissance équivalente, glorieux, innombrables, que l’on appelle : « La race sur qui nul ne règne parmi les royautés en place ». Or, 20 à la multitude entière en ce Lieu sur lequel nul ne règne, on donne le nom de « Fils du Père inengendré ». Et lui, cet (être) inconcevable, 76 [abondant] en toute gloire incorruptible [et] joie indicible, eux tous, qui trouvent en lui le repos, ne cessent donc 5 d’exulter, dans une joie indicible, à cause de la gloire inaltérable, et dans l’allégresse sans mesure ; ce dont on n’entendit jamais parler et que l’on n’a pas même conçu en aucun 10 des éons et leurs mondes. Mais il suffit jusqu’à ce point !

    Pour nous éviter de poursuivre à l’infini, voici un autre principe de connaissance, « par l’entremise de l’engendré ». Le premier 15 qui s’est manifesté avant le Tout dans l’illimité est un Père autocréé, autoconstitué, qui est plénitude de la Lumière illuminante, indicible : celui-ci conçut 20 le principe pour que sa forme advienne dans une grande puissance. Et voici que se manifesta le principe de cette Lumière, sous la forme d’un Homme immortel androgyne. Son nom 77 à caractère ma[sculin se d]it : « Le [monogène] parfait ». Son no[m à carac]tère féminin : « La Sagesse de toutes les Sagesses, la mère ». On dit 5 également d’elle que c’est son frère et conjoint qu’elle porte. C’est une vérité incontestable, — la vérité inférieure, en effet, est contestée par l’erreur qui est mêlée à elle. Par 10 l’entremise de l’Homme immortel se révéla une dénomination primordiale : « Divinité et Royauté ». Car le Père, dans la mesure où il est désigné comme : « L’Homme qui s’est 15 procréé lui-même », manifesta ce que voici : il fonda pour lui un grand éon proportionné à sa grandeur. Il lui conféra une grande autorité (et cet éon) régna sur l’ensemble des créatures : il créa 20 pour lui des dieux, des archanges et des anges, des myriades innombrables à (son) service. C’est donc par l’entremise de cet Homme-là qu’a commencé la Divinité 78 [et la Royauté]. Aussi le nomme-t-on : « D[ieu des dieux], Roi des rois, le pre[mier] Homme ». Il est la confirmation pour ceux qui allaient venir à 5 l’existence après ceux-ci : il est pourvu d’un intellect qui lui est spécifique, d’une pensée semblable à ce qu’il est, de délibération et réflexion, discours intérieur et puissance, tous membres existants. 10 Ils sont parfaits. Ils sont immortels. Sous le rapport de l’incorruptibilité certes, ils sont égaux. Sous le rapport de la puissance, il y a une différence, comparable à la prééminence d’un père par rapport à un fils, d’un fils par rapport à une pensée, 15 et de la pensée par rapport au reste ainsi que je l’ai décrit précédemment. Dans les générations, la monade est au principe. À sa suite vient la dyade, puis la triade jusqu’aux dizaines. Les dizaines sont 20 au principe des centaines, les centaines étant donc au principe des milliers et les milliers, des myriades : telle est la disposition chez les immortels. Il en est ainsi pour le premier Homme. Sa monade est

    (Les pages 79-80 manquent ; voir le texte correspondant dans le Codex V 7,24-9,10)

    81 Il (le Fils de l’Homme) façon[na pour lui-même des] anges, des myria[des innom]brables à (son) service. La multitude entière de ces anges est désignée 5 du nom d’« Église des saints, les luminaires sans ombre ». Ceux-là, donc, lorsqu’ils s’embrassent mutuellement, leurs baisers deviennent des anges 10 semblables à eux. Le premier parent paternel est désigné du nom d’« Adam, l’Homme de Lumière ». Et d’une joie indicible le Royaume du Fils de l’Homme est empli 15 ainsi que d’une allégresse inaltérable. Aussi se délectent-ils sans cesse, dans une joie indicible, de leur gloire incorruptible, telle qu’on en n’entendit jamais parler ni ne s’était manifestée 20 à aucun des éons qui allaient venir à l’existence avec leurs mondes.

    À son tour, le Fils de l’Homme s’unit dans un accord à la Sagesse, sa conjointe : il manifesta une grande Lumière 82 andro[gyne. (Pour) son n]om à caractère masculin, [certains lui donnent] celui de « Sauveur, Parent universel ». Son nom à caractère féminin se dit : 5 « Sagesse, Parente universelle ». Certains la dénomment : « Foi ». A son tour, le Sauveur s’unit dans un accord à sa conjointe, la Sagesse nommée « Foi » : il manifesta six (entités) spirituelles 10 androgynes, puisque telle est la figure de leurs prédécesseurs. Ces (entités) masculines, leurs noms sont les suivants : le premier est l’Inengendré, le second, l’Autoengendré, le troisième, 15 le Père, le quatrième, le Premier Parent, le cinquième, le Parent universel, le sixième, le Père originel (ou : le Principe-Père). De même, les noms des (entités) féminines sont les suivants : la 20 première est Sagesse de toutes les sagesses, la seconde, Sagesse, Mère universelle, la troisième, Sagesse, Parente universelle, la quatrième, Sagesse, Première Parente, la cinquième, Sagesse Amour, 83 la [sixième], Sagesse Foi. [Or, par suite de ces] accords dont j’ai parlé précédemment, se manifestèrent, dans les éons mentionnés, 5 les pensées. Des pensées, les délibérations, des délibérations, les réflexions, des réflexions, les discours intérieurs, des discours intérieurs, les vouloirs, des 10 vouloirs, les paroles. Les douze puissances dont j’ai parlé précédemment, s’étant à leur tour unies, d’un commun accord, les unes aux autres, se manifestèrent les entités masculines, six par six, les féminines, six par six, de manière à former 15 soixante-douze puissances. Les soixante-douze manifestèrent chacune cinq entités spirituelles, ce qui fait trois cent soixante puissances. La réunion de tous 20 constitue l’intervalle de temps.

    Ainsi donc, de l’Homme immortel notre éon est devenu la réplique ; le temps est devenu réplique du Premier-Parent, 84 son fil[s ; l’année], la réplique du [Sauveur ; les] douze mois, la réplique des douze puissances. Les trois 5 cent soixante jours inclus dans chaque année, c’est des trois cent soixante puissances, qui se sont manifestées dans le Sauveur, qu’elles devinrent la réplique. Les anges qui vinrent à l’existence à partir de ces dernières, et qui sont innombrables, 10 elles en devinrent la réplique, les heures avec leurs fractions.

    Or, ceux dont j’ai parlé s’étant manifestés, leur père, le Parent universel, créa pour eux, 15 en premier, douze éons à leur service avec les douze anges. Et dans tous les éons se trouvaient six cieux, en chacun d’eux, formant 20 ainsi soixante-douze cieux relevant des soixante-douze puissances manifestées en lui (le Sauveur). De plus, dans tous les cieux se trouvaient cinq firmaments, formant ainsi trois cent 85 soixante fir[maments re]levant des trois cent soixante puissances manifes[tées] en elles (les 72 puissances). Lorsqu’ils eurent été complétés, les firmaments furent nommés : 5 « Les trois cent soixante cieux », du nom des cieux qui les précèdent. Bien que tous ceux-ci soient parfaits et bons, de cette manière néanmoins s’est manifestée la déficience de la partie féminine. Ainsi donc, 10 le premier éon appartient à l’Homme immortel. Le deuxième éon appartient au Fils de l’Homme, qui est désigné comme « le Premier-Parent ». Celui qui est appelé « le Sauveur », 15 c’est celui qui contient ceux-ci : c’est l’éon sur qui nul ne règne, (éon) du Dieu « rempli d’éons », illimité, l’éon des éons des immortels qui sont en lui, le Lieu supérieur de l’Ogdoade 20 qui s’est manifestée dans le chaos.

    L’Homme immortel, quant à lui, manifesta des éons ainsi que des puissances et des royautés. Il conféra le pouvoir de créer ce [qu’ils] 86 dé[sirent] à chacun de ceux qui se sont mani[festés en] lui, jusqu’aux « jours » qui sont supérieurs au chaos. Car, d’un commun accord, ceux-ci 5 s’unirent : ils manifestèrent chaque Grandeur, puis, née de l’Esprit, une multitude de Lumières glorieuses, innombrables, qui reçurent nom dans le Principe, c’est-à-dire 10 l’origine, (dans) le milieu (et) lors de l’achèvement, soit le premier éon, le deuxième et le troisième. Le premier se nomme : « Unité, Repos ». Si 15 chacun porte son nom, — en effet, il fut donné nom à l’Église dans les trois éons — c’est du fait de la multitude dans la multiplicité qui s’est manifestée à partir de la multitude 20 unifiée. Voilà pourquoi, en raison de ce que la multiplicité se rassemble pour parvenir à une unité, elle est appelée : « Église », d’après l’Église supracéleste.

    Voici pourquoi l’Église 87 de l’og[doade fut mani]festée : comme elle [est] andro[gyne, elle [fut] nommée d’après (sa) fraction masculine et d’après (sa) fraction féminine : le mari a été nommé : « Église », 5 la femme : « Vie », afin de manifester que par une femme la Vie se produisit en tous les éons. Chaque nom qu’ils ont reçu depuis le Principe en 10 concordance avec sa Pensée se manifesta, soit les puissances nommées : « Dieux » ; lesquels Dieux par leurs réflexions manifestèrent des « Dieux des Dieux » ; 15 (ces) Dieux, à leur tour, par leurs réflexions manifestèrent des « Seigneurs » ; les Seigneurs des Seigneurs par leurs paroles manifestèrent des « Seigneurs » ; les Seigneurs par 20 leur puissance manifestèrent des « Archanges » ; les Archanges manifestèrent des « Anges ». Grâce à elle la forme spécifique apparut 88 ainsi que configura[tion et forme], afin de donner nom à [tous] ces éo[ns avec] leurs mondes.

    L’ensemble des immortels dont j’ai parlé précédemment ont tous 5 la souveraineté du fait même de la puissance de cet Humain immortel et de la Sagesse, sa conjointe, elle que l’on a surnommée : « Silence ». Si on lui donna le nom de « Silence », c’est que dans une délibération 10 sans paroles elle a atteint sa Grandeur en incorruptibilité. Comme ils ont la souveraineté, ils disposèrent chacun à son usage, de grands royaumes dans tous les cieux 15 immortels et leurs firmaments, trônes, temples proportionnés à leur Grandeur, certains même des demeures et des chars pleins de splendeur, indicibles, 20 choses inexprimables par quelque créature que ce soit. Il disposèrent à leur usage des armées d’anges, des myriades innombrables à (leur) service 89 et à (leur) gloire et en outre, des esprits virginaux d’une lumière indicible. Il n’y a pour eux ni peine ni impuissance, mais c’est un pur 5 désir qui se réalise à l’instant même.

    Ainsi furent complétés les éons, leurs cieux et leurs firmaments, à la gloire de l’Homme immortel et de la Sagesse, sa 10 conjointe — le Lieu quel tous les éons avec leurs mondes de même que ceux qui vinrent à l’existence à leur suite — pour que soient organisées, d’après les modèles de ce Lieu, leurs répliques dans les cieux du Chaos et 15 leurs mondes. C’est alors que toute la nature procédant de l’Immortel, depuis l’Inengendré jusqu’à la révélation au chaos, baigne dans la Lumière illuminante qui est sans ombre, dans une joie indicible 20 et une allégresse ineffable, tandis qu’ils se délectent sans cesse de leur gloire inaltérable ainsi que du repos qui est sans mesure, ce qu’il est impossible d’exprimer 90 et qu’on ne peut concevoir en aucun des éons qui vinrent à l’existence avec leurs puissances. Mais, parvenu à ce point, c’en est assez !

