• L’OGDOADE ET L’ENNÉADE

    (NH VI, 6)

    Traduit du copte par Jean-Pierre Mahé

    Bibliothèque copte de Nag Hammadi, sous la direction de Louis Painchaud, Wolf-Peter Funk et Paul-Hubert Poirier,

    à l’université de Laval, Québec, Canada.

    [Discours de l’Ogdoade et l’Ennéade]

     

    (Préambule)

    (FILS) 2 [Mon père,] tu m’as promis hier 3 de conduire mon intellect jusque dans 4 [l’]Ogdoade et de me 5 conduire ensuite moi-même jusque dans l’Ennéade. 6 Tu as dit : c’est 7 l’ordre de la tradition.

    (HERMÈS) Oui, mon 8 enfant, c’est bien l’ordre ; 9 mais la promesse fut faite selon 10 la condition humaine. Je te l’ai bien dit 11 dès que j’eus commencé de te faire cette promesse ; je 12 te l’ai dit, si tu t’en souviens, 13 à chaque degré.

     

    (Entretien sur la régénération spirituelle et la race des élus)

    14 Quand j’eus reçu l’Esprit grâce à la Puissance, 15 je te transmis l’énergie : 16 car, si l’intellection relève 17 de toi, c’est en moi, pour ainsi dire, 18 que la Puissance est conçue. 19 En effet, lorsque j’eus conçu par la source 20 qui coule en moi, je l’engendrai.

    (FILS) 21 Mon père, tu m’as bien exposé 22 chaque propos. Pourtant, je suis déconcerté 23 par ce propos que tu as tenu à l’instant. 24 Tu as dit en effet : « c’est la 25 Puissance qui est en moi ».

    Il 26 répondit :

    (HERMÈS) Je l’ai engendrée comme 27 on engendre les enfants.

    (FILS) Mon Père, ai-je donc 28 beaucoup de frères, si 29 me comptes parmi les descendances ?

    (HERMÈS) 30 Parfaitement, mon enfant, ce 31 bien se compte par [53] 1 [ ] 4 et [ ] 5 en tout temps.  [C’est] 6 pourquoi, mon enfant, il t’est 7 [né]cessaire que tu 8 connaisses tes frères et 9 que tu les honores bien, comme 10 il convient, car ils sont 11 issus du même Père. 12 En effet, chaque descendance, je l’ai 13 appelée, je lui ai donné un nom, 14 puisqu’elles sont engendrées 15 comme des enfants.

    (FILS) 16 Mon père, ont-ils donc, eux aussi, leurs 17 ?

    (HERMÈS) Mon enfant, ce sont des mères 18 spirituelles, car il s’agit 19 des énergies qui font croître 20 aussi les âmes : c’est pourquoi je dis 21 qu’elles sont immortelles.

    (FILS) 22 Ta parole est vraie ; elle ne prête plus 23 à contradiction désormais. 24 Ô mon père,  commence le 25 discours de l’Ogdoade et 26 de l’Ennéade, et mets-moi, moi aussi, au nombre 27 de mes frères.

    (HERMÈS) Prions, 28 mon enfant, le Père du Tout, 29 avec tes frères qui sont mes 30 fils, afin qu’il dispense 31 l’Esprit, et que je parle.

    (FILS) Comment 32 prie-t-on, mon père, 33 en union avec les descendances ? 34 Je souhaite obéir,  mon père, [54] 1 [mais] [ ] 2

    (HERMÈS) [… Mon enfant] [ ] 3. Cependant [cela n’est ni] une 4 né[cessité] ni une l[oi], 5 mais cela repose [en] elle 6 et [ ]. Or il est juste 7 que tu te souviennes du progrès 8 en sagesse qui s’est 9 produit en toi grâce aux livres. 10 Mon enfant, compare-toi au 11 premier âge : comme les petits, 12 tu as posé les questions 13 les plus déraisonnables, les plus irréfléchies.

    (FILS) Mon 14 père, le progrès et la prescience 15 qui me sont advenus présentement 16 grâce aux livres sont arrivés 17 à surpasser la déficience était 18 en moi tout d’abord.

    (HERMÈS) Mon enfant, 19 quand tu concevras par l’intelligence la 20 réalité de ce que tu dis, tu 21 trouveras tes frères priant 22 avec toi, eux qui sont mes fils.

    (FILS) 23 Mon père, mon intelligence ne conçoit rien 24 d’autre que la beauté qui m’est 25 advenue grâce aux livres, celle que 26 tu appelles beauté 27 de l’âme.

    (HERMÈS) L’édification 28 s’est opérée en toi par degrés. Puisse 29 t’advenir l’intellection 30 et tu seras instruit.

    (FILS) J’ai reconnu par l’intelligence, 31 mon père, chacune 32 des descendances, plus particulièrement la [55] 1 ma[tière ?] [ ] [elles] sont dans [ ]

     

    (Illumination mystique)

    (HERMÈS) 2 Mon fils, [ ] 4 par des louanges de la part [de] 5 ceux [qui] ont reçu l’accroissement.

    (FILS) 6 Mon père, quant au propos que [tu as] 7 tenu, j’en recevrai de toi la puissance. 8 Suivant ce qui a été dit, 9 prions tous deux, 10 mon père.

     

    (HERMÈS) (récitant une sorte de préface liturgique)

    Mon enfant, 11 c’est convenance Que, de toute notre 12 pensée, de tout notre coeur 13 et de toute notre âme,  Nous priions 14 Dieu, et lui demandions Que 15 le don de 16 l’Ogdoade s’étende 17 jusqu’à nous,  Et que chacun de nous 18 reçoive par là ce qui lui est propre : 19 À toi il appartient 20 de saisir par l’intelligence, Et à moi de 21 pouvoir exprimer le discours22 Grâce à la source qui coule en moi.

     

    (Prière d’invocation)

    (FILS) 23 Prions, mon père.

    (Hermès et son fils, ensemble)

    24 Je t’invoque, toi qui es

    Celui 25 qui domine sur le royaume 26 de la Puissance,

    Celui dont le Verbe 27 se fait naissance de lumière ;

    28 et dont les paroles sont immortelles,

    29 éternelles, 30 inaltérables !

    Celui dont le vouloir 31 engendre la vie manifestée, en tout 32 lieu ;

    et dont la nature donne forme 33 à l’essence !

    C’est de Lui que se meuvent [56] 1 les âmes [de l’Ogdoade] 2 et les anges.

    [Car c’est Lui] 3 [dont le V]erbe s’[étend] vers [chacu]n 4 de ceux qui existent ;

    Sa Provi[dence] 5 parvient jusqu’à chacun [dans le L]ie[u].

    6 Il engendre chacun, lui qui a 7 [parta]gé l’Éon entre les Esprits.

    8 Il a créé toutes choses, Lui qui 9 est son propre contenant et soutient

    10 tous les êtres en sa plénitude !

    Dieu 11 invisible, à qui l’on s’adresse 12 en silence,

    13 Dont l’image se meut en se gouvernant

    14 Et se gouverne !

    15 Puissant de la Puissance,

    Toi qui es plus grand 16 que la grandeur,

    Plus glorieux que les 17gloires !

    Zôxathazô, a ôô 18 ee ôôô êêê ôôôô 19 ôôôôô ô

    ooooo 20 ôôôôôô uuuuuu 21 ôôôôôôô

    ôôôôô 22 ôôô, Zôzazôth,

    Seigneur, 23 accorde-nous une sagesse issue 24 de ta Puissance parvenant 25 jusqu’à nous,  afin que nous nous fassions part mutuellement de la 26 contemplation de l’Ogdoade et de l’Ennéade.  27 Déjà nous avons atteint l’Hebdomade,  28 car nous sommes pieux,  29 nous gouvernant dans ta 30 Loi,  et ta volonté, 31 nous l’accomplissons toujours.  32 En effet, nous avons marché dans [57] 1 [ta voie] [et nous avons] laissé derrière nous 2 [la malice,]  [afin que nous] fassions advenir 3 [la] cont[empl]ation.  Seigneur, accorde-[no]us 4 la vérité dans l’image,  5 accorde-nous, par l’Esprit, de 6 voir la forme de l’image 7 qui est sans déficience 8 reçois de nous la réplique 9 du Plérôme par notre 10 action de grâces et reconnais l’Esprit 11 qui est en nous.  Car c’est par 12 Toi que le Tout a été animé ;  13 Car c’est de Toi, l’Inengendré, 14 qu’est issu l’Engendré.  15 La génération de Celui-qui-s’engendre-lui-même 16 se produit par Toi,  17 comme génération de tous les êtres 18 engendrés.  Reçois 19 de nous le sacrifice de discours 20 que nous faisons monter vers Toi 21 de tout notre coeur 22 et de toute notre âme et de 23 toute notre force.  Sauve ce qui 24 est en nous,  Et donne-nous 25 la sagesse immortelle.

    (Première vision)

    (HERMÈS) 26 Embrassons-nous l’un 27 l’autre, mon enfant, avec 28 amour. (Tandis qu’ils s’embrassent silencieusement, Hermès a une vision.) Réjouis-toi de ceci ! Car déjà, 29 venant d’Eux,  la Puissance 30 qui est lumière arrive jusqu’à nous !

    (FILS)31 Je vois, oui, je vois des 32 profondeurs indicibles !

    (HERMÈS) 33 Comment te le dirais-je, [58] 1 mon enfant, c[ommen]ce 2 dès main[tenant à tendre vers] 3 les lieux ! Comment [te parlerais-je du] 4 Tout ? Je suis l’Intellect [et] 5 je vois un autre Intellect qui met l’âme 6 [en mouvement]. Je vois Celui qui me ravit 7 en une sainte extase. Tu me donnes 8 puissance. Je me vois moi-même. Je veux 9 parler. Une crainte me 10 retient. J’ai trouvé,  moi, le Principe 11 de la Puissance qui est au-dessus de 12 toutes les Puissances et qui lui-même n’a pas 13 de principe. Je vois une source vibrante 14 de vie. Je l’ai dit, ô 15 mon enfant, je suis l’Intellect. 16 J’ai contemplé ! Il est impossible à la parole 17 de révéler cela. En effet, toute 18 l’Ogdoade, ô mon enfant, avec 19 les âmes qui sont en elle et les anges 20 chantent des hymnes en silence. 21 Mais à moi, l’Intellect, ils me 22 sont intelligibles.

     (FILS) De quelle façon 23 chantent<-ils> ?

    (HERMÈS) Te voici au point qu’on ne pourra 24 plus te parler.

     

    (Prière à Hermès divinisé)

    (FILS) Je fais silence, 25 ô mon Père. Je désire te chanter un hymne 26 en silence.

    (HERMÈS) Chante-le-moi donc, 27 car je suis l’Intellect.

    (FILS) 28 L’Intellect m’est intelligible,

    Hermès, 29 celui que l’on ne peut interpréter,

    30 Car il se retranche en lui-même !

    31 Mais, je me réjouis, ô mon Père, voyant 30 que tu souris,

    Et le Tout 59 1 se réjouit !

    C’est pourquoi, il n’est pas 2 de créature

    Qui puisse être privée 3 de ta vie.

    Car c’est toi le 4 Seigneur des citoyens en tout 5 lieu.

    Ta providence est une sauvegarde.

    6 Je t’invoque, Père, Éon 7 des Éons,

    Esprit, Être divin,

    8 Qui, en outre, répands en esprit l’eau 9 de pluie sur chacun !

    Que 10 m’en dis-tu, ô mon 11 Père, Hermès ?

    (HERMÈS) De cela, je 12 ne dis rien, ô mon enfant : il est 13 juste, en effet, devant Dieu, 14 que nous taisions ce qui est caché.

    (FILS) 15 Ô Trismégiste, ne permets pas 16 que mon âme soit veuve de la contemplation, 17 Être divin, car tu as 18 pouvoir sur toute chose, comme maître 19 de tout le lieu !

    (HERMÈS) Reviens à 20 , ô mon enfant, et exprime tout cela 21 en silence.  Demande ce 22 que tu veux en silence

    (Deuxième vision)

    (Le fils se recueille quelques instants en silence)  23 Quand il eut terminé de rendre grâces, il 24 s’écria :

    (FILS) Père, Trismégiste, 25 que dirai-je ? 26 Nous avons reçu cette lumière et, 27 moi, je vois cette même vision 28 à l’intérieur de toi ! Et 29 je vois l’Ogdoade avec les âmes 30 qui sont en elle, et les anges 31 chantent leurs hymnes à l’Ennéade et 32 à ses Puissances. Et je le vois, 33 Lui, pourvu de toutes leurs 34 Puissances, et qui crée 60 1 dans l’Esprit !

     

    (Action de grâces)

    (HERMÈS) Il est bien que nous fassions dés[ormais] 2 silence. Ne va pas, [pré]cipitamment 3 parler de la vis[ion] ! 4 Désormais, il convient de chanter des hy[mnes] 5 au Père, jusqu’au jour de quitter 6 ce corps.

    (FILS) Ce que tu dis-là, ô mon 7 Père, je veux le dire moi aussi. 8 Je chante un hymne du fond de mon coeur.

    (HERMÈS) Puisque 9 tu as atteint le repos, vaque à l’action de grâces, 10 car tu as trouvé ce que tu cherchais.

    (FILS) 11 Mais comment faut-il, 12 ô mon Père, que je rende grâces, puisque 13 mon coeur est plein à déborder ?

    (HERMÈS) Il te faut 14 pourtant faire monter ton action 15 de grâces jusqu’à Dieu 16 et qu’elle soit ensuite en ce livre 17 impérissable.

    (FILS) Je ferai monter 18 l’action de grâces.

    Du fond de mon coeur,

    Pour 19prier le terme du Tout

    Et 20 le Principe du Principe,

    De la quête 21 des hommes, la trouvaille 22 immortelle,

    Celui qui fait naître la 23 Lumière et la Vérité,

    Celui qui 24 sème le Verbe,

    L’amour de 25 la vie éternelle !

    Nul discours 26 caché ne saurait parler de toi, 27 Seigneur !

    C’est pourquoi mon Intellect 28

    Veut te chanter ses hymnes 29 chaque jour.

    Je suis l’instrument 30 de ton Esprit,

    L’Intellect 31 ton plectre,

    Et ton conseil 32 joue sur moi un psaume.

    Je me vois 61 1 moi-même.

    J’ai reçu puissance de toi,

    2 Car ton amour est venu jusqu’à nous.

    (HERMÈS) 3 Bien, ô mon enfant !

    (FILS) Ô grâce !

    4 Après cela je rends grâces

    5 En te chantant un hymne,

    Car 6 j’ai été vivifié par toi,

    7 Quand tu eus fait de moi un sage.

    Je 8 te rends grâces,

    J’invoque 9 du fond du coeur ton Nom mystérieux :

    10 a ô eeô êêê ôôô iii 11 ôôôô ooooo ôôô 12 ôô uuuuuu

    ôô 13 ôôôô ôôôôô 14 ôô ôôôôôô 15 ôô

    Tu es Celui qui 16 est avec l’Esprit.

    Je te chante mon hymne 17 pieusement.

     


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  • Descente de jésus aux enfers

     

    17

    1. Joseph dit : « Pourquoi vous étonner de la résurrection de Jésus ? Elle n'est pas étonnante. Étonnons-nous plutôt qu'il n'ait pas ressuscité seul. Il a relevé un grand nombre de morts, que beaucoup ont vu à Jérusalem. Vous ne les connaissez pas tous. Mais au moins connaissez-vous Syméon qui reçut Jésus dans ses bras et ses deux fils par lui ressuscités. Nous les avions ensevelis peu avant. Aujourd'hui on peut voir leurs tombes ouvertes et vides. Eux-mêmes sont vivants et habitent Arimathie. » Ils envoyèrent de leurs gens pour vérifier que les tombes étaient bien ouvertes et vides. Joseph reprit « Allons à Arimathie ; nous les rencontrerons. »

    2. Alors les grands prêtres, Anne, Caïphe, Joseph, Nicodème, Gamaliel et les autres se levèrent et se rendirent à Arimathie. Ils les trouvèrent, comme Joseph l'avait dit. Après les prières et les embrassements, ils reprirent avec eux la route de Jérusalem et les firent entrer dans la synagogue, dont ils fermèrent les portes avec soin.

    Puis les grands prêtres leur mirent en mains l'Ancien Testament des Juifs et leur dirent : « Nous aimerions qu'après avoir prêté serment par le Dieu d'Israël et d'Adonaï, vous nous disiez la vérité : comment avez-vous ressuscité et qui vous a ressuscités des morts ? » 3. A ces mots, les ressuscités se signèrent le front et dirent aux grands prêtres : « Donnez-nous du papier, de l'encre et une plume. » On leur apporta ces objets. Ils s'assirent et écrivirent ce qui suit

     

    18.

    1. « Seigneur Jésus-Christ, résurrection et vie du monde, permets-nous de raconter ta résurrection et les merveilles que tu as accomplies en enfer. Nous y étions avec tous ceux qui se sont endormis depuis l'origine. A minuit, une lumière aussi vive que le soleil perça les ténèbres. Nous fûmes illuminés, et nous pouvions nous voir les uns les autres. Et aussitôt, les patriarches et les prophètes se joignirent à Abraham notre père, et au comble de la joie, ils se disaient entre eux : « Cette lumière provient de la grande lumière. » Le prophète Isaïe s'écria : « C'est la lumière du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Je l'avais annoncée de mon vivant, par ces mots : Terre de Zabulon, terre de Nephtali, le peuple assis dans les ténèbres a vu une grande lumière.»

    2. Puis un homme se présenta sous l'aspect d'un ermite du désert, et les patriarches l'interpellèrent : « Qui es tu ? » Il répondit : « Je suis Jean, le dernier des prophètes, j'ai aplani les chemins du Fils de Dieu, et j'ai prêché le repentir au peuple, pour la rémission de ses péchés. Et le Fils de Dieu est venu vers moi, et quand de loin je l'ai vu, j'ai dit au peuple : Voici l'agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde. Je l'ai baptisé de ma main, dans l'eau du Jourdain, et j'ai vu l'Esprit saint, tel une colombe, descendre sur lui. Et j'ai entendu la voix de Dieu notre Père qui disait : Celui-ci est mon fils bien-aimé ; il a toute ma faveur.

    « Et il m'a envoyé aussi parmi vous, vous annoncer que le Fils unique de Dieu viendrait ici afin que quiconque croit en lui soit sauvé et quiconque n'y croit pas, condamné. Aussi vous le dis-je à tous, quand vous le verrez, adorez-le. Voici les derniers jours où vous pouvez vous repentir et des cultes que vous avez rendus aux idoles dans le vain monde d'en haut, et des péchés que vous avez commis. Après, il sera trop tard. »

     

    19. Tandis que Jean enseignait ainsi les foules de l'enfer, Adam le premier formé et le premier père, dit à son fils Seth : « Mon fils, je veux que tu exposes aux premiers pères de l'humanité et aux prophètes, le voyage que je t'ai fait entreprendre, lorsque je me couchais pour mourir. » Et Seth parla : « Prophètes et patriarches, écoutez. Mon père Adam, le premier formé, sentant venir sa fin, m'envoya tout près des portes du paradis ; je devais prier Dieu de me conduire par la main d'un ange à l'arbre de la miséricorde, et me laisser récolter de son huile pour en oindre mon père, et lui rendre ainsi ses forces. J'y allais.

    Quand j'eus prié, l'ange du Seigneur parut et me dit : Que demandes-tu, Seth ? Tu désires une huile qui guérit les malades et sauvera ton père ? Crois-tu trouver l'arbre qui produise cette huile ? Non, tu n'obtiendras rien aujourd'hui. Repars donc, et dis à ton père qu'il faut d'abord que cinq mille cinq cents ans s'écoulent à compter de la création du monde.

    Alors, le Fils unique de Dieu descendra sur terre, en se faisant homme, et il oindra ton père de cette huile et le ressuscitera. Dans l'eau et l'Esprit saint il le lavera, lui et ses descendants. Alors il sera guéri de toute langueur. Mais aujourd'hui, c'est impossible. » En entendant ces mots, patriarches et prophètes frémirent d'allégresse.

     

    20

    1. Tandis qu'ils se réjouissaient tous à la fois, Satan, l'héritier des ténèbres, survint et dit à Hadès : « Toi le glouton et l'éternel affamé, écoute-moi bien. Un Juif, nommé Jésus, se fait appeler fils de Dieu. Ce n'est qu'un homme. Les Juifs l'ont crucifié, je les y ai bien aidés ! Maintenant qu'il est mort, prépare-lui ici de solides entraves. Ce n'est qu'un homme, je sais, dont j'ai surpris cette plainte : Mon âme est triste jusqu'à la mort. Mais il m'a causé beaucoup d'ennuis, au temps où il vivait dans le monde parmi les mortels. Quand il rencontrait mes sujets, il les chassait et les gens que j'avais faits bossus, aveugles, boiteux, lépreux, ou que j'avais affligés d'autres maux, d'une seule parole ils les guérissait. Beaucoup, qui par mes soins étaient prêts pour la tombe, d'une seule parole encore, il les ressuscitait. »

    2. Hadès répondit : « Cet homme est capable de pareils exploits avec une seule parole ? Tu ne pourras pas te mesurer à un tel adversaire. Personne, à mon sens, ne lui tiendra tête. Il craint la mort, et tu dis avoir surpris cet aveu, mais il a dit cela en plaisantant : il se moquait de toi. Il compte t'enlever de sa main puissante. Malheur, malheur à toi dans tous les siècles ! »

    Satan dit : « O enfer, gueule toujours béante, tu as donc si peur lorsqu'on te parle de notre ennemi commun ? Moi, je n'ai pas tremblé; j'ai excité les Juifs et ils l'ont crucifié ; ils l'ont abreuvé de fiel et de vinaigre. Prépare-toi plutôt, lorsqu'il viendra, à le maîtriser vigoureusement. » 3. Hadès répondit : « Héritier des ténèbres, fils de perdition, ô Diable, tu viens de me dire que d'une seule parole, il ressuscita un grand nombre de gens que grâce à tes bons offices, il ne restait plus qu'à inhumer. S'il a libéré des hommes du tombeau, comment et par quelle vertu le tiendrons-nous enfermé ? Naguère, j'ai englouti un mort du nom de Lazare, et peu après un vivant, par une seule parole, l'a arraché à mes entrailles. Je suppose que c'est celui dont tu me parles. Si nous le recevons ici, nous nous exposons, je le crains, à quelques ennuis avec nos morts.

    Tous ceux que j'ai engloutis depuis le commencement, je les sens bien agités, et j'en ai le ventre tout endolori. Ce Lazare, qui m'a été ravi le premier, ne me laisse rien augurer de bon. Il s'est envolé de chez moi, non comme un cadavre, mais comme un aigle, si impétueusement la terre le rejeta. Ainsi, je t'en conjure, dans ton intérêt et dans le mien, ne me l'amène pas ici. Car je soupçonne qu'il ne vient ici que pour sauver tous ces pécheurs que sont mes morts. Je te le répète, par notre royaume de ténèbres, si tu le fais descendre, il ne restera plus un seul trépassé en mon pouvoir. »

     

    21.

    1. Satan et Hadès discutaient ainsi, quand une voix tonna : « Élevez vos frontons, princes. Élevez-vous, portes éternelles, et le roi de gloire entrera. » A ces mots, Hadès dit à Satan : « Va-t-en, si tu es vaillant, et livre-lui bataille. » Satan sortit. Alors Hadès dit à ses démons : « Fermez bien les portes de bronze, poussez les barres de fer, renforcez les verrous, exercez une surveillance sans relâche. Car s'il descend chez nous, il deviendra notre maître. »

    2. Nos ancêtres, en entendant ces paroles, éclatèrent en invectives : « Glouton, éternel affamé, disaient-ils, ouvre donc et laisse entrer le roi de gloire. » David le prophète disait : « Ne sais-tu pas, aveugle, que lorsque je vivais sur terre, j'ai lancé cette prophétie : Princes, élevez vos frontons » Isaïe à son tour : « Et moi, averti par le Saint-Esprit, j'ai écrit : Les morts ressusciteront, et ils se réveilleront, ceux qui dorment dans les tombeaux, et ils exulteront, ceux qui vivent sur la terre. Et j'ai dit : Où est, mort, ton aiguillon ? Où, enfer, ta victoire ? »

    3. La voix à nouveau retentit : ouvrez vos portes. En entendant cette parole pour la seconde fois, Hadès demanda, comme s'il ne savait pas : « Quel est ce roi de gloire ? » Les messagers du Maître lui dirent : « C'est le Seigneur le fort, le vaillant, le Seigneur vaillant des combats ~. » A peine avaient-ils prononcé ces mots que les portes de bronze se fracassèrent, et les barres de fer se rompirent et tous les morts furent déliés des chaînes qui les retenaient, et nous avec eux. Et le roi de gloire entra, sous l'aspect d'un homme, et les ténèbres de l'enfer devinrent éblouissantes.

     

    22.

    1. Aussitôt Hadès cria : « Nous sommes vaincus ! Malheur à nous ! Mais qui es-tu donc, toi qui possèdes une telle puissance et un tel empire ? Qui es-tu, toi qui es venu ici exempt de faute ? Toi qui parais petit et réalises de grandes choses, toi qui es humble et sublime, esclave et maître, soldat et roi, toi qui commandes aux morts et aux vivants ? Tu fus cloué en croix et déposé au tombeau, et te voilà soudain libre et tu as anéanti notre royaume. Es-tu ce Jésus, dont Satan, notre chef suprême, nous a parlé, nous disant que la croix et la mort te feraient hériter le monde entier ?