    5 Tout ce que je t’ai dit précédemment, je l’ai dit d’une manière que tu puisses supporter, jusqu’à ce que Celui qui est incommunicable se manifeste en toi. Et alors, toutes ces choses, Il te les dira 10 dans la joie et dans une pure connaissance.

    Eugnoste le Bienheureux

     


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  • LE DEUXIÈME TRAITÉ DU GRAND SETH

    (NH VII, 2)

    Traduit du copte par Louis Painchaud

    Bibliothèque copte de Nag Hammadi, sous la direction de Louis Painchaud, Wolf-Peter Funk et Paul-Hubert Poirier,

    à l’université de Laval, Québec, Canada.

    (PROLOGUE)

    10 La Grandeur parfaite se repose 11 dans la Lumière 12 indicible, dans 13 la vérité, la Mère de tous. 14 Et vous 15 tous, parce que Moi seul suis 16 parfait, vous venez à moi à cause de 17 la Parole. Je demeure en effet avec 18 la Grandeur entière de l’Esprit qui 19 est avec nous et avec ceux qui sont véritablement 20 nôtres. C’est pour glorifier 21 notre Père à cause de sa bonté 22 que j’ai proclamé une parole 23 et une pensée 24 impérissables : c’est la parole 25 qui est en Lui. — C’est un 26 esclavage de dire : « Nous mourrons avec 27 le Christ », avec une Pensée 28 impérissable et immaculée. 29 Merveille insaisissable que cette écriture 30 au sujet de l’eau indicible 31 — c’est de nous 32 qu’est cette parole — :  « C’est Moi qui suis en 33 vous et vous qui êtes en Moi 34 comme le Père 35 est en vous 50 1 en toute innocence. »

    (Origine et nature du Sauveur et des sauvés)

    « Réunissons 2 une Église 3 visitons la création 4 qui est sienne ; envoyons quelqu’un 5 en elle comme il a visité 6 Pensées régions 7 inférieures. » Lorsque je dis cela 8 à la multitude entière 9 de l’Église nombreuse de la Grandeur 10 qui exulte, elle exulta, 11 la maison entière du Père 12 de vérité, car c’est d’elle 13 que je suis issu. Je leur rappelai 14 les Pensées qui étaient sorties 15 de l’Esprit immaculé, 16 la descente sur l’eau 17 — c’est-à-dire les régions inférieures —. 18 Et ils eurent tous une pensée 19 unique car elle est 20 issue d’un seul. Ils se soumirent à 21 mon décret comme je le voulais et 22 je sortis pour révéler 23 la gloire à mes semblables 24 et à mes compagnons en esprit.

    (ORIGINE ET MODE DE L’INCARNATION DU SAUVEUR ET DES SAUVÉS)

    (Origine et mode de l’incarnation des sauvés)

    25 En effet, ceux qui étaient dans le 26 monde avaient été préparés par la volonté 27 de Sagesse, notre soeur — celle 28 qui <était> un Pronicos — à 29 cause de l’innocence. 30 Elle n’a pas été envoyée et 31 n’a rien demandé au Tout, ni à 32 la Grandeur de l’Église, ni au Plérôme, 33 lorsqu’elle se précipita et sortit 51 1 pour préparer des demeures et 2 des lieux pour le Fils de la 3 Lumière. Et c’est 6 afin qu’ils construisent de leurs mains ces maisons 7 corporelles qu’elle prit 4 des collaborateurs 5 parmi les éléments inférieurs, 8 mais ayant succombé à la 9 vanité, ceux-ci atteignirent le comble 10 de la ruine.  Dans les maisons 11 qu’ils habitèrent, 12 préparés par 13 Sagesse, ils sont 14 prêts à recevoir 15 la Parole salvifique au sujet de 16 l’Unité ineffable 17 et de la Grandeur de l’Église 18 de tous ceux qui voient 19 et qui sont 20 en Moi.

    (Origine et mode de l’incarnation du Sauveur)

    J’ai visité une maison 21 corporelle, j’ai expulsé 22 son premier 23 occupant et 24 je suis entré. Et la 25 multitude entière des archontes 26 fut troublée. Et toute la 27 matière des archontes, 28 avec aussi les puissances nées de la terre, 29 tremblait en 30 voyant l’aspect mélangé de l’image : 31 c’est Moi qui logeais 32 en elle et je ne ressemblais pas 33 à celui qui y logeait 34 auparavant. Celui-là était en effet un homme 52 1 de ce monde ; quant à Moi 2 qui suis d’au-dessus 3 des cieux, je ne leur ai pas refusé 4 < … > et d’être 5 Christ, mais je ne me suis pas 6 manifesté à eux dans l’amour 7 qui émanait de Moi. 8 Je laissais paraître que j’étais 9 étranger aux régions 10 inférieures. Il y eut un grand trouble 11 dans le monde terrestre 12 tout entier, 13 confusion et fuite, puis 14 le conseil des archontes. Quelques-uns 15 étaient convaincus à la vue 16 des merveilles accomplies par moi. 17 Et ils ont l’habitude de fuir, 18 tous ceux qui sont issus de la 19 race de celui 20 qui a fui loin du Trône, 21 vers la Sagesse de l’Espérance, 22 lorsque la première elle nous annonça, 23 ainsi que tous ceux 24 qui sont avec Moi : ce sont ceux 25 de la race d’Adonaios. D’autres 26 en revanche se précipitèrent comme 27 à l’instigation du Cosmocrator 28 et de ceux qui sont avec lui, 29 faisant tomber sur Moi toute espèce de châtiment. 30 Et ils se hâtèrent d’appliquer 31 leur esprit 32 à ce qu’ils décideraient 33 à mon sujet, pensant 34 qu’il était toute la Grandeur, et 35 prononçant un faux témoignage 36 aussi contre l’Homme et contre la Grandeur 53 1 entière de l’Église.  2 Ils ne pouvaient pas savoir 3 qui est le Père de vérité, 4 l’Homme de la 5 Grandeur. Ce sont eux en effet qui ont pris 6 ce nom pour désigner un être de et 7 d’ignorance — un brasier 8 et un vase d’argile —, qu’ils ont 9 créé pour la ruine d’Adam, qu’ils 10 ont fabriqué pour revêtir 11 ceux qui sont véritablement 12 leurs. † Mais les 13 archontes appartenant au Lieu de Ialdabaoth 14 dévoilent la sphère des 15 anges, celle que recherchait 16 l’humanité, 17 afin que celle-ci ne connaisse pas l’Homme véritable. 18 Adam leur apparut en effet, 19 celui qu’ils ont façonné.† 20 Un mouvement de crainte se produisit 21 dans toute leur maison à la pensée que 22 les anges qui les entouraient 23 ne se lèvent en effet contre ceux 24 qui rendaient gloire.  Je suis 25 mort, non pas réellement, afin 26 que ne soit pas vain leur 27 Archange. Et alors 28 la voix du 29 Cosmocrator s’adressa aux anges : 30 « Je suis Dieu et il 31 n’y en a pas d’autre en dehors de Moi. » 32 Mais Moi, j’ai ri joyeusement, 33 ayant sondé la vanité de sa gloire. 34 Et lui reprenait de plus belle :  « Qui 54 1 est l’Homme ? ». Et toute l’armée 2 de ses anges, qui avaient vu 3 Adam et sa maison, se moquait 4 de sa petitesse et ainsi, 5 leur pensée fut 6 détournée de la Grandeur 7 des cieux qui est l’Homme 8 de vérité, celui dont 9 ils ont vu le Nom habiter 10 dans une maison de petitesse. Dans la vanité de leur pensée, 13 dans leur moquerie,11 ils sont petits et sans intelligence 12 et cela était pour eux 14 une souillure.

    (Résumé : Nature et origine du vrai Sauveur)

    La Grandeur entière 15 de la Paternité de l’Esprit 16 se reposait dans les 17 lieux qui lui appartiennent.  C’est Moi 18 qui étais avec elle. Je possède 19 une pensée d’une émanation 20 unique issue des éternels, 21 inconnaissables, 22 et incommensurables. 23 Je l’ai placée dans le monde, 24 la petite Pensée,  25 les troublant 26 et semant l’effroi parmi toute la 27 multitude des anges et chez leur Archonte. 28 Et Moi, je les visitais tous 29 par le feu et la 30 flamme à cause de ma pensée, et 31 tout ce qui leur appartient, ils en usèrent 32 contre Moi.  Trouble 33 et combat survinrent dans la sphère 34 des Séraphins et des Chérubins 35 de sorte que leur gloire allait être anéantie, 55 1 avec la confusion qui règne dans la sphère 2 d’Adonaios de part et d’autre, 3 avec leur maison, jusqu’au 4 Cosmocrator et avec celui qui 5 disait : « Emparons-nous de Lui ! » D’autres 6 disaient au contraire : « Le plan ne 7 doit pas se réaliser. » Adonaios me 8 connaît en effet à cause d’Espérance.

    (SORT DU SAUVEUR ET DES ÂMES INCARNÉES)

    (Le Sauveur)

    9 Et j’étais dans la gueule 10 des lions. Quant au plan 11 qu’ils ont ourdi 12 contre Moi en vue de la destruction 13 de leur erreur et de leur déraison, 14 je n’ai pas combattu contre eux comme 15 ils en avaient délibéré. Au contraire, je n’étais 16 nullement affligé. Ils m’ont châtié 17 ceux-là, et 18 je suis mort, non pas en réalité 19 mais en apparence, 20 car les outrages qu’ils m’infligeaient 21 restaient loin de Moi. 22 Je rejetai loin de Moi la honte 23 et je ne faiblis pas devant ce qui 24 m’a été infligé de leurs mains. 25 J’allais succomber à la crainte.  - 26 Et Moi, j’ai 27 à leurs yeux 28 et dans leur esprit, afin qu’ils 29 ne trouvent jamais nulle parole 30 à dire à ce sujet. En effet, cette mort 31 qui est mienne et qu’il pensent 32 être arrivée, pour eux 33 dans leur erreur et 34 leur aveuglement, car ils ont cloué leur 35 homme pour leur propre mort. 36 Leurs pensées en effet ne me virent pas 56 1 car ils étaient sourds 2 et aveugles, 3 mais en faisant cela, ils se 4 condamnaient.  Ils m’ont vu, 5 ils m’ont infligé un châtiment. 6 C’était un autre, leur père.  Celui 7 qui buvait le fiel et le vinaigre, 8 ce n’était pas Moi.  † Ils me flagellaient 9 avec le roseau. † C’était un autre, 10 celui qui portait la croix sur 11 son épaule,  c’était Simon.  12 C’était un autre qui recevait la 13 couronne d’épines.  14 Quant à Moi, je me réjouissais dans la 15 hauteur, au-dessus de tout le domaine qui appartient 16 aux archontes et au-dessus de la semence 17 de leur erreur, de leur 18 vaine gloire et je me 19 moquais de leur ignorance. 20 Et j’ai réduit 21 toutes leurs puissances en esclavage. En effet, 22 lorsque je descendis, nul ne me vit 23 car je me transformais, 24 échangeant 25 une apparence pour une autre et,  26 grâce à cela, lorsque j’étais à leurs portes, 27 je prenais leur apparence. 28 En effet, je les traversai 29 facilement et je voyais les 30 lieux, et je n’éprouvai ni peur 31 ni honte, car j’étais 32 immaculé. Et 33 je leur parlais, me mêlant à eux 34 par l’intermédiaire des miens, et foulant aux pieds 57 1 leur dureté ainsi que leur jalousie 2 et éteignant leur flamme. 3 Tout cela, je le faisais 4 par ma volonté, 5 afin d’accomplir ce que je voulais 6 dans la volonté du Père d’en 7 haut. Et le Fils de 8 la Grandeur qui était caché 9 dans la région inférieure, 10 nous l’avons ramené dans la hauteur, 11 où je demeure dans tous les éons, avec eux, 12 hauteur que personne n’a 13 vue ni connue,  qui est 14 le mariage en vêtement 15 nuptial, le nouveau et 16 non l’ancien. Et il est indestructible, 17 car c’est une chambre nuptiale 18 nouvelle, céleste et parfaite. Je lui 19 révélai qu’il y a 20 trois voies,  mystère 21 immaculé dans l’Esprit 22 de cet éon 23 sans fin. Il n’est pas partiel 24 ni ne peut être dit, 25 mais il est 26 sans division, universel 27 et subsistant.  En effet, l’âme 28 qui vient d’en haut ne parlera pas 29 de l’erreur qui est ici-bas, ni <…> 30 exil loin de ces éons 31 quand elle sera emportée, 32 si elle est libre et si elle 33 se comporte noblement une puissance 4 idéale. De toute part, ils me verront 5 sans haine 6 car en me voyant, ils les voient 7 unis entre eux. Ne m’ayant 8 pas couvert de honte, ils n’ont pas été 9 couverts de honte. N’ayant pas 10 eu peur devant moi, ils passeront toute porte 11 sans crainte et ils atteindront 12 la perfection dans la troisième 13 gloire. Je suis celui dont le monde 14 n’a pas compris l’élévation 15 apparente, le 16 troisième baptême dans une image 17 apparente. Quand fut chassé 18 le feu des 19 sept autorités et que 20 le soleil des puissances 21 des archontes sombra, les ténèbres 22 s’emparèrent d’eux. Et le monde devint 23 pauvre,  alors qu’il était enserré dans 24 une multitude de liens. Il fut 25 cloué au bois et fixé à 26 l’aide de quatre clous de . Le voile 27 de son Temple, 28 il le déchira de ses mains.

    (Les sauvés)

    Un 29 tremblement se saisit du 30 chaos de la terre 31 car elles ont été libérées, les âmes 32 qui gisaient dans l’oubli inférieur, 33 et elles se sont relevées, elles ont 34 marché librement, ayant dépouillé 59 1 jalousie ignorante 2 et sottise 3 auprès de sépulcres de mort, 4 ayant revêtu l’homme nouveau, 5 ayant reconnu ce parfait Bienheureux, 6 issu du 7 Père éternel et insaisissable 8 et de la Lumière infinie, 9 que je suis. Lorsque je suis venu 10 vers les miens et que je les ai 11 unis à moi, il n’y eut pas besoin 12 de nombreuses paroles car notre 13 pensée était unie à leur 14 pensée. C’est pourquoi ils comprirent ce que 15 je disais : nous délibérâmes 16 en effet de la destruction des 17 archontes. Et c’est pourquoi j’ai fait 18 la volonté du Père, que je suis. 19 Lorsque nous sortîmes de notre maison, 20 que nous descendîmes dans ce monde 21 et que nous habitâmes dans le monde, 22 dans les corps, nous fûmes haïs 23 et persécutés, non seulement 24 par - ceux qui sont dans l’ignorance, mais aussi 25 par ceux qui croient 26 posséder le Nom du Christ, 27 alors qu’ils sont vides de connaissance 28 et ne savent pas qui ils 29 sont, comme les animaux 30 sans raison. Ceux que j’ai libérés, 31 ils les poursuivent de leur haine.  32 Ceux-là, quand la porte sera 33 fermée, c’est en vain 34 qu’ils gémiront car ils 60 1 ne m’ont pas connu parfaitement, 2 mais ils ont servi deux maîtres 3 et une multitude. Mais vous, 4 vous vaincrez en tout, 5 querelle, disputes et 6 division née de 7 jalousie et colère. Mais par la 8 droiture de notre amour, nous 9 sommes innocents, purs 10 et bons, gardant souvenir 11 du Père dans un mystère 12 ineffable.  13 C’était un objet de dérision, c’est Moi 14 qui atteste que c’était 15 un objet de dérision que 16 les archontes ne sachent pas qu’il existe une réunion 17 ineffable, vraie, 18 immaculée telle que celle qui existe 19 parmi les fils de la Lumière, 20 dont ils ont fabriqué une contrefaçon 21 en propageant 22 une doctrine au sujet d’un homme mort 23 et des mensonges pour imiter la liberté 24 et la pureté de 25 l’Église parfaite, 26 qu’ils <échangent> par leur doctrine 27 contre crainte et esclavage, 28 des observances de ce monde 29 et un culte répudié. 30 Étant petits et ignorants 31 et ne participant pas 32 de la noblesse véritable, 33 ils détestent ce qu’ils sont 34 et aiment 35 ce qu’ils ne sont pas. 36 En effet, ils n’ont pas conçu 61 1 que la connaissance de la Grandeur 2 émane d’en haut 3 et d’une source de vérité, et 4 non d’esclavage 5 ni de jalousie, ni 6 de crainte, ni d’un désir de la 7 matière de ce monde.  Car ce 8 qui n’est pas à eux et 9 ce qui est à eux, ils l’utilisent 10 sans crainte et avec licence. 11 Ils n’éprouvent nul désir, parce 12 qu’ils ont une autorité 13 et une loi venant d’eux-mêmes sur 14 ce qu’ils pourraient désirer. 15 — Mais habituellement, ceux qui ne possèdent pas 16 sont pauvres, c’est à- dire ceux qui ne le possèdent pas, 17 et ils le désirent. — 18 Et ils égarent ceux qui sont parmi 19 eux,  comme s’ils pouvaient disposer 20 véritablement de leur liberté, 21 comme ils nous ont placés sous 22 le joug et la contrainte de 23 l’observance et de la crainte. Celui-ci est 24 dans l’esclavage. 25 Et celui qu’ils entraînent par 26 la contrainte violente et la menace 27 est sous la surveillance 28 de leur dieu. Au contraire, celui qui appartient totalement 29 à la race noble de la Paternité 30 n’est pas gardé, car il garde 31 lui-même ce qui est sien, sans parole 32 ni contrainte. Il est uni 33 à sa volonté, celui 34 qui appartient à la pensée même de la Paternité, 35 pour la rendre parfaite 36 et ineffable grâce à 62 1 l’eau vive. Soyez 2 dans la sagesse les uns envers les autres 3 non seulement dans l’écoute de la parole, 4 mais en acte 5 et dans l’accomplissement de la parole. 6 En effet, c’est ainsi que les parfaits sont dignes 7 d’être établis et d’être 8 réunis à Moi de sorte qu’ils ne succombent 9 à aucune inimitié dans 10 une communion bénéfique.11 C’est moi qui agis en toute chose en celui qui est bon, 12 car telle est l’union de la vérité, 13 de sorte qu’ils n’aient aucun 14 adversaire. Mais 15 quiconque est source de division — et 16 il ne s’accordera avec personne 17 puisqu’il divise et qu’il 18 n’est pas un ami — est un ennemi 19 pour tous. Au contraire, celui qui vit 20 dans l’accord et la communion 21 de l’amour fraternel, 22 par nature et non par position, 23 en totalité et non 24 partiellement, celui-là est vraiment 25 la volonté du Père. Il est 26 l’universel et l’amour parfait.  27 Quelle dérision qu’Adam 28 qui a été modelé en contrefaçon 29 d’une forme d’homme 30 par l’Hebdomade, 31 comme si elle eût été plus puissante 32 que Moi et mes frères ! 33 Mais nous, nous sommes innocents face à elle 34 car nous n’avons pas péché.  Quelle dérision 35 qu’Abraham, Isaac 36 et Jacob qui furent faussement 37 appelés pères par l’Hebdomade, 38 comme si 63 1 elle eût été plus puissante 2 que Moi et mes frères ! Mais nous,  nous sommes 3 innocents face à elle car nous n’avons pas péché.  4 Quelle dérision que David 5 dont le fils a reçu le nom de Fils de l’Homme, 6 alors qu’il était possédé 7 par l’Hebdomade, 8 comme si elle eût été plus puissante que Moi 9 et ceux de ma race !  Mais nous, 10 nous sommes innocents face à elle 11 car nous n’avons pas péché. Quelle dérision 12 que Salomon, pensant avoir reçu l’onction, 13 il fut poussé à l’orgueil par 14 l’Hebdomade, comme si elle eût été 15 plus puissante que Moi et mes frères ! 16 Mais nous, nous sommes innocents face à elle 17 car n’avons pas péché.  Quelle dérision 18 que les douze prophètes 19 qui furent une fausse imitation des vrais 20 prophètes,  ils furent une 21 contrefaçon produite par 22 l’Hebdomade, comme si elle 23 eût été plus puissante que Moi 24 et mes frères ! Mais nous, nous 25 sommes innocents face à elle car nous n’avons pas péché.  - 26 Quelle dérision que Moïse, 27 esclave fidèle, 28 en lui donnant le nom de compagnon 29 on fait preuve 30 d’impiété, car jamais il ne 31 m’a connu, ni lui 32 ni ceux qui l’ont précédé ! Depuis 33 Adam jusqu’à Moïse et Jean 34 le Baptiste, personne 35 parmi eux ne m’a connu, ni Moi ni 64 1 mes frères. Ce n’était en effet 2 qu’un enseignement dispensé par leurs anges, 3 des observances alimentaires et une 4 amère servitude, de sorte 5 qu’ils n’ont jamais connu la Vérité 6 ni ne la connaîtront. 7 En effet,  une grande illusion recouvre 8 leur âme en sorte qu’ils ne pourront 9 jamais concevoir la 10 liberté ni la connaître, 11 tant qu’ils ne connaîtront pas le Fils 12 de l’Homme. Mais au sujet de mon Père, 13 le monde 14 ne m’a pas compris et pour cette raison, 15 il s’est dressé contre Moi et mes frères. 16 Mais nous, nous sommes innocents face à 17 lui, nous n’avons pas péché. Quelle dérision 18 en effet, que l’Archonte, quand il a dit : 19 « Je suis Dieu et 20 nul n’est plus grand que moi ». — « Moi seul 21 suis le Père et le Seigneur et 22 il n’y en a aucun autre en dehors de moi. » — 23 « Je suis un Dieu jaloux qui reporte 24 les péchés des pères sur 25 les fils jusqu’à la troisième 26 et la quatrième génération », comme s’il 27 eût été plus puissant que Moi et mes frères ! 28 Mais nous,  nous sommes innocents face à 29 lui car nous n’avons pas péché. 30 Nous sommes tellement supérieurs à son enseignement 31 qu’il se trouve dans une vaine 32 gloire et n’est pas en accord 33 avec notre Père. 34 Et notre communion 35 a si bien prévalu sur sa doctrine 36 qu’il s’enorgueillit dans une 37 vaine gloire et n’est pas en 38 accord avec notre Père.  39 En effet, c’était-là dérision, 65 1 jugement et fausse 2 prophétie. Ô vous qui ne 3 voyez pas, vous ne voyez pas votre 4 aveuglement !  En effet, celui qu’ils ne 5 connaissent pas et qu’ils n’ont jamais 6 connu ni 7 compris, 8 ils n’ont pas prêté une oreille 9 attentive à son sujet. C’est pourquoi ils ont médité 10 un jugement erroné 11 et ils ont levé leurs mains 12 souillées et meurtrières sur lui 13 comme s’ils battaient l’air. 14 Quant aux insensés et aux aveugles, 15 ils sont toujours insensés 16 et toujours esclaves 17 d’une Loi et d’une crainte 18 de ce monde.  Je suis Christ, 19 le Fils de l’Homme, qui est issu 20 de vous ; je suis en vous 21 pour être méprisé à cause de vous 22 afin que vous-mêmes, 23 vous oubliiez la différence. 24 Et ne devenez pas femme 25 de peur que vous n’engendriez le mal 26 et ses frères : jalousie 27 et discorde, colère 28 et emportement,  crainte 29 et duplicité, et 30 désir vain, 31 dépourvu d’existence. Mais je suis pour 32 vous un mystère

    ineffable.