    2. Alors le roi de gloire empoigna par le sommet de la tête le chef suprême, Satan, et le livra aux anges, disant : « Mettez-lui des chaînes aux mains et aux pieds, au cou et à la bouche. » Puis, le donnant à Hadès, il dit : « Prends-le et surveille-le étroitement jusqu'à mon retour. »

     

    23. Hadès reçut Satan et lui dit : « Belzébuth, héritier du feu et du châtiment, ennemi des saints, qu'est-ce qui t'a poussé à faire crucifier le roi de gloire ? Il est descendu chez nous et nous a dépouillés. Retourne-toi et vois il ne me reste plus de morts. Tous ceux que tu avais gagnés par le bois de la connaissance, la croix te les a repris. Tes délices se sont changées en douleur. En voulant tuer le roi de gloire, tu t'es tué toi-même. Je t'ai reçu avec mission de bien te garder. Eh bien, tu sauras d'expérience quels maux je suis capable d'infliger. O chef des diables, prince de la mort, racine du péché, comble du mal ! Quel vice trouvais-tu en Jésus pour désirer sa perte ? Comment as tu osé lui nuire ? Pourquoi as-tu cherché à faire choir dans les ténèbres un homme qui t'a enlevé tous ceux qui depuis l'origine étaient morts ? »

     

    24.

    1. Hadès parlait encore à Satan quand le roi de gloire étendit sa main, saisit Adam notre premier père, et le ressuscita . Puis, se tournant vers les autres, il dit : « Venez avec moi, vous tous qui devez votre mort au bois que celui-ci a touché. Car voici : je vous relève tous par le bois de la croix ! » Alors il les fit tous sortir, et l'on vit notre premier père Adam rempli de joie : « Je rends grâce à ta magnanimité, Seigneur, disait-il, car tu m'as fait remonter du fond des enfers. » Et tous les prophètes et tous les saints disaient : « Nous te rendons grâces, Seigneur, sauveur du monde, qui as tiré nos vies de la corruption. »

    2. Et tandis qu'ils parlaient, le Seigneur bénit Adam en marquant son front du signe de la croix. Il fit le même geste avec les patriarches et les prophètes, les martyrs et les ancêtres, et d'un bond les fit sortir de l'enfer. Et pendant qu'il marchait, les saints pères chantaient derrière lui, et disaient : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. Alléluia. A lui la louange de tous les saints. »

     

    25

    . Il se rendit au paradis, tenant notre premier père Adam par la main, et il le confia à l'archange Michel, ainsi que tous les justes. Quand ceux-ci eurent franchi la porte du paradis, deux vieillards se présentèrent devant eux, et les saints pères leur dirent : « Qui êtes-vous, vous qui n'avez pas connu la mort et n'êtes pas descendus en enfer, mais qui, de corps et d'esprit, demeurez dans le paradis ? » L'un d'eux répondit : « Je suis Enoch, qui a eu la faveur de Dieu, et qui ai été transporté ici par ses soins. Lui, c'est Elie le thesbite. Nous devons vivre jusqu'à la consommation des temps. Alors nous serons envoyés par Dieu nous battre contre l'Antéchrist; il nous tuera ; après trois jours, nous ressusciterons et une nuée nous enlèvera et nous déposera aux pieds de Dieu. »

     

    26.

    Tandis qu'ils parlaient, un troisième homme arriva, humble, les épaules chargées d'une croix. Les saints pères lui dirent : « Et toi qui ressembles à un larron, qui es-tu ? Et quelle est cette croix sur tes épaules ? » Il répondit : « Comme vous le dites, j'étais un larron, et un malfaiteur dans le monde. Pour cette raison, les Juifs m'arrêtèrent et me condamnèrent à être crucifié en même temps que notre Seigneur

    Jésus-Christ. Tandis qu'il était suspendu à sa croix, je vis des signes s'accomplir, et je crus en lui. Et je lui parlai en ces termes : « Seigneur, lorsque tu régneras, ne m'oublie pas. » Il me répondit aussitôt : « En vérité, en vérité, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis. » Je me rendis donc au paradis, chargé de ma croix, et rencontrant l'archange Michel, je lui dis : « Notre Seigneur Jésus le crucifié m'envoie ici. Conduis-moi donc aux portes de l'Éden. »

    Et quand son épée de feu vit le signe de la croix, elle m'ouvrit et j'entrai. Puis, l'archange me dit : « Attends un peu. Le premier père du genre humain, Adam arrive avec les justes; ils vont entrer. » Et dès que je vous vis, je me précipitai à votre rencontre. »

     

    27.

    En entendant ce récit, tous les saints s'écrièrent à pleine voix : « Grand est notre Seigneur et grande est sa puissance. » « Voilà tout ce que nous avons vu et entendu, nous les deux frères jumeaux, envoyés par l'archange Michel pour prêcher la résurrection du Seigneur, avant d'aller dans le Jourdain recevoir le baptême. Nous y fûmes, et l'on nous donna le baptême en même temps qu'aux autres ressuscités. Puis nous nous rendîmes à Jérusalem et nous accomplîmes la pâque de la résurrection.

    « Mais maintenant nous ne pouvons plus rester ici, et nous nous en allons. Que l'amour de Dieu le Père et la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous. » Quand ils eurent fini d'écrire et fermé leur cahier, ils en donnèrent la moitié au grand-prêtre et l'autre à Joseph et à Nicodème. Et aussitôt ils devinrent invisibles, pour la gloire de notre Seigneur Jésus-Christ.

    Amen !

     


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  • LA PENSÉE PREMIÈRE À LA TRIPLE FORME  (NH XIII, 1)

     

    C’est [moi] la Prô[tennoia],
          [la P]ensée qui ex[ist]e dans [la lumière].
    C’est [moi] le mouvement existe en [toutes choses],
          [celle dans laquelle] toutes choses subsistent,
    [le premie]r engendré 5 parmi ceux qui vin[rent à l’existence],
          [celle qui exis]te a[v]ant toutes [cho]ses,
          qu’on appel[le] de trois noms,
          et qui seule existe, [parfai]te.

    J[e] suis invisible dans la pensée de l’Invisible,
          alors que [je] suis révélée parmi les incommensurables, 10 les ineffables.
    Je suis incompréhensible, étant dans l’incompréhensible,
          alors que je me meus en toute créature.

    C’est moi la vie de mon Épinoia,
          cel[le qui se trou]ve en toute puissance et en tout mouvement éternel
          15 et (en) des lumières invisibles,
          et en des archontes ainsi que (dans) les anges et les d[é]m[o]ns
          et toute âme qui se trouve dans le T[art]are et toute âme hylique,
    alors que j’existe en ceux qui vinrent à l’existence,
    que je me meus en 20 chacun, [e]t que je travaille en tous,
          marchant dans la droiture,
    et que ceux qui dorment, je les é[ve]ille,
    et c’est moi la vue pour ceux qui se trouvent dans le sommeil.
    C’est moi l’invisible dans le tout,
    25 c’est moi qui considère les choses cachées,
          puisque je connais tout ce qui existe en lui.
    Je suis indénombrable plus que quiconque,
    je suis incommensurable, ineffab[le].
    Moi, cependant, lorsque je le sou[haiterai, je] me manifeste[rai] 30 moi-même.
    [C’est] moi [le mouvement du] tout existant avant [le tout,
    et] c’est [m]oi le tout e[xistant en cha]cun.

    Je suis un so[n qui résonne dou]cement,
          existant d[epuis le commencement],
          [existant] dans le silen[ce] 35 [ . . . . . . . . . . cha]cun, là,
          et [c’est] le s[on ca]ché qui se [trouve] en moi,
          [dans la pensée] incompréhensi[ble,] incommensurable,
          [dans le silen]ce incommensurable.

    Moi, je suis [descendue au] milieu de l’Ament[é],
    5 [j’]ai resplend[i sur les] ténèbres.

    C’est moi qui [ai] fait jaillir l’e[au],
    c’est [m]oi qui suis caché dans des eaux [resplendissan]tes,
    c’est moi qui [ai] fait surgir toutes choses une à une par ma pensée,
    c’est moi qui suis lourd du son.
    C’est 10 par moi qu’émane la connaissance,
          alors que [je] me trouve parmi les ineffables et les inconnaissables.

    C’est moi la perception et la connaissance,
          ém[ettant] un son à partir d’une pensée.
    C’est m[o]i le son véritable,
          15 retentissant en tout être.
    Et ils le sa[vent],
          parce qu’une semence existe en [eux].
    C’est moi la pensée du Père,
          e[t] c’est de moi que [le] son a procédé,
          c’est-à-dire la connaissance de ceux qui n’ont pas de fin.

    Alors que je 20 suis pensée pour le [to]ut,
          unie à la pensée inc[o]nnaissable et incompréhensible,
    je me suis manifestée, moi, en tous ceux qui m’ont connue,
          car c’est moi, en effet, qui suis uni à chacun
          dans 25 la pensée cachée
          et dans un élevé
    et un son issu de la pensée invisible.
    Et il est incommensurable, étant dans l’incommensurable,
    c’est un mystère,
    c’est un [insai]sissable issu 30 de [l’incompréhen]sible,
    c’est un invisible [à tous, bien que] manifesté en toutes choses,
    [c’est une] lu[mière exis]tant dans une lumière.

    [C’]est nous [ . . . . . . . . . . . . ] . nous-mêmes
          de [ . . . . . . . . . . . ] 35 [ma]nifesté(s),
    alors que nous [ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ]
          . . . caché (?) [ . . . . . . . . . . . . . . . . . . ]
          37 ineffable, [i]ncommensurable.
    Et ce qui est en nous, caché, livre les produits de ses fruits à l’eau de la vie.

    Alors donc, le Fils parfait en toute chose,
          5 c’est-à-dire le Verbe,
          qui vint à l’existence par ce son,
          qui a procédé de la hauteur,
          qui a en lui le nom
          et qui est lumière,
    manifesta les infinis
          et tous les inconnaissables furent connus.
    10 Et les choses qui sont difficiles à interpréter ainsi que les choses cachées,
          il les manifesta,
    et ceux qui sont dans le silence avec la Première Pensée,
          il leur prêcha
    et ceux qui sont dans les ténèbres,
          il se manifesta à eux
    et 15 ceux qui sont dans l’abîme,
          il se fit connaître à eux
    et ceux qui sont dans les trésors cachés,
          il leur dit les mystères ineffables
    e[t] les enseignements qu’on ne peut expliquer,
          il en instruisit tous ceux qui devinrent Fils de 20 la lumière.

    Or le son qui vint à l’existence à partir de ma pensée,
    c’est en trois demeures qu’il est,
          le Père, la Mère, le Fils,
          une voix, qui existe d’une manière perceptible.
    Il possède une parole en lui,
          celui qui a 25 toute ,
          et qui a trois masculinités
          et trois puissances et trois noms,
          qui, ainsi, sont dans les trois ???, qui sont quadrangulaires,
          en secret, d[an]s le silence 30 de l’Ineffable,
    C’est [lui se]ul qui vint à l’existence,
          c’est-à-[dire le Christ.]
    [Et] moi, c’est dans la [bon]té
          que je l’ai oint de la gloire [de l’Esprit i]nvisible.

    Ces [tro]is, je les ai donc établis eux-[seuls . . . . . . . é]ternellement,
          sur 35 [ . . . . . . . . . . . . . . . ] qui est vivant,
          c’est-à-[dire . . . . . . . . . . . . . . . ] . , VACAT
         
    38 celui qui [a] fait resplendir la lumière
          pour les Éons supérieurs et (qui sont) dans une lumière de gloire,
          dans une stabi[li]té permanente.
    Et [il] se dressa dans sa propre lumière,
          5 celle qui l’entoure,
          c’est-à-dire l’oil de la [lu]mière
          qui m’illumine en gloir[e].
    Il produisit des éons pour le Père de tous les éons,
          qui est [m]oi(-même),
          la Pensée du Père, la Prôtennoia,
          c’est-à-dire Barbélô,
          la gloire par[faite] 10 et l’invisible,
          caché, incommen[surable].

    C’est moi l’image de l’Esprit invisible
          — et c’est de moi que toute chose a reçu image —
    et la Mère, la lumière, celle qu’elle a établie, qui est vierge,
          celle qu’on appel[le] 15 Meirothéa, la matrice incompréhensible,
          le s[o]n insaisissable et incommensurable.

    Alors le Fils parfait se manifesta à ses éons,
          ceux qui sont venus à l’existence grâce à lui,
    il les manifesta, il les glorifia
          et 20 il leur donna des trônes.
    Il se dressa dans la gloire, celle par laquelle il se glorifia.