    (ESCHATOLOGIE)

    33 Dès, avant 34 la fondation du monde, 35 lorsque se fut réunie la multitude entière 36 de l’Église 37 au-dessus des lieux de l’Ogdoade, 66 1 et qu’elle se fut concertée, elle célébra un 2 mariage spirituel qui est une 3 union.  Et ainsi fut-il accompli 4 dans les lieux ineffables 5 par le Verbe vivant : 6 le mariage 7 immaculé est accompli grâce à la position intermédiaire 8 de Jésus qui prépare 9 et règle toute chose, 10 car il est issu 11 d’une volonté puissante, sans division. 12 Formant un cercle autour de lui, il 13 lui apparaît comme leur 14 Unité à tous, 15 Pensée et Père puisqu’il 16 est un. Et il se tient 17 auprès de tous ; tout entier, il 18 a jailli de lui-même et 19 il est vie issue du 20 Père de la vérité indicible 21 et parfaite 22 de ceux qui sont en ce lieu, 23 l’union de la paix, ami 24 du bien, vie 25 éternelle et joie 26 immaculée, dans une grande harmonie 27 de vie et de foi 28 par la vie éternelle 29 de la Paternité et de 30 la Maternité, de la Fraternité 31 et de la Sagesse spirituelle. 32 Ils s’étaient unis à un l’Intellect 33 se déployant. Il se déploiera 34 dans une union joyeuse, 35 solide, 67 1 et obéissant à un seul. 2 Et cela se produit dans la 3 Paternité, la Maternité, 4 la Fraternité spirituelle 5 et la Sagesse. Et c’est un 6 mariage de vérité 7 et un repos incorruptible 8 dans l’Esprit de vérité 9 en chaque intellect, et une 10 lumière parfaite 11 dans un mystère ineffable. 12 Or cela n’est pas 13 ni ne saurait arriver parmi nous, 14 en quelque région ou lieu, 15 dans la division ou la rupture de 16 la paix. Au contraire, c’est une réunion 17 et un repas d’amour fraternel, 18 du fait que tous sont parfaits en Celui qui 19 est.  Cela aussi dans les lieux 20 qui sont en dessous du ciel, en vue de 21 réunir ceux qui m’ont 22 connu de manière salutaire et sans division 23 avec ceux qui existaient 24 pour la gloire du Père 25 et de la Vérité : après avoir été 26 séparés, ils ont été restaurés dans l’unité 27 par le Verbe vivant.  28 Et je réside dans l’Esprit 29 et dans la Vérité 30 maternelle. Cela est arrivé ici-bas 31 de la manière suivante : j’ai habité en ceux 32 qui sont réunis en tout temps 33 dans une communauté fraternelle 34 et qui ne connaissent 35 nulle hostilité 36 ni malice, mais qui sont réunis 68 1 par ma connaissance, 2

    dans la parole et la paix 3 qui réside en plénitude 4 avec tous et en 5 tous. Et ceux qui 6 se sont conformés à mon exemple 7 recevront la forme de ma Parole. Ils 8 avanceront dans une Lumière éternelle 9 et dans une fraternité mutuelle 10 dans l’Esprit, ayant reconnu 11 en toute chose, sans division, 12 que ‘Celui qui est’ est un. 13 Et ils sont tous un 14 et ainsi ils recevront un enseignement au 15 sujet de l’Un, comme l’Église et ceux qui 16 sont réunis en elle. Car le Père est en 17 tous, il est incommensurable 18 et immuable : Intellect, 19 Parole, Séparation, 20 et Flamme. 21 Et il est tout entier un puisqu’il 22 est tout en tous dans un seul 23 enseignement, puisque 24 tous sont issus d’un seul Esprit.  25 Ô aveugles, que 26 n’avez-vous connu 27 le mystère en vérité ?  28 Au contraire, les archontes 29 de la sphère de Ialdabaoth furent indociles concernant 30 la Pensée qui descendit vers celui-ci 31 de la part de sa soeur Sagesse. 32 Ils se sont fabriqué une réunion 33 avec ceux qui sont en leur 34 compagnie dans un mélange de 69 1 nuée de feu — c’était 2 leur jalousie — et avec tous les autres 3 qui ont été produits 4 par les créatures qu’ils ont modelées, comme s’ils 5 avaient pétri le noble 6 plaisir de l’Église. 7 Et pour cette raison, ils ont révélé 8 un mélange d’ignorance 9 dans une contrefaçon 10 de feu et de terre 11 et un meurtrier, car ils 12 sont petits et sans instruction. 13 C’est sans savoir qu’ils ont eu 14 cette audace et ils n’ont pas compris 15 que la lumière s’unit à la 16 lumière, les ténèbres aux 17 ténèbres, la 18 souillure à la corruption 19 et l’incorruptible à l’immaculé.

    (ÉPILOGUE)

    20 Mais cela, je vous l’ai transmis, 21 Moi, Jésus-Christ, le Fils de l’Homme 22 qui est élevé au-dessus des cieux, 23 ô parfaits et immaculés, 24 au sujet du mystère 25 immaculé et parfait 26 et de l’ineffable — mais ils pensent 27 que nous nous sommes soumis à leurs décrets 28 depuis la fondation 29 du monde — afin que, 30 lorsque nous sortirons des lieux 31 de ce monde, nous nous donnions 32 là-bas les symboles de 33 l’incorruptibilité, grâce 34 à la réunion spirituelle, dans le but de nous 70 1 faire reconnaître.  Mais vous, vous ne 2 savez pas cela parce que le nuage 3 de la chair vous couvre de son ombre. 4 C’est Moi le conjoint de 5 la Sagesse elle-même, j’ai demeuré dans le sein 6 du Père depuis le commencement, dans 7 la demeure des fils de la Vérité 8 et de la Grandeur. Aussi, reposez avec 9


    Moi, mes compagnons dans l’Esprit et mes 10 frères pour l’éternité !  11 Deuxième Traité 12 du Grand Seth.



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  • Évangile de Jésus Christ selon Marie-Madeleine

     