    Ils bénirent le Fils parfait, le Christ, le Dieu,
          celui qui est venu à l’existence seul,
    et ils glorifièrent en disant :
          « Il est, il est, le Fils 25 de Dieu, le Fils de Dieu.
          C’est lui q[ui] est, l’Éon des éons,
          contemplant les [é]ons,
          ceux qu’il a engendrés,
          parce que toi, en effet, [tu] as engendré par ta seule volonté.
          Voilà pourquoi [nous] te glorifions,
          ma mō ōōō ei aei on ei,
          l’[É]on 30 des [éons],
          [l’]Éon qui s’est lui-même. »

    Alors, lui, le Di[eu qui fut] engendré, leur donna une puissance
          [ . . . . . . . . . ] la (?) [vain]cre
    et [il les] établit [dans leur lieu :]
    [le pre]mier éon, d’une part, il [l’]établit [sur le pre]mier,
          Armèdôn 35 Nousa[nios Armozel,]
    [le] deux[ième], il l’établit [sur le deuxième éon],
          39 Phaionios Ainios Oroïael,
    le troisième, sur le troisième éon,
          Melléphaneus Lôios Daveïthai,
    le quatrième, sur le quatrième,
          Mousanios Améthès 5 Éléleth,
    ces éons, donc, qui furent engendrés par lui,
          le Dieu qui fut engendré, le Christ.

    Or ceux-là, on les glorifia et les éons glorifièrent eux aussi.
    Ils apparurent, élevés dans leur pensée
    et chacun 10 des éons produisant des myriades de gloires,
          dans de grandes lumières insondables.
    Et ils bénirent tous ensemble le Fils parfait,
          le Dieu qui fut engendré.

    Alors une parole sortit de la grande 15 lumière Éléleth
          et elle dit :
          « C’est moi le roi.
          Qui est celui du Chaos
          et qui est celui de l’Amenté ? »
    Et à ce moment-là, sa lumière se manifesta, resplendissante,
          posséda[nt] l’Épinoia,
    alors que ne l’(en) avaient pas prié 20 les Puissances des Puissances.

    Et à l’instant même se manifesta le Grand Démon,
          celui qui a autorité sur les profondeurs de l’Amenté et du Chaos,
    sans avoir de forme ni <être> parfait,
    mais ayant 25 la forme de la gloire
          de ceux qui ont été engendrés dans les ténèbres.
    Celui-là, donc, c’est Saklas qu’on l’appelle,
          c’est-à-dire Samael Yaltabaôth,
    celui qui a pris une puissance
    qu’il avait dérobée à cette sans malice
          qu’il avait vaincue 30 d’abord,
          c’est-à-dire l’Épinoia de la lumière qui [des]cendit,
    celle dont il était issu depuis le commen[ce]ment.

    [Lors], donc, [que] l’Épinoia de la lu[miè]re sut
          qu’[il] lui avait demandé un autre r[ang],
          [alors qu’il était in]férieur à elle, elle dit :
          35 « . . [ . . . . . . . . . ]
          [afin que] tu sois pour moi
          . [ . . . . . . . . . . . . . ê]tre en désordre,
          [ . . . . . . . . . . . . . . . . . la] demeure toute entière de 40 la gloi[re]. »
    Elle [était] d’acco[rd] avec son propos.
    On amena sur elle une bénédiction
    et l’ordre supérieur la lui remit.
    Et le Grand Démon commença 5 à fabriquer des éons
          sur le modèle des Éons véritables.
    Or il les fabriqua à partir de sa puissance à lui seul.

    Alors, j’ai moi-même manifesté mon son en secret,
          en 10 disant :
          « Arrêtez-vous ! Arrêtez-vous, (vous) qui foulez la matière !
          Car voici que moi, si je m’apprête à descendre dans le mond[e] des mortels
          c’est à cause de ma part qui est en ce lieu-là
          depuis le jour où fut 15 vaincue cette Sagesse sans malice,
          celle qui descendit,
          (et c’est) afin que je contrecarre leur aboutissement,
          celui que prescrit celui qui est manifesté par elle ».
    Et ils furent troublés,
          20 tous ceux qui sont dans la demeure de la lumière inconnaissable,
    et l’abîme trembla
    et le Grand Géniteur de l’ignorance devint roi sur le Chaos et l’Amenté.

    Il 25 fabriqua un homme sur mon modèle.
    Il ne comprit cependant pas
          que celui-là deviendrait pour lui sentence d’anéantissement
    ni ne connut la puissance qui était en lui.

    Mais maintenant, moi, je suis descendue 30 et j’ai atteint le Chaos.
    Et j’étais [auprès] de ceux qui sont miens, qui sont dans ce lieu-là,
    alors que [j’étais ca]chée en eux, [leur] donnant puissance.
    [Et] je leur [ai] donné image.
    Et depuis [la première foi]s jusqu’au 35 jou[r . . . . . . . . f]ort (?)
          dans (?) ceux qui [sont] miens [ . . . . . . . . . . . ],
          ceux qui ont enten[du . . . . . . . . . . . ],
          41 c’est-à-dire les F[il]s de [la] lumière.
    C’est moi leur père.

    Et je vous dirai un mystère ineffable
          et inexprimable pour [aucu]ne bouche.
    Toutes les chaînes, 5 je vous en ai délivrés
    et les liens des démons de l’Amenté, je les ai brisés,
    ceux qui étaient liés à mes membres (et) luttaient contre eux.
    Et les murs élevés des ténèbres, je les ai renversés
    et les portes fortifiées des 10 impitoyables, je les ai brisées
    et leurs verrous, je les ai forcés.
    Et l’activité maligne
    ainsi que celui qui vous frappe et celui qui vous entrave,
    et le tyran et l’adversaire,
    et celui qui est roi et l’ennemi véritable,
    15 tous ceux-là, donc,
    j’en ai instruit ceux qui sont miens,
          c’est-à-dire les Fils de la lumière,
    afin qu’ils anéantissent tous ceux-là
    et qu’ils soient délivrés de toutes ces chaînes
    et entrent dans le lieu dans lequel ils étaient auparavant.

    20 C’est moi qui suis descendu le premier à cause de ma part abandonnée,
          c’est-à-dire l’Esprit qui se trouve dans l’âme,
          qui vint à l’existence par l’eau de la vie
          et par le bain des mystères.
    J’ai parlé, 25 moi, aux archontes et à des autorités.
    — je suis en effet descendue jusqu’au plus profond de leur langage —
    et j’ai dit mes mystères à ceux qui sont miens, un mystère caché.
    Ils ont anéanti les chaînes et l’oubli éternel,
    30 et j’ai donné en eux du fruit,
          c’est-à-dire la pensée de l’Éo[n] immuable
          et ma demeure ainsi que leur [pè]re.
    Et moi, je suis descendue [vers ceux qui sont m]iens depuis le commencement
    et je [les] ai éta[blis]
          [ . . les] premiers rameaux 35 qu’[ils ont ] produits [ . . . . . . ]
    [Alor]s devinrent lumière tous ceux [qui sont en] moi
    et 42 je préparai un [mo]dè[le] pour ces lumières qui sont en moi,
          ineffables. Amen !

    Le [disc]ours de la Prôtennoia [1er]

    C’est moi le son qui s’est manifesté à partir 5 de ma pensée.
    Car c’est moi le conjoint
          alors qu’on m’appelle « la pensée de l’Invisible ».
    Alors qu’on m’appelle « la voix inaltérable ».
          [on] m’appelle « la conjointe ».
    Je suis [un] e, étant immaculée.
    C’est moi la mère [du] 10 son,
          parlant de multiples manières, parachevant le tout.
    C’est en moi que se trouve la connaissance,
          la connaissance de n’ont pas de fin.
    C’est moi [qui] parle en toute créature,
    et je fus connu par le Tout.
    C’est moi qui produis 15 la voix du son
          aux oreilles de ceux qui m’ont connu,
          c’est-à-dire les Fils de la lumière.

    Or je suis venue pour la deuxième fois sous l’aspect d’une femme
    et je leur ai parlé.
    Et je leur ferai connaître la fin de l’éon, qui se produira,
    20 et je les instruirai du commencement de l’éon qui vient,
          celui qui ne connaît pas de changement,
          celui dans lequel notre visage sera changé.
    C’est dans ces éons que nous serons purifiés,
          ceux dans lesquels je me suis manifestée,
          par la pensée, 25 sous l’apparence de ma masculinité.
    Je me suis établie en ceux qui sont dignes,
          par la pensée de mon Éon immuable.

    Car je vous dirai un mystère au [sujet] de cet éon-là
    et je vous ferai connaître les act[ivi]tés qui sont 30 en lui.

    L’engendrement appelle [l’engendrement],
    [l’he]ure engen[dre] l’heure,
    et le jo[ur engendre le jo]ur,
    les mois ont annoncé le moi[s],
    [le tem]ps a to[ur]né, s’ajoutant [au temp]s.
    Cet éon-là,
          43 c’est de cet[te] maniè[re qu’]il s’est achevé.
    Et on l’a estimé et il est petit.
    C’est en effet un doigt qui a délié un doigt
    et c’est par un lien qu’a été [dé]fait un lien.

    Lors donc que [les gr]andes autorités 5 surent
          que le temps de la fin était apparu
          — à la façon des douleurs de celle [qui] va enfanter,
          il s’est approché de la porte,
          telle est la manière dont s’est approchée la ruine —,
    les [é]léments tremblèrent tous à la fois
    et les fondations de l’Amenté ainsi que les voûtes 10 du Chaos furent ébranlées.
    Un grand feu éclata au milieu d’eux,
    et les rochers ainsi que le sol furent ébranlés
          à la manière d’un roseau secoué par le vent.
    Et les lots de la Destinée ainsi que ceux qui mesurent les maisons
    furent grandement troublés sur 15 un fort coup de tonnerre
    et les trônes des Puissances chancelèrent, car ils s’étaient retournés,
    et leur roi fut saisi de crainte.

    Et ceux qui suivent la Destinée accomplirent leur nombre de révolutions sur le chemin
    et ils dirent aux Puissances :
          « Quel est ce trouble 20 et cet ébranlement
          qui sont venus sur nous
          du fait d’un son à la voix supérieure ?
          Et notre demeure tout entière a été ébranlée
          et le cycle tout entier de notre voie ascendante
          a abouti à la ruine
          et le chemin sur lequel nous marchons,
          25 celui qui nous conduit jusqu’au Grand Géniteur de notre engendrement,
          a cessé d’être solide pour nous. »
    Alors les Puissances répondirent en disant :
          « Nous aussi, nous sommes embarrassées à son sujet,
          car nous ne savons pas à qui il appartient.
          Mais 30 debout ! Montons chez le Grand Géniteur et interrogeons-le ! »

    Toutes les Puissances se rassemblèrent, elles montèrent chez le Grand Géniteur.
    Elles lui [dir]ent :
          « D’où vient ta vantardise, c[elle] dans [laquelle tu t’es van]té ?
          35 Ne [t’]avons-nous pas [entendu dire] :
          “C’est moi Di[e]u.”
          [Et : “C’est moi v]otre père.”
          44 Et : “C’est moi [qui] vous ai engendrés.”
          Et : “Il n’y en a pas d’aut[re] en dehors de moi.”
          Voici donc que, maintenant, s’est manifesté [un] son
          appartenant à cette voix inv[i] sible,
          celle de [l’éo]n, que nous ne connaissons pas,
          et 5 nous, [nous ne] savons [pas] à notre propre sujet, à qui nous appartenons,
          parce qu’en effet, ce s[o]n-là que nous avons enten[du]
          nous est étranger et nous ne le connaissons pas.
          Nous ne savons pas d’où il est.
          Il est venu, il a provoqué de l’effroi au milieu de nous
          et du relâchement 10 dans les membres de nos bras.
          Maintenant donc, pleurons
          et gémissons en un gra[nd gé]missement.
          Du reste, notre course tout entière, puissions-nous l’accomplir
          avant que nous ne soyons enfermés de force
          et emmenés dans le sein de l’Amenté.
          Car déjà toute 15 proche est la dissolution de notre lien,
          les temps se sont accourcis et les jours se sont réduits,
          notre temps s’est achevé
          et les pleurs sur notre ruine sont tout proches de nous
          pour qu’on nous emmène au lieu que nous ne connaissons .
          Car 20 notre arbre, en effet, d’où nous avons germé,
          c’est un fruit d’ignorance qu’il possède
          et ses feuilles aussi, c’est la mort qui se trouve en elles,
          et ce sont les ténèbres qui sont à l’ombre de ses branches
          et c’est ce que nous avons récolté par tromperie 25 et désir,
          lui par qui le Chaos ignorant est devenu pour nous lieu de séjour.
          Voici qu’en effet, lui aussi, le Grand Géniteur de notre engendrement,
          à propos de qui nous nous vantions,
          ne connaît pas, lui non plus, cette voix. »

    Maintenant 30 donc, écoutez-moi, Fils de la Pensée,
    (écoutez) la voix de la Mère de [votre] pitié,
    car vous, en effet, vous êtes devenus dignes du myst[è]re,
    celui qui est caché depuis l’éternité, pour que [vous] le [receviez].
    Et l’achèvement de cet éo[n-là]
          [et] de cette vie 35 d’injustice [s’]est [approché]
    [et arrive] 45 [le commen]cement de l’[éon qui se]ra,
    celui qui ne [connaît] pas de [changement à jamai]s.

    Je suis and[ro] gyne,
    j[e suis mère],
    [j]e suis père.
    C’est avec moi-même que [je suis],
    c’est à moi-mê[me] 5 que je [suis unie]
    [et c’est] moi-[même que j’ai]me.
    C’est par moi-mê[me] que le tout sub[siste].
    C’est moi la matrice [ . . . . . ] . du (?) tout,
          engendrant la lumière [qui resplendit en] gloire.
    C’est moi l’éon qui v[ient].
    C’[est moi] l’achèvement du tout,
          c’est-à-dire Me[iroth]éa, 10 la gloire de la Mère,
    lançant une voix [so]nore aux oreilles de ceux qui me connaissent.

    Et je vous invite
          vers la lumiè[re] supérieure, parfaite,
    celle donc en laquelle, si vous y entrez,
    vous recevrez de la gloire de ceux [qui] 15 glorifient
    et ils vous donneront des trônes, ceux qui donnent des trônes ;
    vous recevrez pour vous des vêtements de ceux qui donnent des vêtements
    et ils vous baptiseront, les baptistes,
    et vous deviendrez gloire avec des gloires,
    celle dans laquelle vous étiez 20 auparavant, en étant miè[re].

    Et je me suis cachée en tous,
    je [me] suis révélée en eux
    et m’a désirée toute pensée qui me cherche,
    car c’est mo[i] (leur) ai donné image à tous.
    Ils n’avaient pas de fo[r] me
    25 et j’ai changé leurs formes en des formes
    jusqu’au temps où sera donnée forme à toute chose.
    C’est par moi que le s[o]n s’est produit
    et c’est moi qui ai mis le s[ou]ffle en ceux qui sont miens,
    et l’Esprit Saint 30 éternel, je l’ai jeté sur eux,
    et je suis remontée,
    j’ai pénétré dans ma lumière,
    [je] suis [remon]tée sans mon rameau,
    je me suis assi[se là, parmi les] Fils de la lumiè[re] sain[te . . . . . . ]
    [ . . . . . ] cependant, vers leur deme[u]re,
          46 celle qu[e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ]
          [ . ] . . . . [ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ] .
          devenir (?) gl[oire . . . . . . . . . . . . ]
               [A]men !

    [Celui du Des]tin [2e]

    5 C’est moi le [Log]os qui es[t dans la lumière] ineffable,
          é[ta]nt dans [ . . . . . . . . ] immaculé.
    Et une pensée [s’est] ré[vélée]
    d’une manière perceptible par [une grande] voix (provenant) de la Mère,
          alors qu’un engendrement mâle . [ . . . . . . ] 10 m’établir
          et alors qu’elle est depuis le commen[cement] dans les os du tout.

    Or il existe une lumière, cachée dans le silence.
    Elle pro[céd]a,
    mais c’est elle seule qui est silence.
    C’est moi seul (qui suis) le Verbe, ineffable, 15 immaculée, incommensurable, inconcevable.
    C’est une lumière qui est cachée,
    qui donne un fruit de vie,
    qui fait jaillir une eau de vie de la source invisible,
          incorruptible, incommensurable,
          c’est-à-dire le son de la gloire 20 de la Mère, qu’on ne peut expliquer,
    la gloire de l’engendrement de Dieu,
    une vierge mâle (issue) d’un intellect caché,
          c’est-à-dire le silence caché au Tout, qu’on ne peut expliquer,
    une lumière incommensurable,
    la source de toutes cho[ses],
    25 la racine de l’Éon tout entier.
    C’est la base qui supporte tout mouvement des éons
          [qui] appartiennent à la gloire puissante.
    C’est le fondement de toute b[a]se.
    C’est le souffle des Puissances.
    C’est l’oeil des trois demeures.
    Alors qu’elle est son 30 issu d’une pensée,
    c’est aussi un Verbe issu de la voix,
          qui a été envoyé pour illuminer ceux qui se trouvent dans les tén[èb]res.

    Voici donc que, m[o]i, je vous manifest[erai mes mystères]
    parce que 35 vous êtes mes con[frères]
    [ . . . . . . . . ] les connaisse (?) to[u]s [ . . . . . . . . . . . . . . . . ]

    47 (les lignes 1 à 4 manquent)
    5 Je [leur] ai [tous] fait [connaître mes mystèr]es
          qui se trouvent dans [les éons . . . . . . . . . . ] indicibles.
    Je [les] ai ins[truits des mystèr]es
          par le s[on qui est] d’une manière parfaitem[ent] intelligible
    et 10 je suis] devenu fondement pour toutes choses
    et [je] leur [ai donné puis]sance.

    La deuxième fois, je suis venue dans la [voix] de mon son,
    j’ai donné image à ceux qui ont re[çu i]mage jusqu’à leur achèvement.

    La trois[iè]me fois, je me suis manifesté à eux [d]ans 15 leurs tentes,
          étant Verbe,
    et je me suis manifesté sous l’apparence de leur image
    et j’ai porté leur vêtement, à chacun,
    et je me suis moi-même caché en eux
    et [ils] n’ont pas connu celui qui me donne puissance.
    Car je suis 20 dans toutes les principautés ainsi que les puissances,
          et dans les anges
          et dans tout mouvement [qui e]st dans toute la matière,
    et je me suis caché en eux jusqu’à ce que je me manifeste à mes frè[res].
    Et aucun d’entre eux ne m’a connu
    bien [que], 25 ce soit moi qui agisse en eux,
    ma[is ils ont pen] sé que c’était par [eux] que le tout avait été créé,
          étant ignorants parce qu’ils ne connaissaient pas [leur] racine,
          le lieu d’où ils avaient germé.

    C’est m[oi] la lumière qui illumine le to[ut].
    C’est 30 [m]oi la lumière qui se réjouit [dans mes] frères.
    Car je suis descendue dans le monde [des] mortels
          à cause de l’Esprit qui a été abandonné [en lui],
          celui qui [était descendu],
          qui était sorti [de] la Sagesse [sans malice . . . . . ]
    et j’ai [ . . ] . . . [ . ] 35 [ . . . . . . . . . . . . . . . . . ] .
          [e]t je suis [al]lée vers
    48 (les lignes 1 à 5 manquent)
    [ . . . . . . . ] qu’il avait depuis [le commencement],
    [et je lui ai donné] de l’eau de [la vie],
    [et il] s’[est dépouillé] du Chaos,
          celui qui [se trouve] [dans les ténè]bres dernières,
          qui sont du côté de [ . . . . . ] 10 [les ténè]bres tout entières,
          c’est-à-dire la pensée de [la puissance pneuma]tique avec la psychique.
    Toutes ces choses, mo[i], je les [ai] revêtues.

    Or je l’en ai dépouillé,
    [je] l’[ai] revêtu d’une lumière resplendissante,
          c’est-à-dire la connaissance de la pensée de la pat[er]nité,
    15 et je l’ai remis aux mains de ceux qui donnent des vêtements,
          Iammôn, Élassô, Amènai,
    et ils l’ont habi[l] lé d’un vêtement d’entre les vêtements de la lumière.
    Et je l’ai remis aux mains des baptistes, ils l’ont baptisé,
          Micheus, Michar, Mn[è]s[i]nous,
    20 et ils l’ont plongé dans la source de l’ea[u] de la vie.
    Et je l’ai remis aux mains de ceux qui [donnent] des trônes,
          Bariel, Nouthan, Sabènai,
    ils lui ont [donné] un trône (venant) du trône de la gloi[r]e.
    Et je l’ai remis aux mains de ceux qui glori[fi]ent,
          25 Ariôm, Èlien, Phariel,
    ils [l]e glorifièrent dans la gloire de la paternité.
    Et [aus]si (l’) [ont] ravi ceux qui ravissent,
          Kamalie[l, . . ] . anèn, Samblô,
          les serviteurs des grands [il]luminateurs saints.
    Ils l’ont introduit dans le li[e]u 30 de lumière de sa paternité
    et [il reçut] les cinq sceaux
          par l’intermédiaire de [la lumiè]re de la Mère, la Prôtennoia,
    et ils lui ont [donné] de prendre part au [mystèr]e de la con[nais]sance
    et [il devint lumiè]re dans 35 une lum[i]ère.

    Maintenant donc, [ . . . . . . . . . . . . ] . [ . ]
    49 (les lignes 1 à 5 manquent)
    [ . . . . . . . . . . ] est en eux [ . . . . . . . . . . ]
    [à la manière de chac]un.
    [Les archontes] pensaient [que j’]étais leur Christ.
    Moi, [étant], d’une part, [en cha]cun,
          à l’intérieur, d’une part, de ceux qui + pft [ . . . . . . . ]
          10 [ . . . . . . ] de lumière à l’intérieur d’eux [ . . . . . ]
          [ . . . ] des archontes.
    C’est moi leur bien-aimé.
    [En] ce lieu-là, [en] effet, je me suis revêtu
          c[omme] le fils du Grand Géniteur
    et je fus sembla[ble] à lui jusqu’à l’achèvement de son jugement,
          c’est-à-[di]re 15 l’ignorance du Chaos.
    Et parmi les anges, je me suis manifesté sous leur appa[re]nce
    et parmi les puissances, comme si j’étais l’un d’entre eux,
    et parmi les fils de l’homme, comme si j’étais un fils de l’homme,
          alors que j’étais 20 père de chacun.
    Je me suis cachée en tous ceux-là,
          jusqu’à ce que je me manifeste en mes membres, qui sont miens.

    Et je les ai instruits des décrets ineffables et des frères.
    Or ce sont des (choses) indicibles à toute principauté
          et à toute puissance 25 archontique
          si ce n’est aux Fils de la lumiè[r]e seuls,
          c’est-à-dire les décrets du Père.
    Ceux-ci [so]nt les gloires supérieures à toute gloire,
          c’est-à-dire [les] cinq sceaux rendus parfaits par un intellect.
    Celui qui possède ces mêmes cinq sceaux de ces 30 noms,
    s’est dépouillé des vêtements de l’ignorance
    et s’est revêtu de lumière resplendissante.
    Et personne appartenant aux puissan[ces] des archontes ne se manifestera à lui.
    En ceux de cette sorte, 35 se dissipe[ront] les ténèbres
    et périr[a] l’[ignor]ance,
    e[t] la pensée de la créati[on] qui est dis[persée] produi[ra] une forme unique
    et [le Chaos ténébreux]sera dissout,
    et 50 (les lignes 1 et 2 manquent)
    [ . . . . . . . . . . . . . . ] . . . . et elle [ . . . . . . ]
    [ . . . . . . . . . . . . . . ] . incompréhensible [ . . . . . . ]
    5 [ . . . . . . . . . . . . ] . . [ . . ] à l’intérieur du/de la [ . . . . . ]
    [ . . . . . . . ] jusqu’à ce que je me manifes[te . . . . . . . ]
    [ . . . . . . . ] . et jusqu’à ce que je rassem[ble] tous [mes con]frères
          dans mon/ma . [ . . . . . . . . . . . ]
    et je leur ai proclamé les [cinq] 10 [sce]aux ineffables
          afin [que je] sois en eux
          et qu’eux aus[si] soient en moi.

    Moi, j’ai revêtu Jésus.
    Je l’ai enlevé du bois maudit
    et je l’ai établi dans les demeures 15 de son Père.

    Et ils ne m’ont pas connue, ceux qui veillent sur leurs demeures.
    Moi, en effet, je suis insaisissable, ainsi que ma semence.
    Et ma semence à moi,
          je l’[intro]duirai dans la lumière sainte,
          en un 20 silence incompréhensible.
               Amen !

    Le discours de la manifestation 3

               Prôtennoia trimorphe 3
               Sainte écriture écrite-par-le-Père
               En connaissance parfaite

     


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  • Actes de Pilate

    Mémoires de notre Seigneur Jésus-Christ rédigées sous Ponce Pilate

    PROLOGUE

    Je suis Ananias, garde du corps, de rang prétorien, et jurisconsulte. J'ai connu notre Seigneur Jésus-Christ par les divines Écritures et je me suis converti. Et j'ai reçu l'honneur du saint baptême. Je me suis mis en quête des mémoires qui avaient été faits, à l'époque, sur notre Seigneur Jésus-Christ. Des Juifs les avaient consignes sous Ponce Pilate. J'ai donc retrouvé ces documents en langue hébraïque, et selon la volonté de Dieu je les ai traduits en grec, pour les diffuser parmi tous ceux qui invoquent le nom de notre Seigneur Jésus-Christ.

    Sous notre empereur Flavius Théodose, an 17 de son règne et an 5 de celui de Flavius Valentin, en la neuvième indiction Vous qui lirez cet ouvrage ou en ferez des copies, ne m'oubliez pas et priez afin que Dieu ait pitié de moi et qu'il pardonne les péchés que j'ai commis devant sa face. Paix à ceux qui lisent, à ceux qui écoutent et à leurs familles, amen !