    Ce jour-là les disciples étaient assemblés au sommet d’une montagne. Le maître se tenait parmi eux en silence. Et Myriam était auprès de lui. André dit : « Maître, voici que ton silence nous étonne. Pourquoi nous avoir réunis ? N’as-tu rien à nous dire, aujourd’hui ? » Alors l’Enseignant leur répondit : « Et vous, n’avez-vous rien à me dire ? Pourquoi serait-ce la source qui devrait aller au devant des pèlerins ? Le pèlerin oublie parfois qu’il a des jambes pour marcher. Il oubli que ce n’est pas la route qui défile sous lui mais son esprit qui se projette vers l’horizon. Demandez, si votre intention est de recevoir. Lorsque la terre a soif, C’est elle qui doit appeler la pluie. » Voilà que Simon-Pierre se leva d’entre tous et dit : « Maître, chaque jour nous Te suivons et nous T’écoutons. Pourtant, notre cœur connaît toujours la sécheresse. Chaque jour, nous espérons la quiétude et la joie. Mais celles-ci ne viennent pas nous visiter. Dis-nous pourquoi La Force de l’Éternel n’est-elle pas dans Tes paroles Plus nous suivons Tes empreintes sur la terre Plus nous sommes troublés Et l’eau continue de nous manquer. » Le Maître ne les regarda pas et dit : « Où est la faiblesse ? » Puis, il se mit en silence. Simon-Pierre parla à nouveau : « La faiblesse est étrangère à l’Éternel Elle s’est installée dans l’homme par ses oreilles. » André leva une main et dit : « Pourquoi interroger le Maître puisque tu sais la réponse ? » Alors l’Enseignant se leva et dit : « Toi aussi tu sais, mais lui commence à comprendre. Celui qui veut comprendre pour enfin connaître Et Entend qu’il ne doit pas suivre mes empreintes, Mais poser les siennes au-dedans, Car c’est au-dedans qu’il se trouvera,Car c’est au-dedans que se retrouve la joie perdue, Car c’est au-dedans, aussi, que ce trouve La porte vers l’extérieur des mondes, L’Extérieur qui est le véritable Intérieur. Ainsi, la joie sourit à celui qui ne recueille mes paroles, Mais à celui qui se déplace dedans. »L’un des disciple demanda : « Dis-nous comment faire pour se déplacer au-dedans. » Alors le Maître dit : « Commencez par vous placer en Lui. N’allez pas dans les cassures Car en vérité, il n’y a pas de frontière. Seuls les yeux créent la frontière Parce qu’ils ne voient pas l’Intérieur qui se tient dans l’extérieur. Seul l’œil crée l’union. C’est par lui que vous vous déplacerez en Lui. L’œil crée le Monde qui fait les mondes. L’oreille qui entend crée l’œil et le fait grandir. Ainsi, la réalité qui s’ouvre à l’œil et à l’oreille Ouvre la route à une autre réalité. L’un nourrit le multiple Et le multiple renvoie toujours à l’Un. Je vous l’annonce : Ne séparez pas, Déplacez- parmi les séparations. C’est de cette façon que vous vous placerez en vous. Ceci est la voie de la quiétude, Car la quiétude est un centre dans le changement. » Simon-Pierre parla avec ces mots : « Le Un s’approche dans la quiétude et la joie. Le Un est stable et seul. Mais, dis-nous comment placer la stabilité dans le changement. » L’Enseignant leur répondit : En contemplant la réalité du rêve des mondes, Puis en imaginant le Rêve derrière ce rêve. » Le disciple André s’étonna devant tous : « Faut-il rêver ? » Alors le Maître lui dit : Il faut sortir du rêve des mondes Car la joie naît dans le Rêve Qui conçut,le jeu des rêves et des mondes Que comprenne celui qui a l’intention de comprendre. Que dorme celui qui se plaît dans la plainte des rêves. Je vous le dis ainsi : L’Un est dans l’éveil au Rêve. » Le disciple s’exprima encore : « Enseigne-nous : le Rêve est-il la cessation de la souffrance ? » Le Maître parla à tous en ces termes : Le Rêve est le dépassement du rêve des frontières, Et les frontières sont la souffrance Car la souffrance est le toi Et le moi qui se rêvent deux. » Alors Simon-Pierre interrogea : « Mais la Matière et la Non-matière font partie du Rêve du monde. Comment sortir des frontières ? » L’Enseignant les bénit tous puis leur dit: La Matière et la Non-matière font partie du Rêve du monde. Elles sont Un, elles sont le jeu Par lequel l’Oubli tisse son œuvre. La séparation est un jeu. De même que la souffrance, Et que la souffrance naît de l’orgueil premier qui joue à séparer. La Matière, je vous le dis, est un sourire de l’Éternel Pour nous faire sortir des mondes Et nous faire vouloir la Réalité.  Simon-Pierre prit à nouveau la parole : « Dis-nous, maintenant, Qu’est-ce que la réalité ? » Le Maître dit : La Réalité est Ce qui a conçu le jeu des réalités. La Réalité est Ce qui vous fera déplacer vos empreintes au-dedans des miennes. Elle est Imagination dans la confiance. C’est Elle qui engendre la Connaissance. » Le disciple interrogea encore : « Nous avons soif. Comment atteindre la Réalité ? » L’Enseignant parla à tous : « En désassemblant ce qui n’est pas Un. En contemplant la Matière qui invente la cassure. En aimant la cassure pour ses jeux. En aimant ses jeux pour sa route vers le Jeu. » Puis il dit encore : « En osant. » L’un des disciples se leva alors et questionna : « Et dis-nous maintenant : Que signifie la Matière ? Devons-nous croire qu’elle se perpétue indéfiniment ? » Le Maître enseigna : « Tout ce qui a été inventé et qui a été créé, Tous les éléments composant la nature des mondes Sont interdépendant et mariés en eux. Mais sera désassemblé tout ce qui a été assemblé, Afin que tout retourne à la Racine-mère. Ainsi, que celui qui a des oreilles pour écouter Appelle l’Oreille pour entendre. » Simon-Pierre demanda : Puisque tu te dis messager et interprète Des éléments et des phénomènes de ce monde, Dis-nous donc : Quelle est la nature de la faute ? » Le Maître se leva la main et dit : « La faute n’existe pas. Car c’est vous seuls qui lui donnez existence. Vous faites cela à chaque fois que vous vous pliez aux réflexes De votre réalité construite et adultère Voilà de quelle façon la faute prend forme. Voilà aussi pourquoi le Bien vous a visités. Le Biens a participé aux éléments de vos réalités Afin de marier à nouveau celles-ci à la Racine-Mère. » Le Maître poursuivit et dit : « Écoutez la raison qui fait de vous des malades Et aussi des mourants : Voyez les rêves de vos actions, Et vous saurez ce qui vous éloigne de vous. Que comprenne celui qui veut comprendre. De l’enchaînement aux jeux de la Matière Naît un passion contre l’Essence-mère Et un trouble vient alors à surgir dans le corps. Voilà pourquoi, en vérité, je vous annonce : Recherchez l’harmonie avec l’Essence. Et s’il advient que vous êtes sen rupture avec l’ordre de Celle-ci, Inspirez-vous de toutes les images évoquant votre réalité profonde. Ainsi, que celui qui a développé des oreilles Apprenne à entendre par l’Oreille. » Après ces mots, le Bienheureux leur accorda Sa bénédiction. « Que la Paix soit avec vous. Que ma Paix prenne racine, s’incarne en vous et se multiplie. Et que personne ne vous égare en disant : « Que la Paix soit avec vous. Car, en vérité, c’est en votre centre Que réside Celui qui a pour nom Fils de l’homme. Amenez à Lui en allant à Lui. Parce que ceux qui ont pour volonté de Le chercher Le trouve. Levez-vous donc, Et faites-vous les témoins de la Parole de votre Royaume. Gardez-vous bien d’imposer des règles Au-delà de celles dont je brandis le flambeau Faute de quoi, vous sombreriez plus encore en esclavage. Je suis Celui qui ravive le Souvenir. » Après avoir prononcé ces paroles, le Maître les quitta. Ses disciples ressentirent la solitude et la peine. Certains pleurèrent abondamment en disant : Faut-il vraiment se rendre chez ceux qui ne veulent pas croire, Et leur annoncer le royaume essentiel du Fils de l’homme ? Ceux-là ne l’ont pas épargné, Alors comment nous feraient-ils grâces ? » Ce fut pour cela que Myriam se leva, Qu’elle les embrassa et annonça à ses frères : « Pourquoi demeurez-vous dans le doute et la souffrance ? Je vous le dis, Son essence de Lumière ne nous quitte pas. C’est Elle qui nous protégera. Louons-Le, Celui qui nous a restaurés et préparés, Car voilà qu’Il nous demande de redevenir de véritable Humains. » Par ces paroles, Myriam orienta le cœur des disciples vers le bien,  Et ceux-ci s’ouvrirent un peu plus aux paroles de l’Enseignant. Simon-Pierre s’adressa tout haut à Myriam : Toi qui est sœur de chacun de nous, Nul n’ignore que le Maître t’aimée autrement que les autres femmes. Selon les paroles qu’Il t’a confiées, enseigne-nous maintenant. Dis-nous les mots que ta mémoire privilégie Et auxquels nous n’aurions pas eu accès. » Myriam se rapprocha et leur dit à tous : 3 Ce que vous n’avez pas été capable d’entendre, C’est bien moi qui ai pour charge de vous l’annoncer ; J’ai eu une vision du Maître Et voici que je lui ai dit : « Maître, pourquoi Te vois-je là, sous cette forme ? » Et il me répondit au-dedans de moi : « Toi, la Bien-aimée, tu n’oublies pas ton centre lorsque je parais. Tu ne regarde pas, tu vois et tu apprends à être. Alors écoute : Là où se tient le noûs là réside l’inestimable joyau, Celui qui s’appelle la Porte. » Aussitôt, je Lui dis au-dedans de moi « Mon Maître et Bien-aimé, celui qui peut contempler Ton apparition au sein du Temps, Dis-moi s’il voit avec les yeux de son âme Ou s’il respire Ta présence par son esprit. » Le Maître me répondit : Il ne me reçoit ni par l’âme ni par l’esprit Mais il me contemple par la Porte du noûs, La Porte qui apprend à voir et à laisser venir le Souffle. Je lui demandai encore : « Parle-moi de cette Porte. Suis-je à son seuil ? » Alors l’Enseignant déposa en moi cette réponse : « En vérité, est à son seuil exact Celui qui ne se soucie par de la Porte mais de la réalité qu’elle voile. Ainsi, celui qui regarde ses yeux, Ne voit pas son Œil. Le noûs est une mort parce qu’il est réveil. Ill est la mort des images assemblées. Il est l’instant où les masques se désagrègent Et où la Matière avoue qu’elle est un jeu Sa Porte est un sourire Entre les réalités et le Un. Par le noûs, l’Essence humaine contemple le Un Qui engendre le Deux par amour. » Puis, le Maître me dit encore : « La conscience de l’amour est engendrée par la Séparation. Ainsi en est-il, il faut mourir de plusieurs morts Pour connaître la lumière de la naissance. » Alors je demandais au-dedans de moi : « Dis-moi comment atteindre cette porte. » La vision de l’Enseignant s’approcha Et parla ainsi : « Je te dirai comment passer cette Porte Car le réveil ne connaît pas de demi-mesure En vérité, le réveil naît du souvenir de l’Oubli Et de la dénonciation de l’oubli dans les actes. Atteindre le noûs s’obtient par l’amour. La manifestation de l’amour s’obtient par l’exigence. » Voilà ce que le Maître me confia et que vous n’avez pu entendre. » Simon-Pierre montra Myriam à tous et dit : « Qui est cette femme ? Quel est son mérite pour avoir reçu l’Enseignant ? Nous avons toujours soif. Parle-nous encore, toi notre Sœur qui Le connaît. » Myriam baissa son voile sur ses yeux et parla alors ainsi : « Voici autre chose qu’Il m’enseigna Mais seuls pourront boire ceux qui ont déjà réveillé la Source en eux. Il advint que le Maître me remit ces paroles : « L’exigence est pureté et discipline. Elle traverse les mondes avec l’être Qui cherche le Cœur qui se cache dans le cœur, Parce qu’elle est aussi volonté. Les masques faibles ne peuvent même pas entrevoir la Porte du noûs. Ils n’appellent pas l’exigence Mais regardent les autres masques Et leur donnent le nom de faibles Les masques qui jouent entre eux Simulent la soif tandis que leur terre est sèche. Comment vivre dans la sécheresse et le refus de l’eau ? C’est ainsi que vous naissez à la mort, par la faiblesse du vouloir. » André parla plus fort que les autres disciples. Il dit à Myriam en la montrant du doigt : « Pourquoi devrions nous te croire ?  Pourquoi l’Enseignant t’aurait-il nourrie ainsi, Toi qui est femme ? » Myriam le regarda et répondit : C’est des femmes que viennent les naissances. Pour quelle raison la Naissance ne viendrait-elle pas de la femme ? » Le disciple Simon-Pierre se leva alors Et trouva ces mots pour tous : « Notre sœur, ces paroles nous étonnent Et nous font peur. Néanmoins, dis-nous encore car nous savons tous Que le Maître t’a souvent rencontrée. » Alors, Myriam tira son voile sur son visage et parla ainsi : « Le Bienheureux m’enseigna le voyage de l’âme Qui se découvre et se contemple C’est le voyage des écorces vers la sève, Celui qui dessine la clé de la Porte du noûs. Voici : l’âme visite les mondes de la Colère. Elle découvre un premier état qui la retient. Il se nomme Ténèbres Et il est amour de la prison. Ténèbre dit à l’âme : « Pourquoi m’as-tu aimée, toi qui est étincelle ? » Lorsqu’elle entendit cette question, l’âme prononça au-dehors ces mots : « Je t’ai aimée parce que tu étais Séparation Et que la Séparation est le sommeil qui est né de l’orgueil. » Alors l’âme partit à la rencontre du deuxième état. Celui-là s’appelait Convoitise. En se voyant traversée, celle-ci lui demanda : « Je ne vois pas comment tu as pu descendre Alors que je te découvre maintenant dans l’ascension. Dis-moi le pourquoi du mensonge Qui naît de l’orgueil et de l’envie Puisque tu es parcelle et nourriture de mon être ? » L’âme répondit : « Parce que moi je t’ai devinée Et que toi, tu n’as pas su reconnaître ma vérité. Tes yeux n’ont pas voulu apprendre à me distinguer Même si j’étais mêlée et unie à toi comme à un vêtement. » Lorsqu’elle eut dit cela, L’âme alla son chemin plus nue et dans la joie jusqu’à ce qu’elle traverse le troisième état, Celui qui a pour nom Ignorance. Ignorance interrogea aussitôt l’âme : « De quelle façon serpente ton chemin ? N’y a-t-il pas, en toi, une étrange maladie ? En effet, tu es devenue esclave  Parce que dépourvue de la claire vision. » L’âme répondit : « Pourquoi me juger, moi qui par essence ne juge pas, Moi qui ai accepté la domination sans avoir dominé ? Nul ne m’a reconnue Alors que moi, j’ai vu en moi Que toute chose assemblée et non Une Serait désassemblée sur les terres et dans les cieux. »Un fois sortie du troisième état, L’âme continua son ascension. Elle mit longtemps à apercevoir le quatrième état. Cet état contenait à lui seul sept autres mondes. Le premier d’entre eux se nommait Ténèbres. Le second Convoitise. Le troisième Ignorance entretenue. Le quatrième Poison jalousie. Le cinquième Prison charnelle. Le sixième Sagesse ivre Le septième Courroux de sagesse. Elle s’attarda longuement dans ce quatrième état. Ainsi, s’énumèrent les mondes de la Colère Par lesquels l’âme étouffe d’interrogations Car la Colère est venue de la Rébellion Et la Rébellion est ténèbres de la Séparation. Colère demanda à l’âme : « Quelle est ton origine, à toi qui a appris à tuer ? Quel est ton but, à toi qui ne te déplaces que dans l’errance ? » Alors l’âme répondit : Tout ce qui m’étouffait a été desséché Et tout ce qui me voilait l’horizon par des frontières S’est évaporé Parce que j’ai voulu le regarder. Ainsi, ma convoitise s’en est-elle allée, Ainsi, suis-je sortie du cercle de l’ignorance, Et ainsi, l’orgueil s’est-il épuisé. Voilà, j’ai trouvé ‘issue du décor Par la pénétration d’un autre décor. Une image s’est effacée Par la grâce d’une autre plus pure et plus une. C’est maintenant que j’entame mon chemin de quiétude. La quiétude annonce la Paix là ou le Temps s’immobilise dans l’Éternité. En vérité, mon chemin est un chemin de silence. » Après avoir parlé de la sorte, Myriam se tut. Chacun vit alors de quelle façon le Maître l’avait enseignée. Puis se fut à André de s’adresser à ses Frères : Donnez-moi votre pensée sur ce que cette femme vient de raconter. En ce qui me concerne, je n’accorde pas foi Au fait que le Maître ait pu s’exprimer ainsi, De telles paroles nous séparent de ce que nous avons pu approcher. » Simon-Pierre regarda André et se leva : « Acceptons-nous comme possible Qu’une femme ait reçu de semblables paroles de la bouche du Maître ? Qu’ils lui confia des secrets auxquels nous n’avons pas eut accès ? Devrons-nous changer de regard et de chemin En acceptant d’ouvrir nos oreilles à une telle femme ? Je vous le demande, est-ce qu’Il a choisie de préférence à nous ? »  Myriam se mit alors à pleurer Et elle dit à Simon-Pierre : « Mon frère en esprit, qu’est-ce que tu traverses ? Penses-tu que j’ai inventé cette vision Et qu’à propos de notre Enseignant, je dise des mensonges ? » Lévi se leva entre tous et dis : Simon-Pierre, nous t’avons toujours vu fougueux. Pourquoi te retourner maintenant contre la femme De la même façon que nos adversaires ? Si le Maître l’a rendue digne de Son cœur Qui es-tu, toi, pour la rejeter ? En vérité, l’Enseignant qui la connaît très bien L’a aimé plus que nous Parce que son âme a fait un grand voyage Regardons maintenant notre faiblesse, Et ne tardons plus à devenir à devenir totalement Humains. Laissons l’Humain prendre racine en nous Et pousser comme un arbre, Car c’est ainsi que le Maître l’a demandé. Partons, sans attendre, annoncer la nouvelle Que dans notre âme, il n’y ait d’autre règle Que celles dont Lui est le témoin. » Dès que Lévi eut dit ces mots, Il y eut silence, puis, les disciples se levèrent ensemble pour aller offrir la Parole.