    La quinzième année du règne de Tibère César, empereur des Romains, Hérode étant roi de Galilée depuis dix-huit ans ; et le huitième jour des calendes d'avril, soit le vingt-cinq mars, sous le consulat de Rufus et Rubellion ; en la quatrième année de la deux cent deuxième olympiade, Joseph Caïphe étant grand prêtre des Juifs, Nicodème rapporta tous les événements survenus après le crucifiement et la passion du Seigneur, et il les fit connaître aux grands prêtres et aux autres Juifs. Le même homme laissa un texte, écrit en hébreu.

    PREMIERE PARTIE

    1

    1. Après s'être réunis en conseil, les grands prêtres et les scribes, Anne, Caïphe, Sémès, Datha, Gamaliel, Juda, Lévi, Nephtali, Alexandre, Jaïre et tous les autres Juifs se présentèrent devant Pilate, chargeant Jésus de nombreuses accusations : « Nous savons, disaient-ils, qu'il est le fils de Joseph le charpentier et qu'il est né de Marie. Or lui se prétend fils de Dieu et roi ! En outre, il viole le sabbat et veut détruire la loi de nos pères. »

    Pilate leur dit : « Qu'est-ce qu'il fait donc et que veut-il détruire ? » Les Juifs répondirent : « Notre loi nous défend de donner aucun soin durant le sabbat. Or lui, par de louches manipulations, a guéri ce jour-là, des boiteux, des bossus, des gens aux mains desséchées, des aveugles, des impotents, des sourds et des possédés ! » Pilate leur demanda : « Que voulez-vous dire, avec vos "louches manipulations" ? » Ils lui dirent : « C'est un magicien. Il chasse les démons par BeLzébuth leur chef et tous lui obéissent. » Pilate répliqua : « Un esprit impur ne peut pas chasser les démons ! Il y faut le Dieu Esculape ! »

    2. Les Juifs dirent à Pilate : « Nous demandons à ta Grandeur de le convoquer devant ton tribunal et de l'entendre. » Pilate les interpella : « Dites-moi comment je puis, moi simple procurateur, soumettre un roi à l'interrogatoire ? » Ils répliquèrent : « Nous ne lui avons pas donné ce titre ! C'est lui qui se proclame roi! »

    Pilate appela un courrier et lui dit : « Amène-moi Jésus, mais traite-le respectueusement. » Le courrier sortit et quand il aperçut Jésus, il se prosterna devant lui. Puis, il prit la pièce de tissu qu'il tenait sur son bras, l'étendit à terre, et dit : « Seigneur, marche là-dessus et entre, car le gouverneur t'appelle. » Voyant ce qu'avait fait le courrier, les Juifs invectivèrent Pilate : « Pourquoi, disaient-ils, n'as-tu pas fait chercher Jésus par un héraut plutôt que par ce courrier ? Dès qu'il l'a vu il s'est jeté à ses pieds, il a déployé par terre l'enveloppe qui contient les faisceaux et il a fait marcher Jésus dessus, comme s'il était roi ! »

    3. Pilate fit approcher le courrier et lui dit : « Qu'as-tu fait là ? Pourquoi as-tu étendu cette enveloppe sur le sol et as-tu dit à Jésus de marcher dessus ? » Le courrier répondit : « Seigneur gouverneur, lorsque tu m'as envoyé à Jérusalem auprès d'Alexandre, j'ai vu cet homme assis sur un ânon, et les fils des Hébreux tenaient des branches dans leurs mains et ils l'acclamaient, tandis que d'autres étendaient leurs vêtements à terre en disant : Sauve-nous, toi qui es dans les hauteurs! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur!»

    4. Les Juifs s'en prirent alors au courrier : « Les fils des Hébreux crient en hébreu ! D'où vient que tu répètes leurs clameurs en grec ? » Le courrier leur dit : « J'ai interrogé un des Juifs et lui ai demandé ce qu'ils criaient là. Et lui m'a traduit. » Et que criaient-ils en hébreu ? demanda Pilate. Les Juifs répondirent: « Hosannah, membronê, baruchama, adonai »

    Que signifient Hosannah et les autres mots ? demanda Pilate. Les Juifs lui dirent : « Sauve-nous, ô toi qui es si haut ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! » Pilate leur dit : « Si vous confirmez vous-mêmes les paroles prononcées par les fils des Hébreux, en quoi le courrier a-t-il mal agi ? » Ils gardèrent le silence.

    Le gouverneur dit alors au courrier : « Sors, et ramène-nous Jésus, en le traitant à ta guise. » Le courrier sortit et se montra aussi respectueux que la première fois ; et il dit à Jésus : « Seigneur, entre, le gouverneur te demande. »

    5. Jésus entra. Et les aigles que tenaient les porte-enseigne, fléchirent le col et adorèrent Jésus. En voyant que les aigles avaient bougé et qu'elles s'inclinaient en signe de respect devant Jésus, les Juifs injurièrent les porte-enseigne. Mais Pilate dit aux Juifs : « N'admirez-vous pas plutôt que ces aigles se soient penchées vers Jésus et l'aient adoré ? » Les Juifs répondirent à Pilate : « Nous avons vu les porte-enseigne leur tordre le col. Voilà comment ils adorent Jésus ! »

    Le gouverneur fit approcher les porte-enseigne « Pourquoi avez-vous fait cela ? » leur dit-il. Ils dirent à Pilate : « Nous sommes grecs, nous, et ne rendons de culte qu'à nos dieux. Qu'irions-nous adorer celui-ci? Nous tenions nos aigles, quand spontanément, celles-ci ont ployé leur col et l'ont adoré ! »

    6. Pilate s'adressa aux chefs de la synagogue et aux Anciens du peuple : « Choisissez vous-mêmes des garçons forts et musclés. C'est eux qui porteront nos aigles : nous verrons si elles s'inclinent toujours seules. » Les Anciens des Juifs prirent douze hommes robustes et bien bâtis et leur firent porter les aigles en deux groupes de six. Et ils se tenaient debout devant la tribune du gouverneur.

    Et Pilate dit au courrier : « Fais sortir Jésus du prétoire et ramène-le, en le traitant comme tu l'entends. » Jésus et le courrier quittèrent la salle. Pilate appela les premiers porte-enseigne et les avertit : « Je vous le jure par la vie de César, si les aigles ne s'inclinent pas à l'entrée de Jésus, je vous ferai couper la tête. » Et pour la deuxième fois, le gouverneur ordonna de faire entrer Jésus. Le courrier gardait la même attitude, et il priait Jésus de marcher sur l'étoffe. Jésus s'exécuta et entra. A peine le seuil franchi, les aigles à nouveau s'inclinèrent devant Jésus et le saluèrent

    2

    1. Ce spectacle remplit Pilate de crainte. Il voulut descendre de sa tribune. A peine en avait-il esquissé le mouvement, qu'un message lui parvint de sa femme, disant : « Qu'il n'y ait rien entre toi et ce juste. Car j'ai beaucoup souffert cette nuit à cause de lui. » Pilate alors s'adressa à tous les Juifs et leur dit : «Vous connaissez la piété de ma femme et savez qu'elle n'est pas loin de partager votre religion »

    Ils lui dirent : « Oui, nous le savons. » Pilate reprit : « Eh bien, ma femme m'envoie un message : Qu'il n'y ait rien entre toi et ce juste. Car cette nuit, j'ai beaucoup souffert à cause de lui. » Les Juifs répondirent à Pilate : « Ne t'avons-nous pas prévenu ? C'est un magicien, il a envoyé un songe à ta femme ! »

    2. Pilate se tourna vers Jésus et lui dit : « Pourquoi ces gens portent-ils témoignage contre toi ? Tu ne dis rien...? » Jésus répondit : « S'ils n'avaient pas de puissance, ils ne parleraient pas. Mais chacun a le pouvoir de sa bouche, libre il est de dire le bien ou le mal. C'est à eux de voir ! »

    3. Les Anciens des Juifs répliquèrent à Jésus : « Et que verrons-nous ? D'abord que tu es né de relations coupables. Puis, que ta naissance à Bethléem a provoqué un massacre d'enfants. Enfin, que ton père Joseph et Marie ta mère ont dû fuir en Egypte, tant ils étaient gênés devant le peuple. »

    4. Quelques-uns de ces Juifs, plus délicats, protestèrent : « A notre avis, sa naissance n'est pas irrégulière ! Nous savons que Joseph a épousé Marie. Jésus est né comme il faut ! » A ceux qui affirmaient le contraire, Pilate dit : « Vous ne dites pas la vérité ! Ses parents se sont mariés. Vos compatriotes en font foi. »

    Anne et Caïphe dirent à Pilate : « Nous avons beau tous déclarer à la fois qu'il n'est pas de naissance honnête, on ne nous croit pas. Ces gens-là sont des prosélytes ou de ses disciples. » Pilate se tourna vers Anne et Caïphe « Que sont des prosélytes ? demanda-t-il. - Ce sont, répondirent-ils, des gens d'origine grecque, maintenant convertis au judaïsme. »

    Les partisans de la naissance légitime, Lazare, Asténus, Antonius, Jacques, Amnès, Zénas, Samuel, Isaac, Phénéès, Crispos, Agrippa et Juda s'écrièrent : « Nous n'avons rien de prosélytes ! Nous sommes des fils de Juifs et nous déclarons simplement la vérité, ayant assisté au mariage de Joseph et Marie ! »

    5. Pilate s'adressa aux douze qui affirmaient l'honnêteté de la naissance. « Jurez-moi sur la tête de César, leur dit-il, que vous m'avez bien dit la vérité : Jésus n'est donc pas né hors mariage ? » Ils répondirent à Pilate : « Notre Loi nous défend de jurer. Car c'est un péché. Mais eux, qu'ils jurent sur la tête de César que nous n'avons pas dit la vérité et nous aurons mérité la mort. »

    Pilate dit à Anne et Caïphe : « Ne répondez-vous rien à cela ? » Anne et Caïphe dirent à Pilate : « Ces douze hommes qui soutiennent qu'il n'est pas né d'un adultère, on les croit ! Or nous sommes unanimes : Jésus est l'enfant de la débauche, il est magicien et se vante d'être le Fils de Dieu ! »

    Pilate fit évacuer la salle, ne gardant que les douze hommes qui professaient la régularité de cette naissance, et il fit éloigner d'eux Jésus. Puis il leur demanda : « Pour quelle raison veulent-ils le tuer ? » Ils répondirent à Pilate : « Cela les enrage qu'il guérisse en plein sabbat ! » Pilate dit : « C'est donc sa charité qui leur donne des idées de meurtre ? »

     

    3

    1. Indigné, Pilate sortit du prétoire et leur dit : « Le soleil m'en est témoin, je ne trouve rien dont on puisse accuser cet homme. » Les Juifs répondirent au gouverneur : « S'il n'était pas un scélérat, nous ne te l'aurions pas livré. » Pilate leur dit : « Prenez-le donc, et jugez-le selon votre loi. » Les Juifs répondirent : « Nous n'avons pas le droit de mettre quelqu'un à mort. »

    - A vous, Dieu interdit de tuer ? Mais à moi ? répliqua Pilate. 2. Alors il rentra dans le prétoire. Il appela Jésus à part « C'est toi, le roi des Juifs ? » demanda-t-il. Jésus répondit à Pilate : « Dis-tu cela de toi-même ou d'autres t'ont-ils parlé de moi ? » Pilate répondit à Jésus : « Suis-je juif, moi ? Ta nation et les grands prêtres t'ont remis entre mes mains. Qu'as-tu fait ? » Jésus répondit : « Mon royaume n'est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes gens auraient combattu pour que je ne fusse pas livré aux Juifs. Mais mon royaume n'est pas d'ici.»

    - Tu es donc roi ? demanda Pilate. Jésus lui répondit : - Tu le dis. Je suis roi. Et je ne suis né et je ne suis venu dans le monde que pour faire entendre ma voix à quiconque est de la vérité.

    - Qu'est-ce que la vérité ? lui dit Pilate. - La vérité est du ciel, répondit Jésus. Pilate reprit « Et sur terre, il n'y a pas de vérité ? » Jésus dit à Pilate « Tu vois comment les maîtres du pouvoir sur terre jugent ceux qui disent la vérité ! »

    4

    1. Laissant Jésus à l'intérieur du prétoire, Pilate alla rejoindre les Juifs et leur dit : « Pour moi, je ne trouve aucun motif de condamnation. » Les Juifs lui disent « Cet homme a déclaré : Je peux détruire ce temple et le rebâtir en trois jours. » - Quel temple ? demanda Pilate. Les Juifs répondent : « Celui que Salomon mit quarante-six ans à bâtir, lui prétend le démolir et le reconstruire en trois jours. Pilate leur dit : « Je suis pur du sang de ce juste. A vous de voir ! » Les Juifs disent : « Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ! »

    2. Pilate fit approcher les Anciens, les prêtres et les lévites et il leur dit à voix basse : « Ne faites pas cela. Aucun de vos griefs ne justifie la mort. Vous ne l'accusez que d'opérer des guérisons et de transgresser le sabbat ! » Anciens, prêtres et lévites dirent à Pilate : « Si quelqu'un blasphème contre César, est-il passible de la peine de mort ? »

    - « Oui, répondit Pilate, il l'est. » Les Juifs reprirent : « Soit, celui qui blasphème contre César mérite de mourir, mais lui a blasphémé contre Dieu ! » 3. Le gouverneur fit sortir les Juifs du prétoire et ayant appelé Jésus, il dit : « Que ferai-je de toi ? » Jésus dit à Pilate : « Fais selon ce que tu as reçu. » Pilate demanda : « Et qu'ai-je reçu ? » Jésus dit : « Moïse et les prophètes ont annoncé ma mort et ma résurrection. »

    Les Juifs et ceux qui écoutaient demandèrent à Pilate « Que peux-tu entendre de plus fort que ce blasphème ? » Pilate dit aux Juifs : « Si sa réponse est un blasphème, prenez-le, vous, pour ce blasphème, emmenez-le dans votre synagogue, et jugez-le selon votre loi. » Les Juifs disent à Pilate : « Notre loi nous prescrit ceci : si un homme offense un homme, il recevra quarante coups de fouet moins un. S'il blasphème contre Dieu, il sera lapidé. »

    4. Pilate leur dit : « Prenez-le donc, et châtiez-le à votre idée. » Les Juifs répondirent à Pilate : « Nous voulons qu'il soit crucifié ! » Pilate répliqua : « Il ne mérite pas la crucifixion. » 5. Le gouverneur ayant alors jeté les yeux sur la foule des Juifs, en vit beaucoup en larmes, et il dit : « Ils ne veulent donc pas tous qu'il périsse ? » Les Anciens des Juifs lui dirent : « Si, nous sommes venus tous ensemble exiger sa mort. » Pilate leur répondit : « Pourquoi doit-il mourir ? » Et les Juifs : « Parce qu'il se prétend fils de Dieu et roi ! »

    5.

    1. Nicodème, un Juif, se tenait devant le gouverneur, et il dit : « S'il te plaît, homme plein de piété, permets-moi de dire quelques mots. » - Parle, dit Pilate. Et Nicodème : - J'ai dit aux Anciens, aux prêtres, aux lévites et à tout le peuple des Juifs dans la synagogue : « Pourquoi en voulez-vous à cet homme ? Il accomplit beaucoup de signes étonnants, que nul autre n'a fait ni ne fera. Laissez-le aller, et renoncez à lui faire du mal. Si les prodiges qu'il accomplit viennent de Dieu, ils demeureront. S'ils viennent des hommes, ils seront détruits ! » Car Moïse envoyé par Dieu en Egypte fit devant Pharaon, le roi de ce pays, les nombreux miracles que Dieu lui indiqua. Or il y avait là deux serviteurs de Pharaon, Jamnès et Jambrès et eux aussi accomplissaient des prodiges en grand nombre, comme Moïse, et les Egyptiens vénéraient à l'égal des dieux ce Jamnès et ce Jambrès! Mais leurs signes n'étaient pas de Dieu, et ils périrent, eux et leurs fidèles. Allons ! Libérez cet homme, il ne mérite pas la mort ! »

    2. Les Juifs dirent à Nicodème : « Toi, tu es devenu son disciple et tu as du parti pris ! » Nicodème répliqua : « Et le gouverneur, lui, est-il son disciple, pour le défendre ainsi ? Ne tient-il pas de César la charge qu'il exerce ? » Les Juifs frémissaient et ils grinçaient des dents contre Nicodème. Pilate leur dit : « Pourquoi grincez-vous des dents contre lui ? Est-ce d'entendre la vérité ? » Les Juifs dirent à Nicodème : « Prends-la, sa vérité, et partage son sort ! - Amen, amen, répondit Nicodème, que je les prenne, comme vous l'avez dit ! »

    6.

    1. Un des Juifs s'élança et demanda la parole au gouverneur : « Si tu veux parler, parle », répondit celui-ci. Et le Juif : « Moi, dit-il, je suis resté couché trente-huit ans, perclus de douleur. Jésus vint. Beaucoup de démoniaques et d'autres, atteints de maux divers étaient guéris par lui. Quelques jeunes gens eurent pitié de moi, ils me transportèrent avec mon lit et me posèrent devant lui. En me voyant,

    Jésus fut ému de compassion et il me dit : « Prends ton grabat et marche ! Et je pris mon grabat et je marchai ! » Les Juifs disent à Pilate : « Demande-lui quel jour il fut guéri. » Le miraculé répondit : « C'était au sabbat. » Les Juifs s'exclamèrent : « Ne t'avions-nous pas averti qu'il guérit et chasse les démons en plein sabbat ? »

    2. Un autre Juif bondit : « Moi, dit-il, j'étais aveugle de naissance; j'entendais les voix mais je ne voyais pas les visages. Quand Jésus passa près de moi, je criai à pleine gorge : Aie pitié de moi, fils de David ! Et il eut pitié, et il posa ses mains sur mes yeux. A l'instant, je recouvrai la vue.»

    Un autre Juif accourut et dit : « J'étais bossu, et d'un mot, il m'a redressé ! » Un autre s'écria : « J'étais lépreux et d'un mot, il m'a purifié. »

    7.

    Une femme, du nom de Bérénice, lui cria de loin :

    « J'avais une perte de sang, et j'ai touché la frange de son manteau et mon flux s'est tari, qui durait depuis douze ans ! » Les Juifs dirent : «Notre loi n'admet pas le témoignage d'une femme.»

    8.

    Et une foule d'autres gens, hommes ou femmes, s'exclamait : « Cet homme est un prophète, et les démons lui sont soumis ! » A ceux qui disaient que les démons lui étaient soumis, Pilate dit : « Pourquoi vos docteurs ne lui obéissent-ils pas aussi ? » Ils dirent à Pilate : « Nous ne savons pas. » D'autres racontèrent qu'il avait relevé du tombeau Lazare, mort depuis quatre jours. Le gouverneur frissonna et dit à la multitude des Juifs : « Pourquoi voulez-vous répandre un sang innocent ? »

    9.

    1. Il fit venir près de lui Nicodème et les douze hommes qui avaient affirmé l'honnêteté de sa naissance « Que dois-je faire ? leur dit-il, voilà que le peuple commence à s'agiter. » Ils lui dirent : « Nous ne savons pas, c'est à eux de voir. » A nouveau, Pilate interpella tout le peuple des Juifs : « Vous savez, dit-il, que c'est chez vous une coutume, à la fête des Azymes, que je vous relâche un prisonnier. J'ai sous les verrous un condamné du nom de Barabbas, et j'ai aussi celui qui vient de comparaître devant vous, ce Jésus en qui je ne trouve aucun motif de condamnation. Lequel voulez-vous que je relâche ?

    - Barabbas, hurlèrent-ils. Pilate leur dit : Que ferai-je donc de Jésus, celui que l'on appelle le Christ ? - Crucifie-le ! répondirent-ils. Certains des Juifs ajoutèrent : « Tu n'es pas l'ami de César si tu le relâches. Il s'est dit fils de Dieu et roi. C'est donc ce roi-là que tu veux, et pas César ? »

    2. Excédé, Pilate dit aux Juifs : « Peuple toujours rebelle, vous vous dressez même contre vos bienfaiteurs ! » Les Juifs rétorquèrent : « Et qui sont nos bienfaiteurs ? » Pilate dit : « Votre Dieu vous a fait sortir d'Egypte et de votre cruelle servitude, et il vous a protégés sur la mer, asséchée sous vos pas, et dans le désert il vous a nourris par la manne et les cailles, et de l'eau d'un rocher il vous a désaltérés, et il vous a donné la Loi ! Et après tous ces bienfaits, vous avez allumé sa colère et vous vous êtes épris d'un veau coulé dans le métal et vous avez tellement exaspéré votre Dieu qu'il a résolu de vous faire périr ! Moïse a intercédé pour vous et vous n'êtes pas morts. Et vous venez maintenant me reprocher de haïr mon empereur ! »

    3. Il se leva de son siège et il se dirigeait vers la sortie. Les Juifs s'écrièrent : « Nous reconnaissons pour roi César, pas Jésus ! Or les mages lui ont apporté d'Orient des cadeaux comme à un souverain. Et quand Hérode eut appris par ces mages qu'un roi était né, il voulut le faire périr. Joseph son père l'ayant su, prit l'enfant et sa mère, et ils s'enfuirent en Egypte. A cette nouvelle, Hérode ordonna le massacre des enfants hébreux nés à Bethléem. »

    4. Ces discours alarmèrent Pilate. Il imposa silence aux foules bruyantes et leur dit : « C'est donc cet homme que recherchait Hérode ? - Oui, répondirent les Juifs, c'est lui ! » Alors Pilate prit de l'eau et se lava les mains, face au soleil, disant : « Je suis pur du sang de ce juste ! A vous de voir ! » A nouveau les clameurs fusèrent parmi les Juifs : « Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ! »

    5. Pilate fit tirer le rideau de la tribune où il siégeait, et il dit à Jésus : « Ta nation a démenti que tu fusses roi. Voici ma sentence : tu seras d'abord flagellé selon la coutume de nos pieux empereurs, ensuite cloué en croix, dans le jardin où l'on t'a arrêté. Deux malfaiteurs, Dysmas et Gestas, seront crucifiés avec toi. »


     

    10.

    1. Jésus sortit du prétoire accompagné des deux larrons. Lorsqu'ils furent sur place, on le dépouilla de ses vêtements, on le ceignit d'un linge et on lui posa une couronne d'épines sur la tête. Et l'on crucifia avec lui les deux larrons. Jésus disait : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font. » Puis les soldats se partagèrent ses vêtements et le peuple se tenait là, regardant. Les grands prêtres et avec eux les chefs le narguaient, disant : « Il en a sauvé d'autres. Qu'il se sauve lui-même ! S'il est le fils de Dieu, qu'il descende de la croix ! » Et les soldats aussi le bafouaient ; ils s'approchaient de lui, lui présentaient du vin aigre mêlé de fiel et disaient : « Tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même. »

    Après la sentence, ordre avait été donné de porter sur un écriteau en lettres grecques, romaines et hébraïques le motif de sa condamnation, tel que les Juifs l'avaient énoncé : « Celui-ci est le roi des Juifs. »

    2. Un des malfaiteurs suspendus à la croix lui disait : « Si tu es le Christ, sauve-toi toi-même, et nous aussi. » Mais Dysmas prit la parole et le réprimanda : « N'as-tu pas crainte de Dieu, toi qui subis la même peine ? Pour nous, c'est justice. Nous payons nos actes ; mais lui n'a rien fait de mal. » Et il disait : « Seigneur, souviens-toi de moi dans ton royaume. » Et Jésus lui répondit : « En vérité, en vérité, je te le dis, dès aujourd'hui, tu seras avec moi dans le paradis. »

    11.

    1. C'était environ la sixième heure et l'obscurité se fit sur la terre jusqu'à la neuvième heure, le soleil s'étant éclipsé. Et le voile du temple se déchira par le milieu. D'une voix forte, Jésus s'écria : « Père, Baddoch efkid ruel », ce qui signifie : « Entre tes mains je remets mon esprit. » Il dit, et il expira. A la vue de ce qui était arrivé, le centurion glorifia Dieu, disant : « Cet homme était un juste ! » Et les foules qui étaient accourues pour assister au spectacle, s'en retournaient en se frappant la poitrine.

    2. Le centurion rapporta les événements au gouverneur. Alors Pilate et sa femme entrèrent dans une profonde affliction et ce jour-là ils ne touchèrent plus ni mets ni boisson. Pilate, ayant convoqué les Juifs, leur dit : « Avez-vous vu ce qui est arrivé ? » Ils répondirent : « Il y a eu une éclipse de soleil. Nous en avons l'habitude.

    3. Ses amis se tenaient à distance, ainsi que les femmes qui l'avaient accompagné depuis la Galilée et qui voyaient cela. Survint un homme, appelé Joseph, membre du Conseil, il était d'Arimathie et il avait foi dans le Royaume de Dieu. Il s'approcha de Pilate et lui demanda le corps de Jésus. Puis il le descendit de la croix, le roula dans un linceul tout blanc, et le plaça dans une tombe taillée dans le roc, où personne encore n'avait été mis.

    12.

    1. Quand ils surent que Joseph avait demandé le corps de Jésus, les Juifs le cherchèrent, lui et les douze hommes qui avaient soutenu que Jésus était né régulièrement; ils cherchaient aussi Nicodème et bien d'autres encore, qui étaient accourus devant Pilate pour lui faire connaître les bienfaits de Jésus.

    Tous s'étaient cachés. Seul Nicodème parut devant les Juifs, parce qu'il était l'un des principaux d'entre eux. Et il leur demanda : « Comment êtes-vous entrés dans la synagogue ? » Et les Juifs répondirent : « Et toi, comment y es-tu entré ? Tu es son complice, partage donc le même sort que lui dans le siècle futur ! » Nicodème répondit : « Amen, amen !»