     

    Évangile de Jésus Christ selon Marie-Madeleine


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  • EVANGLIE DE JESUS CHRIST SELON DIDYME JUDE THOMAS

    Voici les paroles secrètes que Jésus le Vivant a dites et que Didyme Jude Thomas a écrites.

    1  Et il a dit : « Celui qui trouvera les interprétations de ces paroles ne goûtera jamais la mort. »
    2  Jésus a dit : « Que celui qui cherche ne cesse pas de chercher, jusqu’à ce qu’il trouve. Et, quand il aura trouvé, il sera troublé ; quand il sera troublé, il sera émerveillé, et il règnera sur le Tout. »
    3  Jésus a dit : « Si ceux qui vous guident vous disent : Voici, le Royaume est dans le ciel, alors les oiseaux du ciel vous précéderont ; s’ils vous disent qu’il est dans la mer, alors les poissons vous précéderont. Mais le Royaume est à l’intérieur de vous, et il est à l’extérieur de vous. Lorsque vous vous connaîtrez, alors on vous connaîtra ; et vous saurez que c’est vous les fils du Père vivant. Si au contraire vous ne vous connaissez pas, alors vous êtes dans la pauvreté, et c’est vous la pauvreté.  »
    4  Jésus a dit : « L’homme vieux dans ses jours n’hésitera pas à interroger un petit enfant de sept jours à propos du lieu de la vie, et il vivra. Car beaucoup de premiers seront derniers, et ils deviendront un seul. »
    5  Jésus a dit : « Reconnais ce qui est devant ta face, et ce qui t’est caché te sera dévoilé. Car il n’y a rien de caché qui ne sera manifesté. »
    6  Ses disciples l’interrogèrent et lui dirent : « Veux-tu que nous jeûnions ? Et comment prierons-nous ? Donnerons-nous l’aumône ? Et pour ce qui concerne la nourriture, quelles normes observerons-nous ? » Jésus dit : « Ne dites pas de mensonges, et ne faites pas ce que vous haïssez, puisque tout est dévoilé devant le ciel. Car il n’y a rien de caché qui ne sera manifesté et rien de couvert qui restera sans être dévoilé. »
    7  Jésus a dit : « Heureux le lion que l’homme mangera, et le lion deviendra homme ; et maudit est l’homme que le lion mangera, et le lion deviendra l’homme. »
    8  Et il a dit : « L’homme est semblable à un pêcheur avisé, qui jeta son filet à la mer et l’en retira plein de petits poissons ; parmi eux, le pêcheur avisé trouva un gros et beau poisson ; il rejeta tous les petits à la mer, et choisit le gros sans difficulté. Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ! »
    9  Jésus a dit : « Voilà, le semeur sortit, la main pleine de semences, et les lança. Quelques-unes tombèrent sur le chemin ; les oiseaux arrivèrent, et les ramassèrent ; d’autres tombèrent sur la pierre et ne prirent pas racine en profondeur ni ne firent monter d’épis vers le ciel ; d’autres tombèrent dans les épines : celles-ci étouffèrent la semence, et le ver dévora les grains ; d’autres tombèrent dans la bonne terre, et celle-ci fit monter du bon fruit vers le ciel : elle produisit soixante mesures pour une et cent vingt pour une. »
    10  Jésus a dit : « J’ai jeté un feu sur le monde, et voici, je le garde jusqu’à ce que le monde brûle. »
    11  Jésus a dit : « Ce ciel passera, et celui qui est au-dessus de lui passera ; ceux qui sont morts ne vivent pas, et ceux qui vivent ne mourront pas. Les jours où vous mangiez ce qui est mort, vous en faisiez quelque chose de vivant ; lorsque vous serez dans la lumière, que ferez-vous ? Le jour où vous étiez un, vous êtes devenus deux ; mais quand vous serez devenus deux, que ferez-vous ? »
    12  Les disciples dirent à Jésus : « Nous savons que tu nous quitteras. Qui deviendra la plus grand parmi nous ? » Jésus leur dit : « Où que vous soyez allés, vous irez vers Jacques le Juste, pour qui ont été faits le ciel et la terre. »
    13  Jésus a dit à ses disciples : « Faites une comparaison et dites-moi à qui je ressemble. » Simon Pierre lui dit : « Tu es semblable à un ange juste. » Matthieu lui dit : « Tu es semblable à un philosophe intelligent. » Thomas lui dit : « Maître, ma bouche est tout à fait incapable de dire à qui tu es semblable. » Jésus répondit : « Je ne suis pas ton maître ; puisque tu as bu, tu t’es enivré à la source bouillonnante que j’ai fait jaillir. » Et il le prit à part et lui dit trois paroles. Quand Thomas revint auprès de ses compagnons, ils lui demandèrent : « Que t’a dit Jésus ? » Thomas leur répondit : « Si je vous dis une seule des paroles qu’il m’a dites, vous prendrez des pierres et vous les lancerez contre moi ; et alors un feu sortira des pierres et vous brûlera. »
    14  Jésus leur a dit : « Si vous jeûnez, vous vous attribuerez un péché ; si vous priez, vous serez condamnés ; si vous donnez l’aumône, vous nuirez à votre esprit. Et lorsque vous allez dans n’importe quel pays et que vous marchez dans les villages, si on vous reçoit, mangez ce qu’on mettra devant vous, et soignez les habitants qui sont malades ; car ce qui entre dans votre bouche ne vous souillera pas, mais ce qui sort de votre bouche, c’est cela qui vous souillera. »
    15  Jésus a dit : « Quand vous verrez celui qui n’a pas été engendré par une femme, alors prosternez-vous, la face contre terre, et adorez-le : c’est lui votre Père. »
    16  Jésus a dit : « Peut-être les hommes pensent-ils que je suis venu jeter la paix sur le monde ; ils ne savent pas que je suis venu jeter les divisions sur la terre : feu, épée et guerre. Car il y en aura cinq dans une maison : trois contre deux et deux contre trois, le père contre le fils et le fils contre le père ; et ils se tiendront debout, en étant un seul. »
    17  Jésus a dit : « Je vous donnerai ce qu’aucun œil n’a vu et ce qu’aucune oreille n’a entendu et ce qu’aucune main n’a touché et ce qui n’est jamais monté au cœur de l’homme. »
    18  Les disciples demandèrent à Jésus : « Dis-nous comment sera notre fin. » Jésus dit : « Avez-vous donc découvert le commencement pour que vous cherchiez la fin ? Car, là où est le commencement, là sera la fin. Heureux celui qui se tiendra debout dans le commencement ; il connaîtra la fin et ne goûtera pas la mort. »
    19  Jésus a dit : « Heureux celui qui était avant d’être ! Si vous devenez mes disciples et que vous écoutez mes paroles, ces pierres vous serviront. Car vous avez dans le paradis cinq arbres, qui ne changent ni en été ni en hiver et dont les feuilles ne tombent pas. Quiconque les connaîtra ne goûtera pas la mort. »
    20  Les disciples dirent à Jésus : « Dis-nous à quoi est semblable le Royaume des cieux. » Il leur répondit : « Il est semblable à un grain de sénevé, la plus petite de toutes les semences. Mais lorsqu’il tombe sur une terre travaillée, il produit une grande branche et devient un abri pour les oiseaux du ciel. »
    21  Marie dit à Jésus : « À qui ressemblent tes disciples ? » Il répondit : « Ils ressemblent à des enfants qui se sont installés dans un champ qui ne leur appartient pas. Quand les maîtres du champ viendront, ils diront:  Laissez-nous notre champ. Ils se mettent tous nus en face d’eux, et ils leur donnent leur champ. C’est pourquoi je dis : Si le maître d’une maison sait que le voleur va venir, il veillera avant qu’il n’arrive, et il ne permettra pas qu’il entre par la force dans la maison royale et qu’il en emporte les biens. Quant à vous, soyez vigilants en face du monde, ceignez vos reins avec grande force, de peur que les voleurs ne trouvent un passage pour arriver jusqu’à vous ; car le profit que vous attendez, ils le trouveront. Qu’il y ait parmi vous un homme d’expérience ! Quand le fuit est mûr, il vient tout de suite, la faucille à la main, et le cueille. Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ! »
    22  Jésus vit des petits qui suçaient le lait. Il dit à ses disciples : « Ces petits qui sucent le lait sont semblables à ceux qui entrent dans le Royaume. » Ils lui dirent : « Alors en devenant petits, nous entrerons dans le Royaume ? » Jésus leur répondit : « Lorsque vous ferez des deux un, et que vous ferez l’intérieur comme l’extérieur, et l’extérieur comme l’intérieur, et le haut comme le bas, et que vous ferez du mâle et de la femelle un seul et même être, de façon à ce que le mâle ne soit plus mâle et que la femelle ne soit plus femelle ; lorsque vous ferez des yeux au lieu d’un œil, une main au lieu d’une main, un pied au lieu d’un pied, une image au lieu d’une image, c’est alors que vous entrerez dans le Royaume. »
    23  Jésus a dit : « Je vous choisirai, un entre mille et deux entre dix mille, et ils se tiendront debout, en étant un seul. »
    24  Ses disciples lui dirent : « Montre-nous le lieu où tu es, parce qu’il est nécessaire pour nous de le chercher. » Il leur répondit : « Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! Il y a de lumière dans un homme de lumière, et il illumine le monde entier ; s’il n’illumine pas, c’est l’obscurité. »
    25  Jésus a dit : « Aime ton frère comme ton âme ; veille sur lui comme sur la pupille de ton œil. »
    26  Jésus a dit : « La paille qui est dans l’œil de ton frère, tu la vois, mais la poutre qui est dans le tien, tu ne la vois pas. Quand tu auras enlevé la poutre qui est dans ton œil, alors tu verras assez bien pour enlever la paille de celui de ton frère. »
    27  Jésus a dit : « Si vous ne jeûnez pas par rapport au monde, vous ne trouverez pas le Royaume. Si vous ne faites pas du sabbat un sabbat, vous ne verrez pas le Père. »
    28  Jésus a dit : « Je me suis tenu debout au milieu du monde, et je me suis manifesté à eux dans la chair ; je les ai trouvés tous ivres ; je n’en ai trouvé aucun d’entre eux qui eût soif. Et mon âme s’est affligée pour les fils des hommes, parce qu’ils sont aveugles dans leur cœur, et n’arrivent pas à voir ; puisqu’ils sont venus dans le monde vides, et c’est vides aussi qu’ils cherchent à en sortir ; mais en ce moment ils sont ivres. Quand ils auront rejeté leur vin, alors ils se convertiront. »
    29  Jésus a dit : « Si la chair est venue à l’existence à cause de l’esprit, c’est une merveille ; mais si l’esprit est venu à l’existence à cause du corps, c’est une merveille des merveilles. Mais moi, je m’émerveille de ceci : comment cette grande richesse a-t-elle habité dans cette pauvreté ? »
    30  Jésus a dit : « Là où il y a trois dieux, il y a des dieux ; là où il y en a deux ou un, je suis avec lui. »
    31  Jésus a dit : « Un prophète n’est pas accepté dans son propre village ; un médecin ne soigne pas ceux qui le connaissent. »
    32  Jésus a dit : « Une ville édifiée sur une haute montagne et fortifiée ne peut tomber ni rester cachée. »
    33  Jésus a dit : « Ce que tu entendras dans ton oreille, proclame-le sur les toits à l’oreille d’autrui. Car personne n’allume une lampe pour la mettre sous le boisseau, ni dans un endroit caché ; mais au contraire, il la place sur un lampadaire, de façon à ce que quiconque entre et sort puisse voir sa lumière. »
    34  Jésus a dit : « Si un aveugle conduit un aveugle, ils tombent tous les deux dans une fosse. »
    35  Jésus a dit : « Il n’est pas possible que quelqu’un entre dans la maison d’un homme puissant et la prenne par la force, à moins qu’il ne lui ait lié les mains ; alors seulement il pourra piller sa maison. »
    36  Jésus a dit : « Ne vous inquiétez pas du matin au soir ni du soir au matin au sujet de ce que vous vêtirez. »
    37  Ses disciples dirent : « Quand est-ce que tu te manifesteras à nous et quand pourrons-nous te voir ? » Jésus répondit : « Lorsque, pareils à de petits enfants, vous vous déshabillerez sans avoir honte et que vous prendrez vos vêtements et les piétinerez, c’est alors que vous verrez le fils du Vivant ; et vous n’aurez pas peur. »
    38  Jésus a dit : « Bien des fois vous avez désiré entendre ces paroles que je vous dis, sans avoir nul autre de qui les entendre. Il y aura des jours où vous me chercherez, mais vous ne me trouverez pas. »
    39  Jésus a dit : « Les pharisiens et les scribes ont reçu les clés de la gnose et ils les ont cachées. Eux, ils ne sont pas entrés, et à ceux qui voulaient entrer ils ne l’ont pas permis. Quant à vous, soyez prudents comme les serpents et simples comme les colombes. »
    40  Jésus a dit : « Un cep de vigne a été planté en dehors du Père et, n’étant pas solide, il sera arraché jusqu’à sa racine et détruit. »
    41  Jésus a dit : « À celui qui a quelque chose dans la main, il sera donné, et à celui qui n’a rien sera enlevé même le peu qu’il a. »
    42  Jésus a dit : « Devenez passant. »
    43  Ses disciples lui dirent : « Qui es-tu pour nous dire ces choses ? » Jésus leur répondit : « Vous n’avez pas compris qui je suis à partir de ce que je vous dis, mais vous êtes devenus comme les Juifs : en effet, ils aiment l’arbre et ils haïssent son fruit, ou bien ils aiment le fruit et haïssent l’arbre. »
    44  Jésus a dit : « Celui qui a blasphémé contre le Père, on lui pardonnera, et celui qui a blasphémé contre le Fils, on lui pardonnera ; mais celui qui a blasphémé contre l’Esprit saint, on ne lui pardonnera point, ni sur la terre ni au ciel. »