    A son tour, Joseph sortit et leur dit : « Pourquoi vous êtes-vous irrités de ce que je demande le corps de Jésus ? Voici, je l'ai placé dans mon tombeau neuf, après l'avoir enveloppé d'un linceul tout blanc, et j'ai roulé la pierre devant la porte du caveau. Mais vous, vous avez mal agi envers ce juste, que vous avez crucifié sans remords et que vous avez même transpercé d'un coup de lance. »

    Les Juifs empoignèrent Joseph et décidèrent de le faire garder jusqu'au lendemain du sabbat. « Sache bien, lui dirent-ils, que seule, l'heure nous empêche de te châtier, puisque le sabbat commence. Mais sache-le aussi, tu ne mérites pas même une sépulture. Nous jetterons ta chair aux oiseaux du ciel. » Joseph riposta : « Vous parlez avec l'arrogance de

    Goliath, qui insulta le Dieu vivant et le saint David ! Or Dieu répondit par le prophète : A moi la vengeance ! C'est moi qui rétribuerai, dit le Seigneur. Et aujourd'hui l'incirconcis selon la chair, mais circoncis par le coeur, a pris de l'eau et s'est lavé les mains, à la face du soleil, disant : Je suis pur du sang de ce juste ! A vous de voir !

    Et vous avez dit à Pilate : Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ! En vérité, je crains que la colère du Seigneur déjà ne s'abatte sur vous et sur vos enfants, comme vous l'avez dit. » Ces mots exaspérèrent les Juifs. Ils se saisirent de Joseph et l'enfermèrent dans une maison sans fenêtre, postèrent des gardes à l'entrée et scellèrent la porte derrière laquelle Joseph était captif.

    2. Au sabbat, chefs de la synagogue, prêtres et lévites convinrent de se réunir à la synagogue le jour suivant. Les délibérations commencèrent tôt : quelle mort infligerait-on à Joseph ? Ils décidèrent de le faire comparaître séance tenante. Mais quand ils ouvrirent sa porte, ils ne le trouvèrent pas à l'intérieur. Le peuple entier fut stupéfait et même saisi de terreur quand il s'aperçut que les sceaux étaient intacts et que Caïphe avait gardé la clef. Et ils n'osèrent plus lever la main sur ceux qui devant Pilate avaient pris la défense de Jésus.

    13.

    1. Ils siégeaient encore dans la synagogue, mal remis de leur étonnement, quand arrivèrent quelques membres de la garde que les Juifs avaient demandée à Pilate, et qu'ils avaient chargée de surveiller le tombeau de Jésus et d'empêcher ses disciples de venir le prendre. Ils racontèrent les événements aux chefs de la synagogue, aux prêtres et aux lévites : « Il s'est fait un grand tremblement, et nous avons vu un ange descendre du ciel, et il a roulé la pierre qui fermait le caveau et s'est assis dessus. Il étincelait comme la neige et comme l'éclair. En proie à une grande frayeur, nous tombâmes, à moitié morts. Et nous entendîmes la voix de l'ange : il parlait aux femmes debout près du sépulcre : soyez sans crainte, vous ! Je sais que vous cherchez Jésus, le crucifié. Il n'est pas ici. Il est ressuscité selon ce qu'il avait dit ! Venez et regardez l'endroit où avait été déposé le Seigneur. Et vite allez dire à ses disciples qu'il s'est relevé d'entre les morts et qu'il est en Galilée. »

    2. Les Juifs dirent : « Qui étaient ces femmes à qui il parlait ? - Nous ignorons qui elles étaient », répondirent les gardes. Les Juifs : « Quelle heure était-il ? » Les gardes : « Minuit. » Les Juifs : « Et pourquoi ne les avez-vous pas arrêtées ? » Les gardes : « Nous étions morts de peur, et désespérions de jamais revoir la lumière du jour. Comment aurions-nous pu les arrêter ? » Les Juifs : « Aussi vrai que vit le Seigneur, nous ne vous croyons pas. »

    Les gardes dirent aux Juifs : « Vous avez rencontré en cet homme des signes aussi grands et ne l'avez pas cru. Pourquoi croiriez-vous des gens comme nous ? Mais vous avez bien fait de jurer par la vie du Seigneur, car il est vivant ! » Les gardes reprirent : « Il paraît que vous avez enfermé l'homme qui avait r éclamé le corps de Jésus ; que vous avez scellé sa porte, mais quand vous l'avez ouverte, vous ne l'avez pas trouvé. Donnez-nous donc Joseph, et nous vous donnerons Jésus ! » Les Juifs répondirent « Joseph est rentré chez lui. » Les gardes répliquèrent : « Et Jésus est ressuscité, c'est l'ange qui nous l'a dit. Il se trouve en Galilée. »

    3. Ces propos inquiétaient les Juifs. Ils dirent : « Il ne faut pas que cette nouvelle s'ébruite et que tous se convertissent à Jésus. » Et après avoir délibéré, ils se cotisèrent et remirent un bon pécule aux soldats avec cette consigne : « Dites que la nuit, pendant que vous dormiez, ses disciples sont venus et l'ont dérobé. Si l'affaire parvient aux oreilles du gouverneur, nous nous chargeons de l'amadouer et nous vous épargnerons les ennuis. » Les soldats empochèrent l'argent et firent comme on leur avait dit.

    14.

    1. Phinéès, un prêtre, Adas, un docteur et Aggée, un lévite, s'étant rendus de Galilée à Jérusalem firent ce récit aux chefs de la synagogue, aux prêtres et aux lévites : « Nous avons vu Jésus et ses disciples, assis sur la montagne appelée Milkom, et il disait à ses disciples Allez par le monde entier, proclamez à toute la création : celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui ne croira pas, sera condamné. Et voici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru ; par mon nom ils chasseront les démons, ils parleront en langues nouvelles ; ils prendront des serpents, et s'ils boivent quelque poison mortel, ils n'en éprouveront aucun mal ; ils imposeront les mains aux malades et ceux-ci seront guéris. Jésus parlait encore à ses disciples, quand nous le vîmes enlevé au ciel. »

    2. Anciens, prêtres et lévites dirent : « Rendez gloire au Dieu d'Israël et confessez son nom, si vraiment vous avez entendu et vu ce que vous racontez là ! » Les narrateurs se récrièrent : « Aussi vrai que vit le Seigneur et le Dieu de nos pères, Abraham, Isaac et Jacob, nous avons bien entendu son discours et nous l'avons vu s'élever dans le ciel. » Anciens, prêtres et lévites reprirent : « Mais pourquoi êtes-vous venus ? Pour nous annoncer cette nouvelle ou pour vous acquitter d'un voeu fait à Dieu ? - Pour nous acquitter d'un voeu », répondirent-ils.

    Anciens, prêtres et lévites déclarèrent alors : « Si vous êtes venus vous acquitter d'un voeu, à quoi bon avoir débité vos niaiseries devant tout le peuple ? » Phinéès le prêtre, Adas le docteur et Aggée le lévite dirent aux chefs de la synagogue, aux prêtres et aux lévites : « Si les paroles que nous avons dites et dont nous témoignons constituent un péché, eh bien, nous sommes ici devant vous. Faites de nous ce que bon vous semble. » Ils prirent la loi et les firent jurer de ne répéter à personne ce qu'ils avaient dit. Puis, ils leur donnèrent à manger et à boire et les chassèrent de la ville, en leur donnant de l'argent et trois hommes pour les raccompagner jusqu'en Galilée. Et ils rentrèrent sans incident.

    3. Pendant que ces hommes regagnaient la Galilée, les grands prêtres, les chefs de la synagogue et les Anciens se réunirent dans la synagogue. Ils fermèrent la porte et donnèrent libre cours à leurs lamentations. » Quel est ce signe qui surgit à Jérusalem ? » gémissaient-ils. Anne et Caïphe leur dirent : « Qu'avez-vous à trépigner et à pleurer ? Ne savez-vous pas que les disciples leur ont donné de l'or avec mission de dire qu'un ange du Seigneur était descendu et avait roulé la pierre à l'entrée du tombeau ? » Mais les prêtres et les Anciens rétorquèrent : « Passe encore que les disciples aient dérobé son corps. Mais comment son âme a-t-elle rejoint ce corps et se trouve-t-elle en Galilée ? » Nul ne put expliquer ce mystère. Ils finirent par bredouiller : « Nous ne devons pas nous fier à des incirconcis. »

    15.

    1. Nicodème se leva, et debout devant le Conseil, il dit : « Vous parlez fort bien ! Mais, l'ignorez-vous donc, peuple du Seigneur ? les gens qui sont descendus de Galilée craignent Dieu ; ils ont assez de bien et sont parfaitement désintéressés. Ce ne sont pas des fanatiques. Ils vous ont affirmé sous serment qu'ils avaient vu Jésus sur le mont Milkom avec ses disciples, auxquels il enseignait tout ce que vous avez entendu là, puis ils l'ont vu enlevé au ciel. Mais nous avons omis de leur demander de quelle façon il avait été enlevé.

    Les Saintes Ecritures nous ont appris qu'Elie aussi fut enlevé au ciel. Elisée l'appela d'une voix forte et Elie lui lança son manteau. Elisée jeta ce manteau dans le Jourdain, et il le traversa et gagna Jéricho. Et les fils des prophètes vinrent au-devant de lui et lui dirent : " Elisée, où est ton seigneur Elie ?" Il dit qu'il avait été enlevé au ciel. Et ils dirent à Élisée : "l'Esprit ne l'a-t-il pas plutôt emporté sur l'une des montagnes ? prenons nos serviteurs et partons à sa recherche." Elisée consentit et les accompagna. Ils le cherchèrent en vain pendant trois jours et admirent l'idée de son enlèvement.

    « Et maintenant, écoutez-moi : envoyons des hommes par tout le territoire d'Israël et voyons si par hasard le Christ n'aurait pas été enlevé par un esprit et déposé sur l'une des montagnes. » Cette idée convint à tous. Ils dépêchèrent des éclaireurs dans tout le pays d'Israël et ils cherchèrent Jésus, mais sans succès. A Arimathie, ils trouvèrent Joseph ; personne n'osa l'arrêter.

    2. Ils firent prévenir les Anciens, les prêtres et les lévites : « Nous avons parcouru Israël en tout sens : pas de Jésus ! Mais nous avons trouvé Joseph à Arimathie. » Les chefs de la synagogue, les prêtres et les lévites furent heureux d'avoir des nouvelles de Joseph. Ils rendirent grâces au Dieu d'Israël et tinrent conseil pour savoir de quelle manière ils le rencontreraient. Puis ils prirent une feuille de papier et écrivirent ces mots à Joseph : « Paix à toi ! Nous avons conscience d'avoir péché contre Dieu et contre toi.

    Mais nous demandons à Dieu de te faire revenir auprès de tes pères et de tes enfants. Car nous nous sommes morfondus de ne pas te trouver en ouvrant ta porte. Nous le confessons, nous étions pleins de méchantes pensées à ton égard. Mais le Seigneur t'a pris sous sa garde et il a déjoué le complot que nous montions contre toi, vénéré père Joseph ! »

    3. Ils choisirent parmi tout Israël sept hommes, amis de Joseph et bien connus de lui. Les chefs de la synagogue, les prêtres et les lévites leur dirent : « Attention ! S'il prend et lit notre lettre, cela indique qu'il reviendra chez nous en votre compagnie. Mais s'il refuse de la lire, entendez qu'il est mal disposé envers nous. Donnez-lui le baiser de paix et revenez. » Ils bénirent les voyageurs et les laissèrent aller. Ceux-ci s'en furent trouver Joseph. Ils se rosternèrent devant lui et dirent : « Paix à toi ! - Paix à vous et à tout le peuple d'Israël ! » répondit-il.

    Ils lui remirent la lettre. Joseph la prit, la lut, la baisa et rendit grâces à Dieu en ces termes : « Béni soit le Seigneur Dieu, qui a épargné à Israël de verser un sang innocent ! Béni soit le Seigneur qui a envoyé son ange, pour me couvrir de ses ailes ! » Puis il leur dressa une table. Ils mangèrent, burent et dormirent chez lui.

    4. A l'aube ils se levèrent et prièrent. Puis Joseph sella son ânesse et partit avec ces hommes. Ils arrivèrent à la ville sainte de Jérusalem et tout le peuple accourut au-devant de Joseph en criant : « Paix à toi ! Sois le bienvenu ! » Et il répondit à tout le peuple : « Paix à vous ! » Tous l'embrassèrent et prièrent à ses côtés. Sa vue les remplissait de joie.

    Nicodème le reçut chez lui et donna un grand festin où il invita Anne, Caïphe, les Anciens, les prêtres et les lévites, tout heureux de manger et boire en sa compagnie. Puis on chanta des hymnes et chacun rentra chez soi Joseph demeura chez Nicodème.

    5. Le lendemain, qui était un vendredi, chefs de la synagogue, prêtres et lévites se rendirent en hâte chez Nicodème. Celui-ci sortit à leur rencontre et leur dit : « Paix à vous ! » Ils firent écho : « Paix à toi et à Joseph, à toute ta maison


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