    45  Jésus a dit : « On ne récolte pas des raisins parmi les épines, et l’on ne cueille pas des figues dans les buissons, car ils ne donnent pas de fruit. Un homme bon produit du bien de son trésor ; un homme méchant produit des choses pernicieuses du mauvais trésor qui est dans son cœur, et il dit des choses pernicieuses, car de l’abondance du cœur il produit des choses pernicieuses. »
    46  Jésus a dit : « Parmi ceux qui sont nés de femmes, depuis Adam jusqu’à Jean-Baptiste, il n’y a personne qui soit plus grand que Jean-Baptiste, si bien que tous doivent baisser les yeux devant lui. Mais j’ai dit que quiconque d’entre vous deviendra petit connaîtra le Royaume et deviendra plus grand que Jean. »
    47  Jésus a dit : « Il est impossible à un homme de monter en même temps deux chevaux ou de bander deux arcs ; et il est impossible pour un serviteur de servir deux maîtres, autrement il honorera l’un des deux et il offensera l’autre. Personne ne boit du vin vieux et n’a aussitôt envie de boire du vin nouveau. Et on ne verse pas du vin nouveau dans de vieilles outres, de peur qu’elles n’éclatent ; et le vin vieux, on ne le verse pas dans une outre neuve, de peur qu’elle ne le gâte. On ne coud pas une vieille pièce sur un vêtement neuf, parce qu’il se produirait une déchirure. »
    48  Jésus a dit : « Si deux font la paix entre eux dans cette même maison, ils diront à la montagne : Déplace-toi, et elle se déplacera. »
    49  Jésus a dit : « Heureux les solitaires et les élus, car vous trouverez le Royaume. En effet, vous êtes issus de lui, et vous y retournerez. »
    50  Jésus a dit : « S’ils vous disent : D’où êtes-vous issus ? répondez-leur : Nous sommes venus de la lumière, du lieu où la lumière est issue d’elle-même ; elle s’est dressée et elle s’est manifestée dans l’image des hommes. S’ils vous disent : Est-ce vous ? répondez : Nous sommes ses fils et les élus du Père vivant. S’ils vous demandent : Quel est le signe de votre Père en vous ? répondez-leur : C’est un mouvement et un repos. »
    51  Ses disciples lui demandèrent : « Quand le repos des morts arrivera-t-il, et quand le monde nouveau viendra-t-il ? » Il leur répondit : « Ce repos que vous attendez est déjà venu, mais vous ne le reconnaissez pas. »
    52  Ses disciples lui dirent : « Vingt-quatre prophètes ont parlé en Israël, et ils ont tous parlé par ton intermédiaire. » Il leur répondit : « Vous avez oublié le Vivant qui est devant vous, et vous avez parlé seulement des morts. »
    53  Ses disciples lui demandèrent : « La circoncision est-elle utile ou pas ? » Il leur répondit : « Si elle était utile, leur père les engendrerait déjà circoncis de leur mère. C’est au contraire la vraie circoncision, celle en esprit, qui est devenue vraiment utile. »
    54  Jésus a dit : « Heureux vous, les pauvres, car le Royaume des cieux est à vous. »
    55  Jésus a dit : « Quiconque ne hait pas son père et sa mère ne pourra pas devenir mon disciple. Et quiconque ne hait pas ses frères et sœurs et ne porte pas sa croix comme moi ne sera pas digne de moi. »
    56  Jésus a dit : « Celui qui a connu le monde a trouvé un cadavre, et celui qui a trouvé un cadavre, le monde n’est pas digne de lui. »
    57  Jésus a dit : « Le Royaume du Père est semblable à un homme qui avait une bonne semence. Son ennemi vint la nuit, et il sema de l’ivraie parmi la bonne semence. L’homme ne permit pas qu’on arrache l’ivraie, et il leur dit : De peur que vous n’alliez arracher l’ivraie et que vous n’arrachiez le blé avec elle. Car le jour de la moisson, l’ivraie apparaîtra, et elle sera arrachée et brûlée. »
    58  Jésus a dit : « Heureux l’homme qui a souffert ; il a trouvé la vie. »
    59  Jésus a dit : « Regardez le Vivant pendant que vous êtes en vie, de peur que vous ne mouriez, et que vous cherchiez à le voir, sans y réussir. »
    60  Ils virent un Samaritain qui portait un agneau en faisant route vers la Judée. Jésus dit à ses disciples : « Celui-là, que veut-il faire de son agneau ? » Ils lui répondirent : « Le tuer et le manger. » Il leur dit : « Tant qu’il est vivant, il ne le mangera pas, mais seulement quand il l’aura tué et qu’il sera devenu un cadavre. » Ils lui répondirent : « Il ne pourra pas faire autrement. » Il leur dit : « Vous aussi, cherchez-vous une place dans le repos, de peur que vous ne deveniez un cadavre et que l’on ne vous mange. »
    61  Jésus a dit : « Il y en aura deux qui se reposeront sur un lit : l’un mourra et l’autre vivra. » Salomé dit : « Qui es-tu, homme, fils de qui ? » Tu es monté sur mon lit et tu as mangé à ma table. » Jésus lui répondit : « Je suis celui qui est issu de celui qui demeure égal à lui-même. Il m’a été donné de ce qui est à mon Père. » Salomé dit : « Je suis ta disciple. » Jésus lui dit : « C’est pourquoi je dis : Quand il sera réduit à l’unité, il sera rempli de lumière ; mais, tant qu’il sera divisé, il sera rempli de ténèbres. »
    62  Jésus a dit : « C’est à ceux qui sont dignes de mes mystères que je dis mes mystères. Ce que ta main droite fera, que ta main gauche ne sache pas ce qu’elle fait. »
    63  Jésus a dit : « Il y avait un homme riche, qui possédait beaucoup d’argent. Il dit : J’utiliserai mon argent pour semer, moissonner, planter et remplir mes magasins de fruits, de façon à ce que je ne manque de rien. Voilà ce qu’il pensait dans son cœur ; et cette même nuit, il mourut. Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! »
    64  Jésus a dit : « Un homme avait des invités ; lorsqu’il eut préparé le dîner, il envoya ses serviteurs pour les convier au repas. Il s’en alla chez le premier et lui dit : Mon maître t’invite. Celui-ci répondit : J’ai de l’argent à réclamer auprès de certains marchands ; ils vont venir chez moi ce soir ; je dois y aller et leur donner des instructions. Je m’excuse pour le dîner. Il s’en alla chez un autre et lui dit : Mon maître t’a invité. Celui-ci lui répondit : Je viens d’acheter une maison, et on me demande pour toute la journée ; je ne serai pas libre. Il s’en vint chez un autre et lui dit : Mon maître t’invite. Celui-ci lui répondit : Mon ami va se marier, et c’est moi qui ferai le dîner. Je ne pourrai pas venir ; je m’excuse pour le dîner. Il s’en alla chez un autre, et lui dit : Mon maître t’invite. Celui-ci lui répondit : Je viens d’acheter un domaine, et je m’en vais recevoir les redevances. Je ne pourrai pas venir, je m’excuse. Le serviteur retourna et dit à son maître : Ceux que tu as invités au dîner se sont excusés. Le maître dit à son serviteur : Va-t-en par les routes, et ceux que tu rencontreras, amène-les à dîner. Les acheteurs et les marchands n’entreront pas dans les lieux de mon Père. »
    65  Il a dit : « Un homme honnête avait une vigne. Il la donna à des vignerons pour qu’ils la cultivent et qu’il puisse en recevoir le fruit de leurs mains. Il envoya son serviteur pour que les vignerons lui donnent le fruit de la vigne. Ils saisirent son serviteur, le rouèrent de coups et peu s’en fallait qu’ils ne le tuent. Le serviteur retourna et raconta à son maître ce qui s’était passé. Le maître dit : Peut-être ne l’ont-ils pas reconnu. Il envoya alors un autre serviteur. Les vignerons le rouèrent à son tour de coups. Alors le maître envoya son fils, et dit : Peut-être montreront-ils du respect pour mon fils. Quand ces vignerons surent qu’il était l’héritier de la vigne, ils le saisirent et le tuèrent. Celui qui a des oreilles, qu’il entende. »
    66  Jésus a dit : « Montrez-moi la pierre que les bâtisseurs ont rejetée : c’est elle, la pierre d’angle. »
    67  Jésus a dit : « Si celui qui connaît le Tout est privé de soi-même, il est privé du lieu tout entier. »
    68  Jésus a dit : « Bienheureux serez-vous quand on vous haïra et quand on vous persécutera ; et on n’atteindra pas le lieu là où on vous a persécutés. »
    69  Jésus a dit : « Bienheureux sont ceux qui ont été persécutés dans leur cœur. Ce sont eux qui ont véritablement connu le Père. Bienheureux, les affamés, car le ventre de celui qui désire sera rempli. »
    70  Jésus a dit : « Lorsque vous produirez ceci en vous-mêmes, ce que vous avez vous sauvera. Si vous n’avez pas ceci en vous, ce que vous n’avez pas en vous vous tuera. »
    71  Jésus a dit : « Je détruirai cette maison et personne ne pourra la reconstruire. »
    72  Un homme lui dit : « Dis à mes frères de partager avec moi les biens de mon père. » Il lui répondit : « Ô homme, qui a fait de moi un partageur ? » Il se tourna vers ses disciples et leur dit : « Suis-je donc un partageur ? »
    73  Jésus a dit : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le Seigneur pour qu’il envoie des ouvriers pour la moisson. »
    74  Il a dit : « Seigneur, il y en a beaucoup autour du puits, mais il n’y a personne dans le puits. »
    75  Jésus a dit : « Il y en a beaucoup qui se tiennent près de la porte, mais ce sont les solitaires qui entreront dans la chambre nuptiale. »
    76  Jésus a dit : « Le Royaume du Père est semblable à un marchand qui avait un ballot et qui trouva une perle. Ce marchand était avisé. Il vendit le ballot et s’acheta la perle seule. Vous aussi cherchez le trésor incorruptible et durable, où la mite ne vient pas manger et où le ver ne détruit pas. »
    77  Jésus a dit : « C’est moi la lumière qui est au-dessus d’eux tous ; c’est moi le Tout. Le Tout est issu de moi, et c’est à moi que le Tout est parvenu. Fendez du bois, et je suis là ; soulevez une pierre, et c’est là que vous me trouverez. »
    78  Jésus a dit : « Pourquoi êtes-vous allés à la campagne ? Pour voir un roseau agité par le vent, et pour voir un homme revêtu d’habits raffinés, comme vos rois et vos magnats ? Ce sont eux qui portent des habits raffinés, mais ils ne pourront pas connaître la vérité. »
    79  Une femme dans la foule lui dit : « Heureux le ventre qui t’a porté et les seins qui t’ont nourri ! » Il lui dit : « Heureux ceux qui ont entendu la parole du Père et l’ont gardée en vérité ! Car des jours viendront où vous direz : Heureux le ventre qui n’a pas conçu, et les seins qui n’ont pas allaité ! »
    80  Jésus a dit : « Celui qui a connu le monde a trouvé le corps, mais celui qui a trouvé le corps, le monde n’est pas digne de lui. »
    81  Jésus a dit : « Celui qui est devenu riche, qu’il devienne roi, et celui qui a de la puissance, qu’il y renonce ! »
    82  Jésus a dit : « Celui qui est près de moi est près du feu, et celui qui est loin de moi est loin du Royaume. »
    83  Jésus a dit : « Les images sont manifestées à l’homme ; mais la lumière qui est en elles reste cachée dans l’image de la lumière du Père. Il se révélera, mais son image reste cachée par sa lumière. »
    84  Jésus a dit : « Quand vous voyez votre ressemblance, vous vous réjouissez ; mais lorsque vous verrez vos images, qui sont nées avant vous et ne meurent ni ne se manifestent, combien vous aurez à supporter ! »
    85  Jésus a dit : « Adam est né d’une grande puissance et d’une grande richesse, mais il n’est pas devenu digne de vous ; car, s’il avait été digne, il n’aurait pas goûté la mort. »
    86  Jésus a dit : « Les renards ont leurs tanières, et les oiseaux ont leurs nids, mais le Fils de l’Homme n’a pas de place où poser sa tête et se reposer. »
    87  Jésus a dit : « Misérable est le corps qui dépend d’un corps, et misérable est l’âme qui dépend de ces deux corps. »
    88  Jésus a dit : « Les messagers et les prophètes viendront à vous, et ils vous donneront ce qui vous revient. Et vous aussi, donnez-leur ce que vous avez dans les mains, et dites-vous : Quel jour viendront-ils recevoir ce qui est à eux ? »
    89  Jésus a dit : « Pourquoi lavez-vous l’extérieur de la coupe ? Ne comprenez-vous pas que celui qui a fait l’intérieur de la coupe est le même que celui qui a fait l’extérieur ? »
    90  Jésus a dit : « Venez à moi car mon joug est bon et ma seigneurie douce, et vous trouverez le repos pour vous. »
    91  Ils lui dirent : « Dis-nous qui tu es, pour que nous croyions en toi. » Il leur répondit : « Vous éprouvez la face du ciel et de la terre, mais vous n’avez pas reconnu celui qui est devant vous et vous ne savez pas éprouver le moment présent. »
    92  Jésus a dit : « Cherchez, et vous trouverez ; mais ce que vous m’aviez demandé jadis et que je ne vous avais pas dit en ces jours-là, maintenant il me plaît de le dire, mais vous ne le cherchez pas. »
    93  Jésus a dit : « Ne donnez pas aux chiens ce qui est sacré, de peur qu’ils ne le jettent au fumier ; ne jetez pas les perles aux porcs, de peur qu’ils n’en fassent [...] »
    94  Jésus a dit : « Celui qui cherche trouvera, et à celui qui frappe, on ouvrira. »
    95  Jésus a dit : « Si vous avez de l’argent, ne prêtez pas à usure, mais donnez [...] à celui de qui vous ne le recevrez plus. »
    96  Jésus a dit : « Le Royaume du Père est semblable à une femme. Elle prit un peu de levain, le cacha dans de la pâte et en fit de grands pains. Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! »

    97  Jésus a dit : « Le Royaume du Père est semblable à une femme, qui portait une cruche pleine de farine. Pendant qu’elle marchait sur un chemin éloigné, l’anse de la cruche se brisa et la farine se répandit derrière elle sur le chemin. Elle ne s’en aperçut pas ; elle n’avait pas su peiner. Lorsqu’elle entra dans sa maison, elle posa sa cruche à terre et la trouva vide. »
    98  Jésus a dit : « Le Royaume du Père est semblable à un homme qui voulait tuer un grand personnage ; il dégaina l’épée dans sa maison et perça le mur, pour voir si sa main serait ferme ; alors il tua le grand personnage. »
    99  Les disciples lui dirent : « Tes frères et ta mère se tiennent dehors. » Il leur répondit : « Ceux que voici, qui font la volonté de mon Père, ceux-là sont mes frères et ma mère. Ce sont eux qui entreront dans le Royaume de mon Père. »
    100  Ils montrèrent à Jésus une pièce d’or et lui dirent : « Les hommes de César réclament de nous les impôts. » Il leur répondit : « Donnez à César ce qui est à César, donnez à Dieu ce qui est à Dieu et donnez-moi ce qui est à moi. »
    101  Jésus a dit : « Celui qui ne haïra pas son père et sa mère comme moi, ne pourra pas devenir mon disciple. Et celui qui n’aimera pas son père et sa mère comme moi ne pourra pas devenir mon disciple. Car ma mère [...], tandis que ma mère véritable m’a donné la vie. »
    102  Jésus a dit : « Malheur aux pharisiens car ils ressemblent à un chien couché sur la mangeoire des bœufs : il ne mange ni ne laisse les bœufs manger. »
    103  Jésus a dit : « Heureux l’homme qui sait en quelle partie de la nuit les voleurs viendront, de telle manière qu’il se lèvera, il inspectera son domaine et se ceindra les reins avant qu’ils n’entrent. »
    104  Ils dirent à Jésus : « Viens, prions aujourd’hui et jeûnons. » Jésus répondit : « Quel est donc le péché que j’ai commis, ou en quoi ai-je été vaincu ? Mais quand l’époux sera sorti de la chambre nuptiale, alors qu’ils jeûnent et prient ! »
    105  Jésus a dit : « Celui qui connaît son père et sa mère, on l’appellera fils d’une prostituée. »
    106  Jésus a dit : « Lorsque vous ferez des deux un, vous deviendrez des Fils de l’Homme ; et si vous dites : Montagne, déplace-toi, elle se déplacera. »
    107  Jésus a dit : « Le Royaume est semblable à un berger qui avait cent brebis ; l’une d’entre elles, la plus grosse, s’égara ; alors, il quitta les quatre-vingt-dix-neuf et chercha celle-là seule jusqu’à ce qu’il l’eût trouvée. Après qu’il eut peiné ainsi, il dit à la brebis : Je t’aime plus que les quatre-vingt-dix-neuf autres. »
    108  Jésus a dit : « Celui qui s’abreuvera à ma bouche deviendra comme moi. Moi-même, je deviendrai lui et ce qui est caché lui sera révélé. »
    109  Jésus a dit : « Le Royaume est semblable à un homme qui avait un trésor caché dans son champ, mais ne le savait pas. Après sa mort, il le laissa à son fils. Le fils ne savait rien du trésor ; il hérita le champ et le vendit. Celui qui l’avait acheté vint labourer et trouva le trésor. Il se mit à prêter de l’argent à intérêt à qui il voulut. »
    110  Jésus a dit : « Celui qui a trouvé le monde et est devenu riche, qu’il renonce au monde ! »
    111  Jésus a dit : « Le ciel et la terre se retireront devant vous, et le Vivant issu du Vivant ne verra pas la mort. Jésus ne dit-il pas que celui qui se trouvera soi-même, le monde ne sera pas digne de lui ? »
    112  Jésus a dit : « Malheur à la chair qui dépend de l’âme ; malheur à l’âme qui dépend de la chair. »
    113  Ses disciples lui demandèrent : « Quand le Royaume viendra-t-il ? » Jésus répondit : « Il ne viendra pas parce qu’on l’attend ; on ne dira pas : Voici qu’il est ici ou Voici qu’il est là. Plutôt, le Royaume du Père est répandu sur la terre, et les hommes ne le voient pas. »
    114  Simon-Pierre leur dit : « Que Marie nous quitte, car les femmes ne sont pas dignes de la Vie. » Jésus dit : « Voici que moi je l’attirerai pour la rendre mâle, de façon à ce qu’elle aussi devienne un esprit vivant semblable à vous, mâles. Car toute femme qui se fera mâle entrera dans le Royaume des cieux. »

     


     

     

     


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